Après une dure semaine, il faut encore puiser dans les tréfonds de notre énergie pour sociabiliser le temps d’une soirée. Qu’est ce qui nous a pris de programmer ça chez nous, alors qu’on savait très bien qu’on serait sur les rotules le moment venu ? Et pourtant, tout comme pour une séance de sport, on sait qu’à la fin on sera bien content d’avoir fait cet effort, et qu’on en tirera quelque chose de positif. Pour la bouffe, on ira chercher des pizzas. Les boissons ? C’est eux qui gèrent. Et pour le programme, pourquoi ne pas proposer une soirée jeux vidéo permettant à 2, 3 ou 4 personnes de s’amuser simultanément ?
Au-delà des possibilités offertes par un jeu, il est aussi important de prendre en compte le support. S’il n’est pas impossible de jouer à 4 sur un PC, sans être simple pour autant, cela se complique pour des jeux sur Playstation 4/5 et les consoles Xbox. La Switch apparaît dès lors (pour peu que l’on accepte de lâcher le PIB du Texas pour 2 Joy-Con supplémentaires, ou que l’un des invités ramène les siennes) comme la meilleure option.
Sans vous proposer uniquement des raretés que seules les personnes qui se sont perdues dans les coins sombres du Nintendo Eshop (vous savez très bien de quoi je parle) connaissent, je vais tout de même vous épargner les très populaires Mario Kart, Mario Party et Smash Bros qui n’ont pas besoin d’être mentionnés ici.
Towerfall Ascension
Towerfall Ascension est un jeu d’action et de plateforme qui peut se jouer aussi bien en coopération qu’en mode compétitif. Vous y incarnez un petit personnage armé d’un arc et de trois flèches. Pour éliminer votre adversaire vous avez deux solutions : bien viser avec votre arc ou lui sauter sur la tête. Mais le génie de Towerfall Ascension est dans la continuité de son écran de jeu. Tel un globe mis à plat, l’écran de jeu est continu. Si vous tombez, votre chute se poursuit en haut de l’écran, si vous traversez ce dernier de gauche à droite vous réapparaissez à gauche. Et il en va de même pour vos projectiles. Les parties sont courtes, avec un effet «rembobinage» à chaque fin de partie qui vous permet de revoir avec attention et une aigreur teintée d’admiration le coup de génie qui vous a coûté la victoire.
Boomerang Fu
L’heure n’est toujours pas à la coopération avec ce titre où, tout comme dans Highlander, il ne peut en rester qu’un. Mais, loin des péripéties de MacLeod, ici vous incarnez des fruits, une glace, un cornet de frites… Et ce n’est pas au moyen d’une épée que vous allez en découdre, mais d’un boomerang. Vous affronterez vos adversaires dans différents niveaux aux design bien pensés, avec des bonus aléatoires qui vous permettront d’avoir une protection, un boomerang explosif… À vous de maîtriser votre arme de fortune et surtout de ne pas la perdre en cours de route. Vous pouvez bien sûr rester sur place et attendre qu’elle revienne à son point de départ, mais c’est à vos risques et périls.
Death Squared
Death Squared est un puzzle-game où vous incarnez un robot, cubique, qui doit essayer de rejoindre une plateforme qui porte la même couleur que lui. Sauf que vous n’êtes pas seul. Vous avez un, deux ou trois acolytes qui ont le même but. Ici l’ambiance est entièrement collaborative car seule la réussite de tous mène au niveau suivant. Sauf que pour arriver à vos fins vous allez devoir comprendre le fonctionnement du niveau où vous vous trouvez. Et non content d’être composé de plateformes à peine aussi larges que vous au dessus d’une abîme sans fond, chaque niveau possède des cases aux effets variables que rien ne distingue des autres.
À vous d’avancer à tâton pour découvrir quelle case fait monter ou descendre une plateforme, jaillir des pics qui abrègent la vie de vos coéquipiers au mauvais endroit au mauvais moment, ou enlève le mur qui vous protégeait d’un rayon laser mortel. Dans Death Squared vous allez rire, et réfléchir, beaucoup mourir et accidentellement tuer vos coéquipiers (très souvent), mais tout va se passer dans une ambiance légère et drôle. Pas assez connu à mon goût, Death Squared possède en plus un humour très bien dosé dans son aventure à deux.
Lovers in a Dangerous Space Time
Direction l’espace pour la première fois dans cette liste avec un jeu coopératif où vous allez devoir protéger votre vaisseau spatial de multiples ennemis et obstacles. Pour cela vous pouvez évidemment le diriger, tirer des lasers, activer un bouclier ou utiliser une arme spéciale en cas d’extrême urgence. Le souci c’est que votre vaisseau n’est pas très bien aménagé et que vous allez devoir vous coordonner avec vos coéquipiers pour aller dans la bonne salle de commande, en fonction de la situation, avant qu’il ne soit trop tard. Dans Lovers in a Dangerous Space Time votre survie dépendra de votre capacité à communiquer entre vous, sans paniquer, dans une chorégraphie inexorablement chaotique et hilarante.
Soundfall
Jeu le plus récent de cette liste, Soundfall est un jeu d’action, dungeon-crawler, se déroulant dans l’univers très coloré de Symphonia. Votre mission est d’éliminer les ennemis, mais au rythme de la musique. Pour cela vous bénéficiez d’une aide visuelle s’apparentant à un métronome. Si vous respectez le rythme vos actions gagnent en puissance, si vous vous loupez trop de fois votre arme peut s’enrayer. Il va donc falloir vous imprégner de l’ambiance sonore du jeu. Non content d’avoir une bande son d’une excellente qualité, Soundfall propose, pour sa version PC, d’aller chercher dans votre bibliothèque musicale numérique pour que l’aventure se poursuive au rythme de vos sons préférés. Mais je vous conseille en premier lieu de découvrir la musique du jeu qui vaut le détour. Très bonne expérience en solo, le jeu gagne à être partagé.
Nine Parchments
Restons dans l’action et l’aventure avec Nine Parchments, par les finlandais de Frozenbyte, créateurs des jeux Trine. Ici, vous incarnez des magiciens en herbe, obligés de partir à l’aventure, bien avant que leur formation ne soit terminée. Vos attaques se basent sur un système de gestion des éléments, de faiblesse et de résistance, et une mécanique de soin à double tranchant, ajoutant un peu plus de piment à l’expérience. Très coloré, et porté par une excellente bande son qui nous replonge dans l’ambiance de Trine, Nine Parchments, bien qu’il soit jouable solo, révèle son potentiel en multijoueur. Vous pourrez sauvegarder votre aventure pour la reprendre à l’occasion d’une autre soirée, car pas moins de 8h de jeu sont nécessaires pour en voir le terme.
Unspottable
Qui n’a jamais joué à cache-cache ? Avec vos amis, dans la cour d’école, ou avec le fisc si vous êtes un député LR. Maintenant imaginez qu’il n’y a pas d’asymétrie comme dans une partie de cache-cache mais que chacun se cache des autres, au milieu de dizaines d’autres personnages similaires contrôlés par l’IA. À vous de simuler au mieux votre non-humanité tout en démasquant vos adversaires. Et quand vos suppositions se confirment, il est temps d’aller coller un gros pain à votre suspect numéro un. Mais en faisant ça, vous vous dévoilez, alors retournez vite dans le rang pour ne pas être le prochain. C’est simple, et l’on baigne très vite dans une ambiance suspicieuse, de bluff permanent ou il vous faudra ne pas rire pour ne pas vous trahir.
Overcooked 1 et 2
La cuisine c’est comme monter un meuble, dans l’absolu ça va plus vite à plusieurs, mais le gain en efficacité se fait au prix d’une ambiance rapidement tendue. Afin d’éviter toute effusion de sang entre le plat et la Billy il faut être capable d’une coordination irréprochable ou d’un calme à toute épreuve. Overcooked 1 et 2 vous proposent de vivre cela en jeu vidéo, avec une simulation de gestion culinaire.
Dans une cuisine, systématiquement mal aménagée, vous allez devoir vous coordonner à 2, 3 ou 4, pour suivre le rythme des commandes. Récupérer les bons ingrédients, les découper, faire cuire la viande, tout mettre dans la bonne assiette, la servir à temps, la récupérer, la laver, tout cela doit être réalisé dans un rythme effréné qui peut pousser à prononcer des phrases improbables comme «Balance-moi les lasagnes et va retirer les steaks avant que ça prenne feu parce que l’extincteur est de mon côté et j’ai pas le temps de faire le tour». Attention, si vous avez tendance à insulter les gens et les attaquer à la carotide quand vous êtes sous pression, passez votre chemin.
Moving Out
Vous la connaissez, vous la sentez venir, vous la redoutez, mais inexorablement elle vient à vous, une à deux fois par an : la cordiale invitation à venir aider pour un déménagement. Qui a déjà répondu positivement avec sincérité à ça ? Dénoncez-vous ! Vous pensez sincèrement que cette part de pizza tiède et huileuse et cette bouteille de 33cl d’Heineken valait le lumbago que vous vous êtes payé les 10 jours suivants, à imiter un pneu crissant à chaque fois que vous avez essayé de faire vos lacets ?
Avec Moving Out, vous allez pouvoir prouver à vos amis (peut-on encore appeler “ami” quelqu’un qui nous sollicite pour son déménagement ?), que vous êtes la dernière personne qu’ils veulent voir au jour de leur changement d’adresse. Le système de jeu est proche de celui d’Overcooked, mais dans des maisons aux agencements improbables, générant des situations burlesques. Et vous voilà à balancer le canapé par la fenêtre parce que… Pourquoi pas ? Après tout, c’était le chemin le plus court vers le camion.
Heave Ho
Vous êtes une tête et deux bras et vous devez aller d’un point A à un point B. C’est à peu près tout. Pour y parvenir cependant, vous pouvez vous aider de vos amis, qui n’auront pas plus de membre que vous, mais avec qui vous pourrez créer une chaîne «humaine» et vous balancer entre les plateformes et les obstacles jusqu’au point d’arrivée. Petit problème, vous avez un bouton pour gérer votre main droite, et un pour la main gauche, mais à force de bouger dans tous les sens il est difficile de savoir quelle est la main qui tient votre ami et celle qui tient la planche. Ça peut paraître un détail mais cela va générer des situations aussi hilarantes qu’improbables.
Heave Ho est un concept très simple, extrêmement drôle, poussant à l’échange et à la coopération, au fil de niveaux très bien pensés qui mettront votre cohésion d’équipe à rude épreuve et révéleront aux yeux du monde votre difficulté à calculer le meilleur mouvement d’un moment oscillatoire pour lâcher prise avec le bon élan.
Gang Beasts
Un jeu de combat où il faut faire sortir vos adversaires de la zone de jeu, jusque là rien de bien innovant. Sauf que vous avez un corps gélatineux qui va de pair avec une maladresse constante et des déplacements burlesques. Coup de poing, coup de tête, attraper et parfois même soulever votre adversaire, voilà vos options pour sortir vainqueur de ces arènes plus improbables les unes que les autres. Et n’oubliez jamais que vous avez la possibilité de vous accrocher aux cheveux, à la barbe, et parfois même à la moustache de vos adversaires pour ne pas vous faire jeter de cet ascenseur devenu ring de fortune. Gang Beasts propose aussi d’autres modes de jeu, moins marquants, comme un mode football. Avec Heave Ho, Gang Beasts est le jeu qui m’a provoqué le plus de fous rires entre amis.
Stick Fight
Vous savez dessiner ? Moi, non. Mes bonhommes se résument à 5 traits et une tête ronde. Maintenant, prenez ce point de départ, augmentez l’élasticité du corps des personnages et faites les se battre à mort dans des zones où les armes les plus classiques et les plus improbables peuvent tomber du ciel à n’importe quel moment. C’est frénétique, rapide à prendre en main, le sound design est jouissif, la sensation quand on tire des serpents avec un bazooka est cathartique, et on essaye presque plus de survivre sur des plateformes bancales que d’éliminer les autres. Attention, il est vite difficile de survivre quand on doit gérer une crise de fou rire en même temps.
Puyo Puyo Tetris
Vous connaissez Tetris, pas besoin de vous expliquer le concept. Les jeux Puyo Puyo sont un peu moins connus mais néanmoins très appréciés depuis le premier jeu en 1991. Les puyo sont des blobs, allant toujours par paire, de couleurs parfois similaires ou différentes. Le but étant de faire des associations d’au moins 4 blobs de la même couleur dans un assemblage qui peut alterner entre lien vertical et horizontal (les diagonales n’étant pas prises en compte). Ça peut paraître abstrait comme ça mais une fois manette en main c’est limpide.
Puyo Puyo Tetris est tout simplement un jeu qui propose d’affronter vos amis en jouant à l’un ou l’autre. Tetris versus Tetris, Puyo versus Puyo, Tetris versus Puyo et même un mode d’alternance qui vous retournera les méninges. Chaque combo provoquera un malus chez vos adversaires qui pourront voir leur plan mûrement réfléchi s’effondrer en un instant. Les possibilités sont nombreuses pour trouver le mode qui vous convient et plait à tout le monde.
Tricky Towers
On va rester un peu du côté de Tetris, mais cette fois il n’est pas question de faire disparaître les lignes mais de créer la tour la plus haute, le plus vite possible. Pour vous aider vous pouvez débloquer des options dites de magie blanche ou noire, qui peuvent vous aider ou compliquer la tâche de vos adversaires. Le défi est déjà corsé, mais si vous voulez compliquer les choses vous pouvez aussi rajouter du vent qui fera pencher dangereusement votre tour, ou jouer au mode puzzle où il vous faudra caler un maximum de brique sans dépasser une certaine hauteur.
Très simple, prise en main rapide, et avec la possibilité de briser les espoirs de vos voisins de canapé grâce à un piano géant à placer au milieu d’une tour déjà bancale, Tricky Towers est le jeu parfait pour s’autoriser un rire de méchant d’animé quand l’édifice de vos amis s’effondre à deux centimètres de l’arrivée, métaphore bien trop réelle de leur espoir de victoire.
Et sur mobile ?
Vous n’avez pas de console, mais vous avez envie de vivre une expérience vidéoludique coopérative avec vos amis ? Pas de problème, j’ai deux jeux pour vous.
Keep Talking and Nobody Explodes, est un jeu de déminage, mais pas celui de Windows avec des petits drapeaux et des chiffres. L’un des joueurs se retrouve devant une bombe composée de plusieurs cadrans. Chaque cadran est un mini jeu inintelligible pour le démineur. C’est ici qu’interviennent vos amis, bien à l’abri et au calme devant un guide de désamorçage qui n’est pas des plus clairs. C’est par la communication et avec un sang-froid à toute épreuve que vous pourrez leur faire comprendre quelle bombe et quels cadrans se trouvent devant vous. À eux ensuite de trouver la bonne page du guide, et d’en comprendre le sens pour que vous ne terminiez pas en mille morceaux. Un jeu extrêmement drôle, qui prend une toute nouvelle dimension si vous avez la chance d’y jouer avec un casque de réalité virtuelle.
Autre solution : Space Team
SpaceTeam est un mélange de Lovers in a Dangerous Space Time et Keep Talking and Nobody Explodes. Vous êtes dans un vaisseau, chacun voit sur son écran un tableau de bord différent et des instructions qui s’enchainent. Sauf que l’ordre d’action qui s’affiche ne correspond pas à votre tableau de bord mais à celui d’un coéquipier. Vous vous retrouvez à 2, 3 ou 4, à recevoir des directives en même temps, à devoir les transmettre, tout en appliquant celle que vous parvenez à entendre dans la cacophonie que provoque une partie de SpaceTeam. C’est simple, frénétique, drôle et rudement efficace.
Valentin C