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Zelensky à Kherson, l’Ukraine célèbre une victoire stratégique

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu ce lundi dans la ville de Kherson, au sud du pays, qui vient d’être reconquise par l’armée ukrainienne.

Les caméras ont succédé aux armes à Kherson. Volodymyr Zelensky s’est rendu lundi 14 novembre dans la capitale régionale pour acter le départ des russes et la reprise de la ville par les forces ukrainiennes. La libération de Kherson s’est précipitée ces derniers jours avec l’annonce en direct à la télévision russe par Sergueï Sourovikine, commandant des forces armées en Ukraine, du retrait de ses troupes de la ville en question. Depuis l’entrée des premiers soldats ukrainiens le 11 novembre, les images de drapeaux ukrainiens et de scènes de liesse se sont multipliées.

Visite symbolique

La visite de M. Zelensky, dans la foulée du retrait russe et alors que les forces de Moscou demeurent à proximité de la ville, sur l’autre rive du Dniepr, se voulait symbolique. Kherson est en effet la dernière grande ville qui demeurait aux mains de Moscou, et la seule capitale d’oblast qu’elle avait conquise lors de son offensive initiale. Sa perte représente pour la Russie, qui continue d’affirmer qu’elle appartient à son territoire, une défaite majeure. D’autant que Kherson représente un atout hautement stratégique de par sa position géographique, au carrefour des routes d’Odessa et de la Crimée, et pour son rôle central dans l’alimentation en eau de cette dernière, annexée par la Russie en 2014. Pour Volodymyr Zelensky, qui s’adressait devant la presse lundi dans les rues de la ville libérée, la reprise de Kherson représente  « le début de la fin de la guerre ».

C’est en tout cas un nouveau succès pour la contre-offensive ukrainienne lancée à la fin de l’été à l’est et au sud, et qui a déjà vu les forces armées russes se retirer à la hâte autour de Kharkiv. En filigrane, les deux belligérants jouent contre la montre à l’approche de l’hiver. La Russie, qui enchaîne les défaites stratégiques et rencontre des résistances au sein de ses troupes mobilisées, semble vouloir se retrancher derrière le Dniepr et fortifier ses positions pour passer l’hiver sans perdre plus de terrain et se régénérer pour relancer l’offensive au printemps. Les Ukrainiens, eux, ont tout intérêt à pousser leur avantage et reconquérir autant de terrain que possible avant le froid pour pousser la Russie dans ses retranchements et éviter que la guerre ne se prolonge à leur désavantage. 

Bataille des images

Volodymyr Zelensky, qui s’est rendu à Kherson sans l’annoncer et sans attendre, n’en est pas à son coup d’essai. Sa visite de lundi s’inscrit dans une série de déplacements, parfois au plus près du champ de bataille, et toujours accompagné de caméras et de micros. Pour lui qui n’a pas hésité à se filmer dans les rue de Kiev bombardée dès les premiers jours du conflit, ces images font partie intégrante de sa stratégie. Il s’était notamment rendu dans les rues de Boutcha dans la foulée de sa libération et de la découverte d’exactions sur des civils. Sa visite de Kherson, ponctuée par une remise de médailles et le chant de l’hymne ukrainien devant une foule de civils, résonne déjà plus que les tentatives de Moscou de minimiser son retrait stratégique. À Kherson, comme dans le reste de l’Ukraine, la guerre se joue aussi dans la bataille des images.