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Gaza, l’autre tragédie : le ravage de son Histoire et de sa Culture

Ces deux derniers mois, la bande de Gaza a été le théâtre d’un intense bombardement qui a infligé des dommages dévastateurs non seulement à la population civile, mais aussi à son patrimoine culturel et historique. Des monuments emblématiques, témoins de l’histoire et de la culture palestinienne, ont été soit endommagés, soit détruits, marquant un tournant tragique dans la conservation de l’histoire de cette région.

Des Sites Historiques et Culturels en Péril

Depuis le mois d’octobre, plus de 100 sites du patrimoine culturel et historique de Gaza ont subi des dommages importants ou ont été détruits en raison des bombardements :

L’église Saint-Porphyrius, l’une des plus anciennes églises du monde, a également subi des dommages importants lors d’une frappe aérienne le 20 octobre 2023. Cette église a vu une partie de son annexe détruite par cette attaque.

Crédit photo rahimabaid – licence

La Mosquée Omari à Jabaliya a été complètement détruite par une frappe aérienne le 9 décembre 2023. Cette mosquée est considérée comme l’un des monuments islamiques les plus importants en Palestine et le plus ancien de la bande de Gaza, avec une histoire qui remonterait au Ve siecle. Initialement, elle avait été construite comme un temple païen avant d’être transformée en mosquée.

Le cimetière romain vieux de 2 000 ans dans le nord de Gaza, contenant des dizaines de tombes anciennes et deux sarcophages rares en plomb, récemment découvert, a été presque entièrement détruit.

Plusieurs musées de Gaza, dont le Musée Rafah, le Musée culturel Al Qarara, et le musée Deir Al Balah, ont subi des dommages significatifs ou ont été détruits. Le Musée Rafah, en particulier, a partiellement effondré, perdant de nombreux objets précieux.

La Vieille Ville de Gaza : Cette partie historique de Gaza, abritant des maisons, des mosquées, des églises, des marchés, et des écoles, a subi d’importants dommages. L’architecture de cette zone reflétait l’influence de diverses cultures, y compris égyptienne, ottomane, byzantine et grecque.

Le Monastère Saint Hilarion : Ce site historique aurait à priori également subi des dommages considérables [nous restons prudent car certaines sources se contredisent à son sujet. ndlr]. Redécouvert par les Palestiniens en 1997 et inscrit sur la liste de l’Unesco des sites demandant à être protégés, il est l’un des plus grands du Proche-Orient et le seul site archéologique à accueillir en permanence le public à Gaza. 

Les Archives de la Municipalité de Gaza auraient également été entièrement détruites. Elles contenaient des milliers de documents historiques vieux de plus de cent ans, représente une perte majeure pour l’histoire et la culture de la région.

Ces destructions soulèvent des préoccupations majeures concernant la préservation du patrimoine culturel dans la région, ainsi que des questions juridiques et éthiques importantes relatives à la Convention de La Haye pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé. La perte de ces sites est un coup dur pour l’histoire et la culture palestiniennes, chaque site représentant une page irremplaçable de l’histoire de cette région.

La Menace sur l’Héritage Culturel

Ces sites, parmi d’autres, constituent un héritage culturel inestimable pour le peuple palestinien et pour l’humanité toute entière. Leur destruction ou endommagement représente non seulement une perte architecturale, mais aussi une érosion de l’histoire, des traditions et de l’identité palestinienne. Chaque pierre, chaque mur, raconte une histoire qui s’étend sur des millénaires, et leur disparition est une perte irréparable.

Une Perte Documentaire Inestimable

Outre la destruction physique des sites historiques, un autre aspect tragique de ce conflit est la perte de documents historiques précieux. La destruction des archives de la municipalité de Gaza, contenant des milliers de documents datant de plus d’un siècle, constitue un coup dévastateur à la mémoire collective palestinienne. Ces archives, qui renfermaient des récits, des actes et des témoignages irremplaçables, représentent une perte incommensurable pour l’histoire et la recherche historique dans la région.

La Question de la Convention de La Haye

Cette situation soulève également des questions juridiques et éthiques importantes. Selon la Convention de La Haye pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, ratifiée tant par Israël que par la Palestine, il est impératif de respecter et protéger les biens culturels en temps de guerre. L’UNESCO souligne que les États sont tenus de préserver ces biens, s’interdisant leur utilisation à des fins susceptibles de les exposer à la destruction ou à la détérioration lors de conflits armés, et de s’abstenir de tout acte d’hostilité à leur encontre. La destruction systématique du patrimoine culturel à Gaza soulève donc des préoccupations quant au respect de ces engagements internationaux.

L’Appel à la Préservation et à la Paix et à la Conscience Internationale

Il est impératif de sensibiliser sur l’importance de préserver ces sites culturels et historiques, témoins vivants de l’histoire de la région. Les organisations internationales, les défenseurs du patrimoine culturel et les communautés du monde entier seraient bien inspirés d’agir pour protéger ces trésors contre les ravages de la guerre. La paix durable et la préservation du patrimoine culturel doivent aller de pair pour assurer la transmission de cet héritage aux générations futures. Les répercussions de cette perte vont bien au-delà des frontières géographiques, affectant le patrimoine mondial de l’humanité. L’histoire et la culture palestiniennes, façonnées par des millénaires d’échanges et d’influences diverses, sont un trésor que nous ne pouvons nous permettre de perdre. Il est du devoir de tous de veiller à ce que les conventions internationales soient respectées et que l’héritage culturel de Gaza soit préservé pour les générations futures.