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« Monet-Mitchell », une impression de douceur

Quoi de mieux pour accueillir le printemps qui arrive que de vous faire découvrir une exposition fleurie, colorée et pleine de douceur ? J’ai pu visiter in extremis l’exposition ‘Monet – Mitchell’ organisée par la Fondation Louis Vuitton à Paris. Cette dernière s’est terminée le 28 février et était dirigée par Suzanne Pagé, directrice artistique de la fondation.  

Claude Monet nait à Paris en 1840. Pionnier du mouvement Impressionniste, l’exposition se concentre sur la création picturale de la fin de sa vie. Il installe son atelier à Vétheuil pendant 3 ans, puis emménage définitivement à Giverny en 1883. Il meurt d’un cancer des poumons en 1926. Un an plus tard, son ami Georges Clémenceau inaugure l’exposition des Grandes Décorations au musée de l’Orangerie à Paris. Le photographe Paul Fachetti parle d’un véritable ‘lieu de pèlerinage’ pour les artistes américains. À partir des années 1950, les œuvres tardives de Monet sont redécouvertes et appréciées par les pionniers de l’abstraction comme Mark Rothko, Jackson Pollock et Joan Mitchell. De nombreux musées américains font ainsi l’acquisition des peintures monumentales de Monet : les panneaux de l’AgapantheCleveland, Saint Louis et Kansas City), des Nymphéas etc.

Joan Mitchell nait en 1925 à Chicago. Elle y découvre l’impressionnisme et le postimpressionnisme français à l’Art Institute. En 1947, elle s’installe à New York où elle exposera ses œuvres pour la première fois à la New Gallery en 1952. Mitchell raconte avoir découvert les Nymphéas au MoMA en 1955. Cette même année, elle passe l’été en France et fait la rencontre de son futur compagnon Riopelle et de plusieurs artistes qui deviendront des amis proches. Après avoir fait plusieurs allers-retours entre Paris et New York, elle s’installe définitivement en France en 1959. Avant son déménagement, elle participe à l’exposition Abstract Impressionism, organisée par le Dwight Art Memorial. Mitchell s’installe dans une propriété à Vétheuil en 1968. Elle visite l’atelier et la maison de Monet à Giverny en 1975, 5 ans avant l’ouverture du lieu au public. Elle expose ses œuvres pour la première fois en Europe en 1982 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. C’est la première femme à exposer ses œuvres dans ce lieu. Elle meurt d’un cancer des poumons en 1992 à Paris.

La provenance des œuvres

L’exposition est le résultat d’un partenariat scientifique entre le musée Marmottan Monet et la Fondation Louis Vuitton. La majorité des œuvres de Monet sont donc issues des collections du musée Marmottan. Certaines des œuvres de Joan Mitchell appartiennent à la Fondation Louis Vuitton. Beaucoup ont été prêtées par des musées américains, le Centre Pompidou ou encore la Joan Mitchell Foundation. Les autres proviennent quant à elles de collections privées. Parmi celles-ci, certaines ne pouvaient pas être photographiées.

Pourquoi avoir réuni Claude Monet et Joan Mitchell dans cette exposition ?

Claude Monet et Joan Mitchell n’appartiennent pas à la même époque, ni au même mouvement artistique. Ils ne se sont jamais rencontrés, n’ont jamais travaillé ensemble et ne parlaient probablement pas la même langue. Mais c’est lorsque l’on compare leur sens de la composition, leur rapport à la nature, à la poésie, ou encore à l’abstraction, que les rassembler au sein d’une même exposition prend tout son sens.

Inspiration

« J’aime le Monet de la fin, mais pas celui des débuts ». Voilà comment Joan Mitchell résume l’admiration qu’elle porte pour l’un des monuments français du mouvement Impressionniste. C’est en effet sur les œuvres des vingt dernières années de la vie de Monet que se concentre cette exposition. Installé à Giverny, il croquait sur le motif et reconstituait ses ‘impressions’ sur de grandes toiles dans son atelier. Son travail a parcouru le monde après sa mort, et a été particulièrement influent aux États-Unis. Rapidement, Mitchell a un pied dans son pays natal et un pied dans le pays de Monet, nourrissant son travail d’inspirations multiples et son installation à Vétheuil à la fin des années 60, constitue le point culminant de son envie de rapprochement avec Monet. Sa propriété surplombait celle où a vécu l’artiste, lui permettant une proximité posthume privilégiée.

Abstraction

Dans les dernières années de sa vie, Monet réalise des compositions de plus en plus abstraites. Les formes humaines et architecturales disparaissent de son œuvre pour laisser place à la nature. L’artiste est souvent considéré comme un précurseur du mouvement de l’expressionisme abstrait, né aux États-Unis, dont Mitchell faisait partie. En effet, son âge et sa notoriété lui permettent de prendre de nouvelles libertés. Il se débarrasse des idées de perspective et explore une autre manière de peindre. Une dizaine d’années avant sa mort, Monet est diagnostiqué d’une double cataracte, qui l’empêche de voir nettement depuis plusieurs années. Plus la précision de sa vision diminue, plus ses œuvres deviennent abstraites. Le Bassin aux nymphéas (Fig. 1), peint en 1919, constitue une nouveauté totale dans l’œuvre de Monet. Il n’utilise aucun repère spatial et laisse sa liberté gestuelle prendre le dessus. Il fait aussi le choix de laisser des espaces vides et de concentrer la puissance des traits au centre de la toile. Le résultat est puissant et très dynamique, grâce à l’association de mouvements horizontaux et verticaux.

Fig. 1 : Claude Monet, Le Bassin aux nymphéas, 1918-1919. Huile sur toile, Musée Marmottan Monet, Paris. © Marion Gallet

Mitchell joue aussi avec ces forces contradictoires dans sa toile Sans titre (Fig. 2). Elle crée davantage de relief en accentuant certaines zones de la toile avec des couches de peinture plus épaisses (voir close-up). Elle non plus n’a pas peur de laisser des espaces neutres, ce qui permet in fine d’attirer davantage l’attention vers le cœur de la toile. Les deux artistes partagent la vivacité de leur création grâce à l’abstraction de leurs motifs. Ils permettent au spectateur de les imaginer en train de créer, en laissant la trace de leur processus créatif.

Nature

« Mon plus beau chef-d’œuvre, c’est mon jardin ». Monet décrit ainsi ce qui deviendra son inspiration unique : le jardin de sa propriété à Giverny. Un bassin, un pont japonais, des saules pleureurs, des nénuphars. Rien de bien compliqué et pourtant, un puits infini de motifs, de couleurs et de textures qu’il traduit par la suite sur ses toiles. L’exposition regorge de variations des Nymphéas de Monet. Difficile, donc, de ne sélectionner qu’un tableau pour aborder la thématique de la nature. Mon préféré est probablement celui-ci (Fig. 3), pour ses couleurs et son aspect inachevé. La végétation sauvage semble prendre le dessus sur le calme de l’eau. Il transcrit sa fascination pour l’ambiguïté entre la beauté éternelle de la nature et la transformation constante de celle-ci.

Fig. 3 : Claude Monet, Nymphéas, 1916-1919. Huile sur toile, Musée Marmottan Monet, Paris. © Marion Gallet
Close-up

La nature est également une grande source d’inspiration pour Mitchell. Le diptyque Champs (Fig. 4), réalisé en 1990, est directement inspiré de la vue de son jardin à Vétheuil. Les reflets du soleil sur l’eau et la végétation nourrissent la palette de l’artiste. On retrouve le lien avec Monet dans cette fascination pour les mouvements de l’eau, du Lac Michigan où elle a grandi à la Seine qui traverse Paris et Vétheuil. « Je découvre que l’on peut même trouver une raison de vivre dans les profondeurs, les reflets dans l’eau » confie-t-elle en 1948. Les deux artistes se rejoignent aussi dans leur capacité à mémoriser les effets visuels qu’ils perçoivent lors de leurs sorties en nature pour ensuite les retranscrire au pinceau.

Fig. 4 : Joan Mitchell, Champs, 1990. Huile sur toile, collection particulière.

Palettes

De nombreuses caractéristiques formelles permettent également de rapprocher les œuvres des deux artistes. Les gammes de couleurs peuvent en effet être comparées, même si utilisées de façon très personnelle. Mitchell a tendance à utiliser ses pigments de manière plus franche, plus assumée. Dans Cercando un ago (Fig. 5), les couleurs sont puissantes, et confortent le spectateur dans sa vision de ce qu’est le bleu, le vert, le pourpre. Monet semble apaiser ses couleurs, en leur donnant la douceur qu’il ressent lorsqu’il admire son jardin. On le voit dans Nymphéas, reflets de saule (Fig. 6) où les bleus et les violets se confondent et les points de lumière sont moins francs que chez Mitchell. Ce qui est particulièrement touchant c’est que, malgré cette différence, les deux artistes proposent des toiles qui présentent une grande harmonie. Les tons s’accordent entre eux et laissent au spectateur un grand sentiment de sérénité.

Fig. 5 : Joan Mitchell, Cercando un ago, 1959. Huile sur toile, Joan Mitchell Foundation, New York. © Marion Gallet
Close-up
Fig. 6 : Claude Monet, Nymphéas, reflets de saule, 1916-1919. Huile sur toile, Musée Marmottan Monet, Paris. © Marion Gallet

Monumentalité immersive

La fin de vie de Monet est marquée par la taille monumentale que prennent progressivement ses œuvres. L’artiste fait construire un nouvel atelier à Giverny pour avoir la place d’accueillir des toiles grand format. Avec le projet des Grandes Décorations, Monet voit les choses en grand. Il imagine un musée elliptique pour accueillir ce projet. 8 panneaux sont exposés au musée de l’Orangerie depuis 1927. Le projet total comprend 33 autres panneaux dont le triptyque de L’Agapanthe (Fig. 7), réuni pour la première fois à Paris dans son intégralité.

On retrouve l’abstraction dans la capacité de la composition à ne laisser paraître aucune ligne d’horizon, aucune perspective. Les seuls indicateurs d’espace sont les nuances de couleurs utilisées : les bleus et les violets dominent la partie supérieure du tableau, en référence au ciel et à l’eau de l’étang qui se confondent. Les verts sont davantage présents en bas des panneaux, rappelant l’obscurité du fond du bassin. Les 3 panneaux se complètent à la perfection, la composition est fluide et harmonieuse.

J’ai trouvé ça décevant d’apprendre qu’ils ne sont pas présentés ensemble dans un seul musée. L’Agapanthe était destinée à être exposée à l’hôtel Biron à Paris. Victime de son succès lors d’une exposition à la galerie Knoedler de New York en 1956, chaque panneau est racheté individuellement. La qualité immersive de ce triptyque monumental est fascinante.

Fig. 7 : Claude Monet, L’Agapanthe, 1915-1926. Huile sur toile. 1) The Cleveland Museum of Art, Cleveland. 2) Saint Louis Art Museum, Saint Louis. 3) The Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City. © Marion Gallet

La monumentalité est permanente chez Mitchell. Les toiles grands formats sont un standard de son œuvre. Son souhait était d’impliquer tout son corps dans son processus créatif. Elle écoutait toujours de la musique dans son atelier, ses gestes étaient donc orchestrés par un rythme vibrant. Beaucoup de ses œuvres se démultiplient dans la largeur, allant du diptyque au quadriptyque. Ses pinceaux étaient larges, ce qui lui donnait la liberté et l’amplitude dont elle avait besoin pour s’exprimer de tout son être. En 1982, Mitchell se lance dans le projet d’un cycle d’œuvres monumentales appelé La Grande Vallée.

Inspiré par un lieu de vacances où se rendait son amie Gisèle Barreau lorsqu’elle était enfant, ce cycle se compose de 21 tableaux. La dernière salle de l’exposition présentait une quinzaine de ces œuvres. L’effet immersif est très puissant : l’absence de perspective et d’espaces vides crée un effet all-over. La peinture recouvre toute la surface. Dans le tableau numéro XIV (Fig. 8), on retrouve l’effet de couches multiples qui est présent dans L’Agapanthe de Monet. Les deux artistes retouchaient constamment leurs œuvres. On ressent dans les peintures de La Grande Vallée un sens du rythme qui semble absent chez Monet. Habituée des empâtements, Mitchell les abandonne ici pour privilégier les coulures de peinture qui donnent un aspect presque sensuel au dynamisme du tableau.

Fig. 8 : Joan Mitchell, La Grande Vallée XIV (For a Little While), 1983. Huile sur toile, Centre Pompidou, Paris. © Marion Gallet

Cette exposition était tout simplement merveilleuse. Le rapprochement des deux artistes se fait sens selon moi tout autant sur le plan émotionnel que pictural. L’exposition indique qu’ils cherchent tous les deux à ‘fixer une sensation ou un feeling, soit le souvenir de l’émotion provoquée au contact de la nature et transformée par la mémoire’ et c’est exactement ça qui nous touche en tant que spectateur : la manière dont ils racontent une histoire intime et partagent leurs émotions en utilisant simplement leur vision et leur palette.

On ressent aussi une grande dévotion au travail et à l’art. Dans un film biographique sur Joan Mitchell, elle explique qu’en tant qu’artiste « on ne peut pas vivre sans peindre, c’est une addiction. Rien n’était indispensable à part peindre. » La quantité d’œuvres présentée au sein d’une seule exposition témoigne de ce besoin intrinsèque de produire des compositions toujours plus aventureuses. La Fondation Louis Vuitton est un lieu parfaitement approprié pour présenter une exposition pareille, avec de grandes salles très spacieuses qui donnent l’impression de se balader en nature en compagnie des artistes. Petit bémol pour le manque de lumière naturelle dans les salles, qui met pourtant tellement bien en valeur les œuvres de Monet. Vous trouverez toutes les informations nécessaires à propos de l’exposition en suivant ce lien.

English version (please refer to the French version above to see the figures!)

What better way to welcome the coming spring than by making you discover a flowery and colourful exhibition? I was able to visit in extremis the exhibition ‘Monet – Mitchell’ organized by the Louis Vuitton Foundation in Paris. The latter ended on February 28th and was commissioned by Suzanne Pagé, artistic director of the foundation.

Claude Monet was born in Paris in 1840. Pioneer of the Impressionist movement, the exhibition focuses on the pictorial creation of the end of his life. He set up his studio in Vétheuil for 3 years then moved permanently to Giverny in 1883. He died of lung cancer in 1926. A year later, his friend Georges Clémenceau inaugurated the exhibition of the Grandes Décorations at the Musée de l’Orangerie in Paris. Photographer Paul Fachetti speaks of a true ‘place of pilgrimage’ for American artists. From the 1950s, Monet’s late works were rediscovered and appreciated by pioneers of abstraction such as Mark Rothko, Jackson Pollock and Joan Mitchell. Many American museums thus acquired monumental paintings by Monet: the panels of the Agapanthes, the Water Lilies, etc.

Joan Mitchell was born in 1925 in Chicago. She will discover French Impressionism and Post-Impressionism at the Art Institute. In 1947, she moved to New York where she exhibited her works for the first time at the New Gallery in 1952. Mitchell recounts having discovered the Water Lilies at the MoMA in 1955. That same year, she spent the summer in France where she met her future companion Riopelle and several artists who would become close friends. After having made several round trips between Paris and New York, she settled permanently in France in 1959. Before her move, she participated in the Abstract Impressionism exhibition organized by the Dwight Art Memorial. Mitchell moved into a property in Vétheuil in 1968. She visited Monet’s studio and house in Giverny in 1975, 5 years before the place opened to the public. She exhibited her works for the first time in Europe in 1982 at the Museum of Modern Art of the City of Paris. She is the first woman to exhibit her works in this place. She died of lung cancer in 1992 in Paris.

The provenance of the works

The exhibition is the result of a scientific partnership between the Marmottan Monet Museum and the Louis Vuitton Foundation. The majority of Monet’s works therefore come from the collections of the Musée Marmottan. Some of Joan Mitchell’s works belong to the Louis Vuitton Foundation. Many have been lent by American museums, the Centre Pompidou or the Joan Mitchell Foundation. The others come from private collections. Among these, some could not be photographed.

Why bring them together in this exhibition?

Claude Monet and Joan Mitchell do not belong to the same period, nor to the same artistic movement. They never met, never worked together and probably didn’t speak the same language. But it is when we compare their sense of composition, their relationship to nature, to poetry, or even to abstraction, that bringing them together in the same exhibition takes on its full meaning.

Inspiration

« I like the Monet of the end, but not of the beginning« . This is how Joan Mitchell sums up her admiration for one of the French monuments of the Impressionist movement. It is indeed on the works of the last twenty years of Monet’s life that this exhibition focuses. Based in Giverny, he sketched on the motif and reconstructed his “impressions” on large canvases in his studio. His work travelled the world after his death, and was particularly influential in the United States. Quickly, Mitchell had one foot in her native country and one foot in the country of Monet, nourishing her work with multiple inspirations. Her move to Vétheuil at the end of the 1960s was the culmination of her desire to get closer to Monet. Her property overlooked the one where the artist lived, allowing her a privileged posthumous intimacy.

Abstraction

In the last years of his life, Monet produced increasingly abstract compositions. Human and architectural forms disappear from his work to make way for nature. The artist is often considered a forerunner of the American-born Abstract Expressionism movement, which Mitchell was part of. Indeed, his age and his notoriety allow him to take new liberties. He gets rid of the ideas of perspective and explores another way of painting. About ten years before his death, Monet was diagnosed with a double cataract, which prevented him from seeing clearly for several years. The more the precision of his vision decreases, the more his works become abstract. The Waterlily Pond (Fig. 1), painted in 1919, is a total novelty in Monet’s work. He does not use any spatial cues and lets his mastery of colour take over. He also chooses to leave empty spaces, and to concentrate the power of the lines in the centre of the canvas. The result is powerful and very dynamic, thanks to the combination of horizontal and vertical movements.

Mitchell also plays with these contradictory forces in her Untitled canvas (Fig. 2). She creates more relief by accentuating certain areas of the canvas with thicker layers of paint (see close-up). She is not afraid to leave neutral spaces either, which ultimately draws more attention to the centre of the canvas. The two artists share the liveliness of their creation thanks to the abstraction of their motifs. They allow the viewer to imagine them creating, leaving traces of their creative process.

Nature

My most beautiful masterpiece is my garden”. Monet thus describes what will become his unique inspiration: the garden of his property in Giverny. A pond, a Japanese bridge, weeping willows, water lilies. Nothing very complicated and yet, an infinite well of patterns, colours and textures that he translates later on his canvas. The exhibition is full of variations of Monet’s Water Lilies. Difficult, therefore, to select only one painting to address the theme of nature. My favourite is probably this one (Fig.3), for its colours and unfinished look. The wild vegetation seems to take over the calmness of the water. He transcribes his fascination for the ambiguity between the eternal beauty of nature and its constant transformation.

Nature is also a great source of inspiration for Mitchell. The diptych Champs (Fig. 4), produced in 1990, is directly inspired by the view of her garden in Vétheuil. The reflections of the sun on the water and the vegetation nourish the palette of the artist. We find the link with Monet in this fascination for the movements of water, from Lake Michigan where she grew up to the Seine which crosses Paris and Vétheuil: « I discover that one can even find a reason to live in the depths, reflections in the water,” she confided in 1948. The two artists also shared their ability to memorize the visual effects they perceived during their outings in nature and then transcribe them with a brush.

Pallets

Numerous formal characteristics also make it possible to bring the works of the two artists closer together. The colour ranges can indeed be compared, even if used in a very personal way. Mitchell tends to use her pigments in a more frank, more assumed way. In Cercando un ago (Fig. 5), the colours are powerful, and reinforce the spectator in his vision of what blue, green and purple are. Monet seems to soothe his colours, giving them the softness he feels when admiring his garden. We see it in Water Lilies, Reflections of Willow (Fig.6) where the blues and purples merge, and the points of light are less clear than in Mitchell’s work. What is particularly touching is that despite this difference, the two artists offer paintings that present great harmony. The tones harmonize with each other and leave the viewer with a great feeling of serenity.

Immersive monumentality

The end of Monet’s life is marked by the monumental size that his works gradually take on. The artist had a new studio built in Giverny to have the space to accommodate large format canvases. With the Grandes Décorations project, Monet saw things on a grand scale. He imagines an elliptical museum to accommodate this project. 8 panels have been exhibited at the Musée de l’Orangerie since 1927. The total project includes 33 other panels including the triptych of L’Agapanthe (Fig.7), brought together for the first time in Paris in its entirety. We find abstraction in the ability of the composition to show no horizon line, no perspective. The only indicators of space are the shades of colours used: blues and purples dominate the upper part of the painting, in reference to the sky and the water of the pond which merge. The greens are more present at the bottom of the panels, recalling the darkness of the bottom of the pond. The 3 panels complement each other perfectly, the composition is fluid and harmonious. I found it disappointing to know that they are not presented together in one museum. The Agapanthe was intended to be exhibited at the Hôtel Biron in Paris but, victim of its success during an exhibition at the Knoedler Gallery in New York in 1956, each panel was purchased individually. The immersive quality of this monumental triptych is astonishing.

Monumentality is permanent with Mitchell. Large format canvases are a standard in her work. Her wish was to involve her whole body in her creative process. She was always listening to music in her studio, so her gestures were orchestrated by a vibrant rhythm. Many of her works multiply in width, ranging from diptychs to quadriptychs. Her brushes were large, which gave her the freedom and amplitude she needed to express herself with her whole being. In 1982, Mitchell launched the project of a series of monumental works called La Grande Vallée. Inspired by a vacation spot where her friend Gisèle Barreau went when she was a child, this series is made up of 21 paintings. The last room of the exhibition presented a dozen of these works. The immersive effect is very powerful: the absence of perspective and empty spaces creates an all-over effect. The paint covers the entire surface. In painting number XIV (Fig.8) we find the effect of multiple layers that is present in Monet’s Agapanthe. Both artists constantly retouched their works. One feels in the paintings of La Grande Vallée a sense of rhythm that seems absent in Monet’s. Accustomed to impasto, Mitchell abandons them here to favour paint drips, which gives an almost sensual aspect to the dynamism of the painting.

This exhibition was simply wonderful. The rapprochement of the two artists is, in my opinion, as much on an emotional level as on a pictorial level. The exhibition indicates that they both seek to “fix a sensation or a feeling, that is to say the memory of the emotion provoked by contact with nature and transformed by memory”. And that’s exactly what touches us as viewers: the way they tell an intimate story using just their vision and their palette. We also feel a great devotion to work and art. In a biographical film on Joan Mitchell, she explains that as an artist « you can’t live without painting, it’s an addiction. Nothing was essential except painting”. The quantity of works presented in a single exhibition testifies to this intrinsic need to produce ever more adventurous compositions. The Louis Vuitton Foundation is a perfectly appropriate place to present such an exhibition, with large, very spacious rooms that give the impression of walking in nature in the company of the artists. The lack of natural light in the rooms was disappointing, as it usually highlights the works of Monet so well. You can follow this link to find more information about the exhibition.