Quelques définitions
La biodiversité, également nommée « diversité du vivant », c’est l’ensemble de tous les êtres vivants qui composent les différents écosystèmes de notre planète, mais pas seulement. Cette notion regroupe aussi les interactions entre espèces et entre milieux et organismes vivants (OFB).
En somme, la biodiversité regroupe toutes les formes de vie sur Terre !
Le terme « biodiversité », apparu dans les années 80, englobe trois niveaux d’organisation du vivant (ESCo « Agriculture et biodiversité », 1994) : la diversité écologique (ou diversité des écosystèmes), la diversité spécifique (diversité des espèces ou interspécifique) et la diversité génétique (ou intraspécifique).
Les services rendus par la biodiversité
La biodiversité apporte de nombreux avantages à l’Homme, appelés « services écosystémiques ». Parmi ces services nous pouvons citer bien sur l’alimentation : les plantes assurent par exemple plus de 80% de la nourriture des êtres humains tandis que les poissons représentent 20% des apports protéiques pour environ trois milliards de personnes. A côté, les insectes pollinisateurs assurent de meilleurs rendements agricoles et une meilleure qualité nutritive et donc la sécurité alimentaire mondiale, comme le rappelle l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (aussi appelée FAO).
L’importance de la diversité biologique pour la stabilité des écosystèmes ou des systèmes agricoles n’est plus à prouver. Ainsi, ces services rendus à l’humanité ont été classé en trois catégories par le Millenium Ecosystem Assessment (2005) : services d’intrants, de productions agricoles et services produits hors revenus agricole (régulation du climat, des incendies, …).
La biodiversité constitue également un rempart face au changement climatique et un frein important contre la propagation des pandémies. Prenons la crise sanitaire mondiale que nous traversons : la communauté scientifique s’accorde à dire que le risque toujours plus accru d’émergence de pandémies telle que la Covid-19 est intrinsèquement lié à la dégradation de l’environnement. Plus la diversité biologique sera amoindrie et plus les virus et bactéries pourront se transmettre facilement. Il est donc essentiel d’œuvrer à sa conservation.
La prise en compte de ces nombreux services rendus par la biodiversité a permis de poser sur la table la nécessité majeure d’œuvrer à sa préservation.
Il a toutefois fallu attendre les années 90 (1992 pour être exacte), lors de la Convention sur la diversité biologique (sommet de la Terre de Rio de Janeiro), pour que la biodiversité soit reconnue et notamment les enjeux autour de sa conservation. Ce traité international met alors en lumière trois objectifs principaux :
- La conservation de la diversité biologique
- L’utilisation durable de ses éléments et de ses ressources génétiques
- Le partage juste et équitable des avantages liés à cette biodiversité
Une biodiversité en péril
Malgré ces récentes prises de conscience, la biodiversité n’a eu de cesse de décroitre ces dernières décennies et à un rythme toujours plus effréné… Le taux d’extinction des espèces est aujourd’hui de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de fois supérieur au taux naturel. Ces extinctions massives, imputables aux activités anthropiques, nous propulsent vers une Sixième extinction de masse, aussi appelée extinction de l’Holocène.
Des chiffres qui font froid dans le dos…
Entre 1970 et 2016, près de deux tiers de la faune sauvage aurait disparu (rapport WWF, 2020).
Environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction (rapport IPBES, 2019).
Les causes de ce déclin sont bien entendues toutes connues : fragmentations toujours plus conséquentes des espaces naturels (urbanisation galopante, infrastructures, axes de communication…), déforestation, agriculture intensive et usage d’intrants chimiques (pesticides, insecticides, fertilisants, etc.), pollution aérienne et marine, braconnage et pêches intensives, réchauffement climatique…
Si l’on considère la déforestation, l’une des cause majeure de perte de biodiversité : 80% de la couverture forestière a été détruite au cours des 30 dernières années (World Resources Institute).
La situation est dramatique et remet en question notre propre survie : que serait l’humanité sans la biodiversité ? La richesse de la vie sur Terre permet notre propre prospérité mais son déclin nous pousse vers un avenir bien sombre… Pourtant des leviers d’action existent et des experts partout dans le monde s’accordent pour dire qu’il n’est peut-être pas trop tard, tout du moins si nous arrêtons à temps notre frénétique destruction.
Quels leviers d’action pour protéger la biodiversité ?
Au niveau des territoires, il existe des plans d’actions pour œuvrer à la restauration écologique. Un ensemble de réglementations et de politiques publiques existent en France pour aider à la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. Il existe aussi de nombreux outils à disposition des collectivités tels que la Trame Verte et Bleue, un « réseau formé de continuités écologiques terrestres et aquatiques identifiées par les schémas régionaux de cohérence écologique ainsi que par les documents de planification de l’Etat » (Trame Verte et Bleue, centre de ressources), les espaces naturels sensibles (ENS), la Politique nationale des Grands Sites… Ces derniers font ainsi l’objet, depuis 1976, de projets de réhabilitation et de gestion. Il en existe 47 sur le territoire français, comme par exemple la Baie de Somme ou le Puy de Dôme (Réseau des Grands Sites de France, en ligne).
Un autre des principaux leviers pour protéger la biodiversité qui nous entoure relève de l’agriculture. Celle-ci doit s’adapter aux changements climatiques qui arrivent tout en intégrant davantage la biodiversité et en devenant moins dépendante des intrants chimiques. Les agriculteurs possèdent de nombreuses clés, de par leurs pratiques, pour assurer le maintien de la biodiversité. On peut penser notamment aux pratiques et infrastructures agroécologiques (haies, arbres, bosquets, etc.) qui devront inévitablement se développer dans les années à venir !
A l’échelle individuelle, l’un des leviers pourrait donc être de favoriser les bonnes pratiques agricoles (acheter local, de saison, bio, éthique, …) et boycotter par exemple les marques de l’industrie sucrière (utilisation d’un biocide « tueur d’abeilles » réautorisé récemment pour les betteraves à sucre…). Avoir conscience des « petits gestes » et donner l’exemple sont des facteurs déjà importants pour impulser les changements !
La liste est bien sûr non exhaustive : une multitude de gestes sont possibles et faciles à mettre en œuvre même si l’action collective devra aussi venir des grandes instances politiques.
Nous faisons partie de la biodiversité en tant qu’espèce animale, bien souvent nous prenons le parti de l’oublier… Elle est unique, irremplaçable et fragile malgré son impressionnante résilience. Notre devoir est d’en prendre soin !
Natacha Racinais
Pour en savoir plus :
Le rapport de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques), sorti en 2019, représente le document le plus exhaustif à ce jour sur la diminution de la biodiversité dans le monde.
Résumé du rapport : https://citoyenspourleclimat.org/rapports-de-lipbes/
Rapport du WWF : https://wwfeu.awsassets.panda.org/downloads/lpr20_full_report.pdf
Références :
Office Français de la biodiversité (OFB), https://ofb.gouv.fr/quest-ce-que-la-biodiversite
BUREL Françoise, GARNIER Eric, ESCo « Agriculture et biodiversité » (1994), Chapitre 1. Les effets de l’agriculture sur la biodiversité. »
Observatoire National de la Biodiversité, http://indicateurs-biodiversite.naturefrance.fr/
World Resources Institute, https://www.wri.org/tags/deforestation
FAO (2016), Les pouvoirs des pollinisateurs (en ligne), http://www.fao.org/zhc/detail-events/fr/c/430127/#:~:text=Elles%20augmentent%20la%20quantit%C3%A9%20de,alimentaire%20de%20la%20population%20mondiale
Trame Verte et Bleue, centre de ressources (en ligne) http://www.trameverteetbleue.fr/presentation-tvb/qu-est-ce-que-trame-verte-bleue/outil-alliant-preservation-biodiversite-amenagement-territoire?language%3Den=fr
Réseau des Grands Sites de France (en ligne), https://www.grandsitedefrance.com/reseau
France Nature Environnement (mai 2015), « Préserver la biodiversité se niche dans votre quotidien » (en ligne), https://www.fne.asso.fr/actualites/pr%C3%A9server-la-biodiversit%C3%A9-se-niche-dans-votre-quotidien#:~:text=R%C3%A9duire%20sa%20consommation%20d’%C3%A9nergie,cette%20%C3%A9rosion%20de%20la%20biodiversit%C3%A9.