Un nouveau média porté par des jeunes, voilà une nouvelle réjouissante dans l’actualité de 2020 !
Informer, comprendre, débattre, voilà les outils essentiels de la démocratie, aujourd’hui mise à mal par un autre tryptique : convertir, surveiller et punir.
La liberté de parole se double d’une responsabilité personnelle, une éthique, si on souhaite l’utiliser à bon escient. Dire n’importe quoi, oui c’est permis, dans les limites du droit, mais alors pourquoi choisir de raconter n’importe quoi plutôt que de travailler à la compréhension globale des problèmes de plus en plus complexes. On peut comprendre l’intérêt du mensonge en politique, la propagande pour s’assurer des votes ou minimiser les oppositions. Mais pour le combattre et finir de discréditer les élites autoproclamées, il n’est pas nécessaire d’user de leurs méthodes. Bien au contraire.
Se poser des questions, c’est essentiel et nécessaire
La dernière polémique avec le documentaire Hold-Up montre bien combien le débat s’est effacé au profit des croyances. Il n’y a pas de vérité, seulement une convergence ou non de points de vue, qui participe à la construction d’une vérité. Se poser des questions, c’est essentiel et nécessaire, y apporter des réponses sans fondement, dans le but de créer d’autres vérités, ou des contre-vérités, c’est une erreur symptomatique de l’époque, aggravée par la situation sanitaire.
Les épidémies ont toujours été des moments accélérateurs des théories du complot, de par la peur et le sentiment d’impuissance qu’elles provoquent dans les populations. Trouver une explication morale au mal devient alors un réflexe compensatoire de consolation et parfois d’action, en désignant les responsables du mal, bouc-émissaires facilement identifiables. Dans le cas du covid, ce sont ceux qui ont porté la mondialisation, responsable de la propagation du virus et de l’explosion des inégalités. Oui, il y a des responsables, dans les mensonges sur les masques, dans la folie financière qui pousse les lobbies pharmaceutiques à transformer des cures en poules aux œufs d’or, mais ceux là, devront répondre devant la justice de leurs actes.
il faut choisir de voir le monde, le regarder et essayer de le comprendre.
Nous n’enlèverons jamais à l’humain sa soif de justice et son besoin de récit fondateur. Alors, inutile de lutter contre un penchant humain trop humain, en attaquant les nouveaux croyants. Ceux là veulent croire. À ce titre, la prégnance des religions sur la sphère publique révèle tout autant qu’un documentaire le besoin d’opium intellectuel des foules sentimentales.
C’est le récit, l’imaginaire qu’il faut de nouveau réhabiliter, non pas comme un dogme, mais comme une fiction nécessaire pour construire les avenirs politiques. Et pour construire ces récits, il faut choisir de voir le monde, le regarder et essayer de le comprendre.
C’est, je crois, ce que fera le Tote Bag, alors longue vie à lui, et morts aux cons !
Alexis Poulin
Co-fondateur du Monde Moderne, entrepreneur dans le secteur des médias, Alexis Poulin a travaillé pour des ONG, des entreprises et des institutions publiques. Il est aussi expert en affaires européennes et travaille entre Paris et Bruxelles.
Il est régulièrement invité sur ARTE TV, France 24 TV, France Info, EuroNews et RCF radio.