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L’état du sport en France

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 arrivent, et leurs ambitions aussi ! En 2017 Laura Flessel, alors ministre des sports projetait que la France se classe dans le top cinq des nations en nombre de médailles, l’objectif étant fixé à quatre-vingt-dix médailles. Pourtant, si la France n’est pas dans les dernières nations olympiques lors des Jeux, elle porte cependant son bilan de médailles à trente ou quarante au regard des dernières éditions s’étant tenues à Tokyo et Rio de Janeiro. Plus récemment, la déclaration du président de la République lors de la réception à l’Élysée des athlètes médaillés des Jeux de Tokyo de 2020 a laissé perplexes une partie des observateurs. En effet, le chef de l’État a estimé insuffisant le résultat de la délégation française en espérant que ceux-ci seront à la hauteur avec l’échéance française de 2024. Certains sportifs, comme le judoka Teddy Riner, ont rétorqué que les investissements pour arriver à ce résultat ont été insuffisants et qu’il était désormais trop tard pour les faire. La France, premier investisseur européen en matière de sport, est-elle prête à affronter ces Jeux ?

Des moyens et des organisations importantes

De prime abord, la façade de la prise en compte étatique du secteur du sport est très reluisante. Au regard des chiffres, deuxième pays d’Europe par sa population, la France consacre chaque année près de quarante milliards d’euros d’investissement au secteur sportif, ce qui fait d’elle la première contributrice européenne en la matière. Toutefois, cette forte dépense masque une autre réalité : une part croissante de ces investissements provient du privé. En dépense publique pure, le pays ne débourserait annuellement que quinze milliards d’euros, ce chiffre n’ayant pas augmenté malgré l’attribution de l’organisation des prochains Jeux à la capitale française. Ces informations concernent tant les acteurs publics et privés, que les contrats de naming aux associations sportives. Ce sont d’ailleurs les communes qui en gèrent le plus. Toutefois, si ces investissements restent conséquents, environ un quart des communes déclare diminuer les subventions accordées aux sports.

Si le financement semble réduit, les efforts de la France pour l’obtention d’évènements sportifs récents est à souligner. En effet, alors que les derniers Jeux remontaient en 1968 (Jeux d’Hiver de Grenoble), la France se montre de plus en plus présente, ce qui entraîne un impact sociétal conséquent. Il y a lieu de citer l’organisation de la Coupe du monde de 1998, remportée par l’équipe de France, l’organisation de l’Euro masculin en 2016, mais aussi la Coupe du monde féminine de football de 2019. Enfin, à venir, la France sera tenue d’organiser la prochaine Coupe du monde masculine de rugby en 2023.

La volonté législative est non-négligeable, avec en premier lieu la taxe Buffet adoptée il y a une quinzaine d’année frappant les revenus d’activité des associations sportives (85% des recettes viennent du football). Récemment la loi du 22 mars 2022 a été promulguée, avec pour objectif d’élargir la pratique sportive. Elle dote certaines structures sportives de moyens institutionnels, notamment en investissant les établissements médico-sociaux d’une mission de service public en la matière. La dotation de mission de service public concerne également toutes les politiques publiques d’investissement d’infrastructures destinées au sport de haut niveau. Le Gouvernement a également souhaité prévenir les maladies pouvant empêcher la pratique du sport et les soins par le sport, champ d’action des pouvoirs publics rarement mentionné. Désormais l’ordonnance médicale autorisant la pratique du sport pourra être délivrée pour les personnes souffrant d’obésité, d’hypertension artérielle, ou encore de dépression. Les programmes d’EPS sont améliorés, avec notamment une inscription d’aisance aquatique dès le primaire et l’instauration d’une pratique sportive obligatoire pour le primaire, ceci étant aujourd’hui laissé à l’appréciation des écoles.

La société sportive française

Le fait que l’État s’attaque à la base éducative française pour fonder sa politique sportive n’a rien d’anodin. L’autre partie est consacrée à l’autre bout de la chaîne, à savoir le sport de haut-niveau. En effet, la France compte près de 16 millions de licenciés dans un club sportif, soit près d’un quart de la population française totale. Parmi ces licenciés, ils sont deux tiers des Français de plus de 15 ans à avoir pratiqué un sport au moins une fois dans l’année. Une grande partie de ces chiffres concerne la jeune population, puisqu’on compte pas moins de 40% des licences distribuées à la population de moins de quinze ans, soit 6,6 millions (pour une part de la population qui représente 17% de la population totale). Le chiffre monte à 89% concernant les étudiants.

Les bases institutionnelles du sport demeurent donc fondées mais les difficultés vont apparaître à partir du passage d’une pratique amateur à une pratique en voie de professionnalisation. Si l’on prend l’exemple des États-Unis, presque toujours sur le podium des médailles aux Jeux Olympiques, le cursus sportif américain est très différent du parcours français. Aux États-Unis, la culture du sport est très présente, de l’enseignement primaire au secondaire. Puis à l’Université, les plus prestigieuses filières du sport offrent un programme de pré-professionnalisation aux étudiants, leur permettant de rejoindre sans interruption les clubs professionnels de football américain, soccer ou encore basketball. En France, malgré une base importante de personnel et d’infrastructures, de telles filière existent peu pour le haut-niveau.

En prenant l’exemple du football, le championnat professionnel de Ligue 1 demeure derrière la Serie A italienne, la Liga espagnole et la Premier League anglaise. La raison réside dans le manque de performance des centres de formation français, obligeant les athlètes à partir à l’étranger pour s’offrir les meilleures formations. La dernière Coupe du monde de Football au Qatar nous offre un exemple parlant : si l’on prend le quart de finale France-Angleterre, sur les onze joueurs anglais, dix évoluaient en club en Angleterre (contre un seul Français, à savoir Kylian Mbappé, celui-ci évoluant au Paris Saint Germain). Outre le football, sont également concernés le volley-ball, le basket-ball (dont la quasi totalité des joueurs français évoluent dans la NBA américaine), et dans une moindre mesure le handball, qui dispose d’équipes nationales performantes mais composées de joueurs évoluant à l’étranger. Exception faite cependant pour l’escrime et le Rugby.

Sources

https://www.vie-publique.fr/eclairage/274760-qui-finance-le-sport-en-france

https://www.vie-publique.fr/loi/279107-loi-2-mars-2022-democratiser-le-sport-en-france

https://injep.fr/wp-content/uploads/2020/11/Chiffres-cles-sport-2020.pdf

https://www.sports.gouv.fr/l-etat-527

https://www.sports.fr/jo-2020/onesta-fait-le-bilan-avant-paris-2024-490191.html