Entre organisation religieuse et secte, l’histoire de l’Église de Scientologie
Avec l’adoption récente de la loi contre le séparatisme, le 23 juillet dernier, le gouvernement a souhaité revenir sur les différents mouvements qui seraient une entrave à l’unité de la République française, en tête desquels l’islam politique. Mais un petit pan de ce projet de loi était aussi de la partie : les dérives sectaires dont la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa assurait qu’elles étaient «aussi concernées». Retour dans cet article sur la Scientologie, une des plus grosses organisations sectaires – selon certains – religieuses selon d’autres, implantée en France et dans le monde depuis sa création au milieu du siècle dernier.
«L’Église» de scientologie et son histoire
La scientologie trouve sa source dans le travail de son fondateur : l’écrivain Lafayette Ron Hubbard qui, se basant sur ses travaux, fonde l’Église de scientologie en 1953. Elle se définit elle même comme une «religion» fournissant une compréhension totale de la nature humaine, de la place de l’humanité dans l’Univers, son rapport avec «l’Être suprême». Pour faire bref, Hubbard se base sur ses travaux sur la «diunétique» qui eux même sont basés sur des concepts médicaux et psychologiques considérés comme de la pseudoscience. Entre autre, il promeut un éveil spirituel permettant à l’Homme de reprendre conscience de son immortalité, le tout dénué de quelconque dogmatisme, c’est-à-dire qu’aucun fidèle n’est forcé à croire en cette religion qui se considère comme juste.
Très vite, l’Église de Scientologie gagne en puissance, s’étirant dans les mondes anglophone et européen au cours des années 60. La question de l’influence de ce qui commence à être considéré comme une secte commence à se poser au cours des années 70 en même temps que plusieurs faits majeurs. D’abord l’affaire «Snow White» de 1977 impliquant des membres de l’Église de Scientologie qui auraient volés des informations concernant les différentes enquêtes entamées à leur sujet.
En France, c’est à la suite de ce qu’on appelle la «Tragédie de Guyana» que les autorités commencent à réagir en même temps que d’autres pays européens. En effet, le Temple du Peuple, une autre organisation sectaire fait parler d’elle suite au suicide collectif de près d’un millier de ses membres ce qui conduit à dénoncer les pratiques de «lavage de cerveau» qu’utiliseraient ce qu’on appelle alors «les nouveaux mouvements religieux».
Au cours des années 1990, l’Assemblée nationale, dans le rapport de sa commission d’enquête sur les sectes, y fait figurait la Scientologie dans sa liste, approche confortée par le Parlement européen, qui dans une note de 1997 encourageait les États à ne pas troubler leur appareil juridique et de traiter la Scientologie en tant que phénomène sectaire.
Un mouvement de plus en plus «clean», en apparence
De nos jours et en fonction des pays, la réputation de l’Église de Scientologie diffère. En France elle est toujours considérée comme une secte mais, aux États-Unis par exemple, elle est considérée comme une organisation religieuse. Grâce à un effort de communication visant à améliorer ses relations avec les États, l’Église de Scientologie se bâti dans les années 2000 une meilleure réputation portée aussi par des figures de proue telles que les acteurs Brad Pitt, Laura Prepon ou encore Tom Cruise. Ce dernier a d’ailleurs fait parler médiatiquement de la Scientologie en 2004, alors qu’il fut reçu à Paris par Nicolas Sarkozy, membre du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Depuis lors, les dispositions législatives s’assouplissent en matière de répression des phénomènes sectaires, ce qui permet à la Scientologie de s’implanter durablement et de presque disparaître des radars des autorités. Récemment, ils déclarent avoir fait l’acquisition d’un immeuble d’une valeur de 33 millions d’euros à Saint-Denis en région parisienne ce qui montre qu’il est nécessaire de surveiller leurs agissements dans les mois et les années à venir…
Il semblerait que l’Église de Scientologie serait avant tout, en tout cas aujourd’hui, une organisation, certes considérée comme une secte par la France, mais apparemment sans danger. Les autorités prévoient d’agir en cas de trouble à l’ordre public causé par l’organisation et garde la Scientologie en surveillance à travers Miviludes, l’organisme étatique chargé de surveiller les sectes en France. Il faut garder à l’esprit que l’Église de Scientologie reste une organisation surtout implantée dans les pays anglo-saxons et elle ne compte que 40 000 membres en France, à voir son évolution en Hexagone.
Sources :
https://www.scientologie.fr/faq/background-and-basic-principles/what-is-scientology.html