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« Face au Soleil » – Exposition au musée Marmottan Monet

[Exposition accessible jusqu’au 29 janvier 2023]

À l’occasion du 150ème anniversaire du tableau Impression, Soleil levant, peint par Claude Monet en 1872, le musée Marmottan Monet propose une exposition retraçant l’évolution de la représentation du soleil dans les arts. De l’Antiquité jusqu’à nos jours, cette exposition nous permet de découvrir la force ambiguë de cet astre, entre puissance et douceur. Une centaine d’œuvres est présentée dans ce musée exigu, et celles-ci voyageront à Potsdam, où l’exposition sera présentée au museum Barberini, du 25 février au 11 juin 2023.

Un angle historique

L’exposition commence son voyage à l’Antiquité, une période où le soleil, astre tout-puissant, est associé aux divinités. Les civilisations égyptiennes et gréco-romaines vivaient de leurs cultures ; leurs vies s’organisaient au rythme de la lumière du soleil. Ce rythme à la fois généreux, régulier et au pouvoir punitif semblait être régi par une entité supérieure, ce qui a mené ces premières civilisations à associer le soleil au pouvoir divin. Sous la forme d’un grand cercle rouge chez les Egyptiens, ou sous une forme humaine chez les Grecs, le soleil occupe une place importante dans l’art antique. Sur la Stèle funéraire cintrée au nom de la dame Tahy, le soleil apparait à trois reprises, illustrant l’importance de ce symbole dans l’art égyptien. Ici, il veille sur le défunt et révèle la présence des divinités Horus et Hathor, dont les représentations sont associées au soleil. Le vase Hélios sur un quadrige illustre la ‘représentation anthropomorphique de l’astre’, qui prend vie à travers la puissance et l’autorité du Dieu du soleil. On y retrouve les attributs emblématiques du dieu Hélios/Apollon : la couronne dorée qui rayonne autour de sa tête et le char qui traverse les cieux, représentés ici par la couleur sombre du vase.

(De gauche à droite) Anonyme, Hélios sur un quadrige, vers 340-330 av. JC, argile, Museum für Kunst und Gewerbe Hamburg, Hambourg. // Anonyme, Stèle funéraire cintrée au nom de la dame Tahy, VII-VI siècle av. JC, bois et pigments, Fondation Gandur pour l’Art, Genève. © Marion Gallet

Au Moyen Âge, ce sont les livres d’Heures qui contiennent le plus de représentations du soleil. Ces ouvrages, rédigés et illustrés par les moines copistes, étaient d’abord commandités par l’Église puis par des acteurs privés qui cherchaient à posséder ces précieux manuscrits. L’exposition nous fait découvrir Splendor Solis, un traité alchimique allemand composé de textes et d’illustrations qui rappellent la tradition des livres d’Heures. Soleil sur la ville est tiré de ce traité. Cette illustration nous offre une représentation d’un soleil prépondérant et protecteur, qui veille sur la population. Le traité porte sur le symbolisme alchimique ainsi que l’astrologie, ce qui explique l’importance de l’astre dans cette composition. Les symboles astrologiques étaient en effet représentés régulièrement dans les livres d’Heures, notamment dans l’un des plus connus, Les Très Riches Heures du duc de Berry, qui y consacre une page entière (voir https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/76/Anatomical_Man.jpg). L’astrologie était une façon de représenter l’organisation du ciel, ce qui, à terme, a fini par influencer celle des sociétés. Le soleil était vu comme le gardien de cette organisation. Ainsi, il occupe une place majeure dans l’illustration du traité Splendor Solis, indiquant le rôle que joue cet astre dans les croyances de l’époque. La taille importante du soleil illustre parfaitement le concept de perspective hiérarchique, une règle clé dans l’art du Moyen Âge selon laquelle les sujets les plus importants auront une taille plus significative.

Anonyme, Soleil sur la ville dans Splendor Solis, XVIème siècle, Vélin (50 feuillets), Bibliothèque Nationale de France, Paris. © Marion Gallet

Enfin, l’exposition illustre le tournant majeur que prend la représentation du soleil lors de la transition entre l’art du Moyen Âge et celui de la Renaissance. À la fin du XVIème siècle, la représentation des scènes religieuses place les divinités au milieu de leurs sujets. Le Christ, la Vierge ou encore les Saints, deviennent des protagonistes majeurs des représentations artistiques ; il n’y a plus de place pour d’autres symboles. Ainsi, le soleil cesse d’incarner le pouvoir sacré et occupe une place plus ‘périphérique’. L’Adoration des bergers de l’Entourage de Gerrit von Honthorst exemplifie l’idée que la seule lumière légitime vient du Christ. Cette idée touche à la fois à la réalité physique et symbolique. Le Christ est en effet la seule source de lumière du tableau et illumine les visages de tous les autres personnages par son rayonnement et sa brillance. Mais cela symbolise également la toute-puissance de l’Église à l’époque. L’institution religieuse est la seule à pouvoir guider, ‘éclairer’ les individus vers ce qui est juste et ainsi leur permettre d’accéder au paradis. Le style caravagesque de von Honthorst permet d’illustrer cette idée : le fond sombre du tableau crée un chiaroscuro et met en avant l’unicité de la source de lumière divine.

Entourage de Gerrit van Honthorst, L’Adoration des bergers, XVIIème siècle, huile sur toile, collection particulière. © Marion Gallet

En quittant la Renaissance, le soleil cesse d’être un symbole ou un accessoire pour illustrer le pouvoir divin. Les origines de ce changement peuvent être rapportées aux avancées scientifiques du XVIème siècle. Les recherches démontrent la place centrale du soleil dans notre univers. Ainsi, les Hommes remettent en question leur place sur Terre, ce qui se traduit dans les arts visuels par une représentation du soleil et de la nature comme des entités d’une valeur incommensurable. L’astre est ainsi travaillé dans sa nature physique, notamment quand les paysages sont mis en avant parmi les genres nobles de la peinture. L’exposition propose un duo de paysages de Claude Lorrain, qui illustrent ce changement de perspective.

Du Romantisme à l’Impressionnisme

Caspar David Friedrich, peintre emblématique du Romantisme allemand.

      Presque deux siècles plus tard, c’est au tour du romantisme allemand de symboliser le rapport entre l’Homme et la nature. Deux œuvres de Caspar David Friedrich sont présentées dans cette exposition. Ce spécialiste des paysages minimalistes imprégnés de spiritualité emmène les spectateurs dans un voyage mêlant réalité et rêverie. Dans Croix dans les bois, le soleil prend la forme d’une croix religieuse pour symboliser la relation entre l’homme et l’infini. Même si la science a fait des avancées remarquables, la religion occupe toujours une place importante dans les sociétés occidentales. Le soleil est un symbole mystique, qui n’éclaire pas comme à la Renaissance. Il est doux, sensible et invite à la contemplation. Ce ‘nouveau soleil’ est comme un guide pour les hommes. C’est encore plus marquant dans Matin de Pâques. Les deux personnages sont comme guidés par l’astre qui, malgré le brouillard, domine la composition par son rayonnement.

J.M.W Turner, peintre visionnaire, aux prémices de l’Impressionnisme

En Angleterre, c’est Turner qui à son tour, révolutionne le traitement du paysage. Il intègre les avancées scientifiques à ses œuvres en s’emparant surtout des phénomènes physiques et météorologiques. C’est l’œuvre Le Soleil couchant à travers la vapeur qui a été choisie pour illustrer ce thème. Les commissaires de l’exposition précisent que Turner intègre ici ‘les diffractions des rayons de soleil’. Si la science influence autant le travail des artistes de cette époque, c’est parce qu’elle a permis à ces derniers de représenter la nature telle qu’elle est, plutôt que de l’embellir dans un but idéologique. Ainsi, cette composition nous touche par son réalisme et sa précision. Le paysage nous envahit entièrement et saisit tous nos sens. C’est en cela que Turner est considéré comme le peintre de la transition entre le Romantisme et l’Impressionnisme. Ces mouvements naissent au XIXème siècle et redéfinissent la représentation de la nature en élargissant le champ des possibles. Dans les œuvres les plus tardives de Turner celui-ci dissout progressivement ses traits et obtient un effet d’abstraction des formes. Déjà, Le Soleil couchant à travers la vapeur est une initiation aux codes du mouvement Impressionniste. Le ciel et la mer ne font qu’un, seuls les bateaux nous permettent de faire la distinction. Ainsi, l’œuvre de Turner est comme un chemin qui nous emmène progressivement vers le cœur de cette exposition : Impression, soleil levant de Monet.

Joseph Mallord William Turner, Le soleil couchant à travers la vapeur, vers 1809, huile sur toile, The Henry Barber Trust, The Barber Institute of Fine Arts, University of Birmingham, Birmingham. © Marion Gallet
Impression, soleil levant : tableau éponyme du mouvement artistique du siècle

Impression, soleil levant est probablement l’un des tableaux les plus connus de Monet. Son histoire est révélée par les recherches du scientifique américain Donald Olson : il a su dater avec précision la réalisation de ce tableau mythique. Le 13 novembre 1872, à 7h35 du matin, Monet peint d’une traite le soleil se levant sur le port du Havre. Il saisit en quelques traits ce qu’il voit de ses propres yeux. Cette œuvre participe au début de la peinture ‘sur le motif’. Les artistes avaient pour habitude de croquer les premiers traits d’un tableau à l’extérieur puis de reconstituer de mémoire les couleurs, les formes, et les mouvements de leur sujet. Ainsi, la majorité de leur travail s’effectuait dans l’atelier. Monet simplifie cette démarche et se contente d’ouvrir sa fenêtre pour peindre le phénomène qu’il voit en face de lui. Il considère que l’instantanéité du moment lui permet in fine de ‘saisir avec exactitude et précision sa vision’. L’œuvre est exposée deux ans plus tard, dans l’atelier du photographe Nadar en 1874. Elle génère d’abord un scandale, illustré par la critique du journaliste Louis Leroy. Ce dernier s’attaque à la technique de Monet, qui donne l’image d’un tableau inachevé : ‘Le papier peint à l’état embryonnaire est encore plus fait que cette marine-là !’, décrit-il dans son article. Louis Leroy fait une critique plus générale de l’exposition dans son ensemble en la nommant ‘Exposition des impressionnistes’ et donne ainsi naissance, sans le savoir, à l’un des mouvements artistiques les plus important de la peinture occidentale.

            Impression, soleil levant incarne littéralement l’idée de l’exposition, celle d’être ‘face au soleil’. L’orange vif de celui-ci se reflète dans les mouvements de l’eau et colore le brouillard de l’aube. Comme chez Turner la mer et le ciel se confondent, mais cette fois-ci la représentation des bateaux quitte aussi la réalité. La barque située en premier plan du tableau présente une ambiguïté : se dirige-t-elle vers l’horizon ou vers le spectateur ? Le tableau capture un instant précis, mais universel, comme indépendant de toute temporalité. Ainsi, le mouvement de la barque n’est pas défini, comme suspendu dans le temps. Les techniques des artistes Impressionnistes ont souvent été apparentées à la photographie, notamment dans leur capacité à ‘saisir’ un instant sur le vif, sans préméditation. Les commissaires de l’exposition décrivent bien ce processus à la fois de ‘peinture de la vision’, de ‘l’observation’, et des ‘phénomènes atmosphériques et célestes’. Dans le parcours des visiteurs, le tableau se situe au centre de l’exposition et sert de transition entre le XIXème siècle et l’art moderne.

Claude Monet, Impression, Soleil levant, 1872, huile sur toile, Musée Marmottan Monet, Paris. © Marion Gallet

Art moderne : une représentation unique du soleil

L’exposition nous laisse sur des représentations plus originales du soleil. Ces œuvres illustrent le tournant que l’art prend au XXème siècle : les artistes se détachent des contraintes académiques et s’expriment plus librement. Les œuvres présentées ici ont pour unique sujet le soleil. Il n’est plus un accessoire décoratif ou symbolique, mais le seul et unique protagoniste de l’œuvre. L’Éclipse solaire de J. Manais se place tout de même dans la continuité de l’association fructueuse des arts visuels et des avancées scientifiques. En utilisant des pastels et du papier, l’’artiste illustre avec simplicité le phénomène de l’éclipse solaire, c’est-à-dire quand la Lune s’immisce entre le Soleil et la Terre. De son côté, le peintre allemand Otto Piene peint Soleil noir en 1961. Ici, c’est la technique originale de l’artiste qui crée la forme du Soleil. Pour réaliser cette œuvre, il place un pochoir circulaire sur la toile rouge vif et approche une bougie pour que sa fumée forme un ‘Soleil noir’ grâce à la suie. Cette technique est également adoptée par Yves Klein la même année pour sa série ‘Peintures de feu’. Enfin, le peintre norvégien Edvard Munch, adepte du mouvement expressionniste, présente une œuvre issue de sa série d’études du soleil. Il exprime ici la puissance de cet astre, dans sa capacité à éblouir les hommes au point qu’ils ne puissent plus le regarder. Les faisceaux de lumière sont multiples, colorés et s’étirent dans des directions opposées, comme si l’artiste voulait qu’ils dépassent les limites de la toile. Les commissaires de l’exposition décrivent la vision du soleil de Munch comme celle d’un ‘noyau d’une énergie vitale débordante’.

Edvard Munch, Le Soleil, 1910-1913, huile sur toile, Munchmuseet, Oslo. © Wikimedia Commons

Conclusion personnelle 

J’ai beaucoup aimé cette exposition, qui regroupe une quantité d’œuvres vraiment impressionnante (la plupart ne sont même pas mentionnées dans cet article !). La couverture temporelle et thématique m’a semblé exhaustive, sans pour autant donner l’impression d’un fourre-tout dans lequel les visiteurs pourraient se perdre. Une remarque que je pourrais mentionner porte sur le manque de représentativité des autres formes d’art. À part les œuvres issues de l’Antiquité, et un accessoire en or lié à Louis XIV, les commissaires de l’exposition n’ont proposé que des peintures. Je vous recommande tout de même de vous y rendre avant que Face au Soleil ne déménage en Allemagne, vous avez jusqu’au 29 janvier 2023 !

Sources :

English version

(to see the art works, please refer to the French text above)

To celebrate the 150th anniversary of the painting Impression, rising sun, painted by Claude Monet in 1872, the Marmottan Monet museum offers an exhibition that illustrates the evolution of the representation of the sun in the arts. From Antiquity to the present day, this exhibition allows us to discover the ambiguous force of this star, between power and softness. About a hundred works are presented in this confined museum, and these will travel to Potsdam, where the exhibition will be presented at the Barberini museum, from February 25 to June 11, 2023.

A historical perspective

The exhibition begins its journey at the heart of Antiquity, a period when the sun, an all-powerful star, is associated with the deities. The Egyptian and Greco-Roman civilizations lived from their cultures; their lives were organized to the rhythm of the light of the sun. This rhythm, at once generous, regular but with punitive power, seemed to be governed by a superior entity, which led these first civilizations to associate the sun with divine power. In the form of a large red circle in Egyptian art, or in a human form in Greek art, the sun occupies an important place in ancient art. On the Curved funerary stele in the name of Lady Tahy the sun appears three times, illustrating the importance of this symbol in Egyptian art. Here, it watches over the deceased and reveals the presence of the gods Horus and Hathor, whose representations are associated with the sun. The Helios vase on a quadriga illustrates the ‘anthropomorphic representation of the star’, which comes to life through the power and authority of the Sun God. We find there the emblematic attributes of the god Helios/Apollo: the golden crown which radiates around his head and the chariot, which crosses the heavens, represented by the dark color of the vase.

In the Middle Ages, it was the Books of Hours that contained the most representations of the Sun. These books, written and illustrated by monks, were first commissioned by the Church and then by wealthy actors who were eager to possess these precious manuscripts. The exhibition introduces us to Splendor Solis, a German alchemical treatise composed of texts and illustrations that recall the tradition of the Books of Hours. Sun on the City is taken from this treatise. This illustration offers us a representation of a dominating and protective sun, which watches over the people. The treatise deals with alchemical symbolism as well as astrology, which explains the importance of the star in this composition. Astrological symbols were indeed regularly represented in the Books of Hours, notably in one of the best known, Les Très Riches Heures du duc de Berry, which devotes an entire page to them. Astrology was a way of representing the organization of the sky, which eventually came to influence the organization of societies. The sun was seen as the guardian of this organization. Thus, it occupies a major place in the illustration of the treatise Splendor Solis, indicating the role that this star plays in the beliefs of the time. The large size of the sun perfectly illustrates the concept of hierarchical perspective, a key concept in medieval art, which states that the most important subjects will have a more significant size.

Finally, the exhibition illustrates the major turning point taken by the representation of the sun during the transition between the art of the Middle Ages and that of the Renaissance. At the end of the 16th century, the representation of religious scenes placed religious characters at the heart of their subjects. The Christ, the Virgin or the Saints become major protagonists of artistic representations; there is no more room for other symbols. Thus, the sun ceases to embody sacred power and occupies a more ‘peripheral’ place. Gerrit von Honthorst’s Adoration of the Shepherds exemplifies the idea that the only legitimate light comes from Christ. This idea touches on both physical and symbolic reality. The Christ is indeed the only source of light in the painting and illuminates the faces of all the other characters with its radiance and brilliance. But it also symbolizes the omnipotence of the Church at the time. The religious institution is the only one able to guide and “enlighten” individuals towards what is right and thus allow them to access Heaven. The Caravaggesque style of von Honthorst illustrates this idea: the dark background of the painting creates a chiaroscuro and highlights the uniqueness of the source of divine light.

Leaving the Renaissance, the sun ceases to be a symbol or an accessory to illustrate divine power. The origins of this change can be traced back to the scientific progress of the 16th century. Research demonstrates the central place of the sun in our universe. Thus, humans are questioning their place on Earth, which is reflected in the visual arts by a representation of the sun and nature as entities of immeasurable value. The star is thus worked on in its physical nature, especially when landscapes are highlighted among the noble genres of painting. The exhibition features a duo of landscapes by Claude Lorrain which illustrate this change of perspective.

From Romanticism to Impressionism

Caspar David Friedrich, emblematic painter of German Romanticism.

Almost two centuries later, it was time for German romanticism to symbolize the relationship between men and nature. Two works by Caspar David Friedrich are shown in this exhibition. This specialist of minimalist landscapes infused with spirituality takes viewers on a journey that combines reality and reverie. In Cross in the Woods, the sun takes the form of a religious cross to symbolize the relationship between men and infinity. Even though science has made remarkable advances, religion still occupies an important place in Western societies. The sun is a mystical symbol, which does not illuminate as in the Renaissance. It is soft, sensitive and invites contemplation. This ‘new sun’ is like a guide for men. This is even more striking in Easter Morning. The two characters are as if guided by the star, which, in spite of the fog, dominates the composition with its radiance.

J.M.W Turner, visionary painter, at the beginning of Impressionism.

In the UK, it was Turner who in turn revolutionized the treatment of landscape. He integrates scientific advances into his works, mainly taking on physical and meteorological phenomena. The work The Setting Sun Through Steam was chosen to illustrate this theme. The curators of the exhibition specify that Turner integrates here “the diffractions of the sun rays”. If science influences the work of artists of this period so much, it is because it allowed them to represent nature as it is rather than to embellish it for an ideological purpose. Thus, this composition touches us by its realism and its precision. The landscape completely invades us and seizes all our senses. It is in this that Turner is considered the painter of the transition between Romanticism and Impressionism. These movements were born in the 19th century, and redefine the representation of nature by widening the field of possibilities. In Turner’s later works, he gradually dissolves the features and obtains an effect of abstraction of forms. Already, The Setting Sun through Steam is an introduction to the codes of the Impressionist movement. The sky and the sea are one, only the boats allow us to make the distinction. Thus, Turner’s work is like a path that gradually takes us to the heart of this exhibition: Impression, Sunrise by Monet.

Impression, Sunrise: the eponymous painting of the art movement of the century

Impression, Sunrise is probably one of Monet’s best-known paintings. Its history is revealed by the research of the American scientist Donald Olson : he was able to precisely date the creation of this mythical painting. On November 13, 1872, at 7:35 a.m., Monet painted the sun rising over the port of Le Havre in one go. He captures, in a few strokes, what he sees with his own eyes. This work participates in the beginning of ‘painting on the motif’. Artists used to sketch the first lines of a painting outside and then reconstitute from memory the colors, shapes, and movements of their subject. Thus, the majority of their work was done in the workshop. Monet simplified this process and simply opened his window to paint the phenomenon he saw in front of him. He considered that the immediacy of the moment ultimately allowed him to “accurately and precisely grasp his vision”. The work was exhibited two years later, in the studio of the photographer Nadar in 1874. It first generated a scandal, illustrated by the criticism of the journalist Louis Leroy. The latter tackles Monet’s technique, which supposedly gives the image of an unfinished painting: ‘The wallpaper in its embryonic state is even more done than this seascape!’, he describes in his article. Louis Leroy makes a more general criticism of the exhibition as a whole by naming it “Exposition des impressionnistes” and thus gives birth, without knowing it, to one of the most important artistic movements of Western painting.

Impression, Sunrise literally embodies the idea of ​​the exhibition, that of ‘facing the sun’. The bright orange of the star is reflected in the movements of the water and colors the dawn fog. As in Turner’s work, the sea and the sky merge, but this time, the representation of the boats also leaves reality. The boat in the foreground of the painting presents an ambiguity: is it heading towards the horizon or towards the viewer? The painting captures a precise but universal moment, independent of any temporality. Thus, the movement of the boat is not defined, as if suspended in time. The techniques of Impressionist artists have often been related to photography, particularly in their ability to ‘capture’ a moment on the spot, without premeditation. The curators of the exhibition describe well this process of both ‘painting of vision’, of ‘observation’, and of ‘atmospheric and celestial phenomena’. In the visitors’ journey, the painting is at the center of the exhibition and serves as a transition between the 19th century and modern and contemporary art.

Contemporary art: unique representations of the sun

The exhibition leaves us with more original representations of the sun. These works illustrate the turn that art took in the 20th century. Artists break away from academic constraints, and express themselves more freely. The works presented here have the Sun as their sole subject. It is no longer a decorative or symbolic accessory, but the one and only protagonist of the work. Solar Eclipse by J. Manais is nevertheless a continuation of the fruitful association of the visual arts and scientific progress. The artist illustrates with simplicity, using pastels and paper, the phenomenon of the solar eclipse, that is to say when the Moon interferes between the Sun and the Earth. The German painter Otto Piene painted Black Sun in 1961. Here, it is the artist’s original technique that created the shape of the Sun. To create this work, he placed a circular stencil on the bright red canvas and approached a candle so that its smoke formed a ‘Black Sun’ with the soot. This technique was also adopted by Yves Klein the same year for his ‘Fire Paintings’ series. Finally, the Norwegian painter Edvard Munch, a follower of the expressionist movement, presents a work from his series of studies of the sun. He expresses here the power of this star, in its ability to dazzle men to the point that they can no longer look at it. The beams of light are multiple, colorful and stretch in opposite directions, as if the artist wanted them to go beyond the limits of the canvas. The curators of the exhibition describe Munch’s vision of the sun as that of a « core of overflowing vital energy ».

Personal conclusion

I really enjoyed this exhibition, which brings together a really impressive amount of works (most of them are not even mentioned in this article!). The temporal and thematic coverage seemed exhaustive to me, without giving the impression of a catch-all, in which visitors could get lost. Something I would mention relates to the lack of representativeness of other art forms. Apart from the works from Antiquity and a gold accessory linked to Louis XIV, the curators of the exhibition have only presented paintings. I still recommend that you visit it before Facing the Sun moves to Germany; you have until January 29, 2023!