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COP26 : Encore un rendez-vous raté

La COP26 s’est achevée ce samedi sur le Pacte de Glasgow, un accord en demi-teinte loin d’être à la hauteur des objectifs qu’il nous faut pourtant atteindre coûte que coûte. Revenez deux semaines en arrière : la COP26 alors qualifiée de « réunion de la dernière chance » a soulevé beaucoup d’espoir, d’incertitudes, de questionnements,… Energies fossiles, financements, pays du Sud, adaptation aux changements en cours, … Beaucoup de sujets étaient sur la table et se sont 196 pays qui avaient pour objectif de trouver des consensus… Alors qu’en est-il après 13 jours intenses de débats et négociations ?

Toujours peu d’ambition

Un tweet du média indépendant Bon Pote semble plutôt bien résumer la situation… : « Assez incroyables le nombre de personnes qui présentent la #COP26 comme une réussite. Avec la trajectoire actuelle des émissions plusieurs pays seront rayés de la carte dans 30 ans, mais quand même ‘nous avons fait vivre l’accord de Paris’. »

Bla Bla Bla, Conseil, Insignifiance, Truisme

Car certes, cette grande Conférence des Nations Unies a, semble-t-il, débouché sur quelques « pas en avant bienvenus » (Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU). Certes, le sujet épineux des énergies fossiles a été abordé et de nouveaux engagements pour contenir les émissions de gaz à effet de serre ont été déposé par plus de 130 pays. Certes, 80 pays se sont engagés dans une réduction de 30% des émissions de méthane d’ici 2030. Certes, des promesses fortes ont été proclamées comme la fin de la déforestation, également pour 2030 (engagement pris par 100 pays dont le Brésil, la Russie, la Colombie, l’Indonésie,…). Et pourtant le constat est là : cette COP est loin d’être positive, loin d’être un bond en avant dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Beaucoup de « bla-bla-bla » comme le résume Greta Thunberg samedi dernier. Mais peu de réelles actions et de plans d’action clairs pour les 10 prochaines années, pourtant cruciales. Les déclarations du Pacte de Glasgow portant sur la question de la sortie du charbon, ont même été allégées au dernier moment par la Chine et l’Inde. On est passé d’une « suppression » du charbon a…une « diminution ». Pourtant rester sous la barre des 1,5°C, objectif énoncé par les Accords de Paris, ne pourra se faire sans une sortie du charbon, ennemi numéro un du climat.

Figure marquante de cette fin de COP : Alok Sharma, président de la COP26, les larmes aux yeux, se disant « profondément désolé » et déçu par ce nouveau Pacte, arraché au terme d’un long processus et après de nombreux compromis entre les pays.

Permettez-moi de dire à tous les délégués que je m’excuse pour la façon dont ce processus s’est déroulé et que je suis profondément désolé. Je comprend également la profonde déception, mais je pense, comme vous l’avez noté, qu’il est également vital que nous protégions cet accord.

Alok Sharma

Passer en mode « urgence »  

C’est la phrase employé par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres : « La catastrophe climatique frappe toujours à la porte », « Il est temps de passer en mode “urgence” » clame-t-il dans un communiqué, rappelant que les engagements pris ces 13 derniers jours ne permettent toujours pas de rester sous les 2°C et encore moins sous l’objectif idéal des 1,5°C

Un petit test rapide pour voir l’impact d’un réchauffement de +1,5°C, +2,4°C ou plus… Selon votre âge et l’endroit d’où vous venez, cette étude propose un scénario démontrant « combien de phénomènes climatiques extrêmes supplémentaires vous devrez affronter au cours de votre vie par rapport à un monde sans changement climatique« .

La volonté politique n’est pas au rendez-vous et nos gouvernements (notamment ceux des Pays du Nord, les plus pollueurs) font preuve d’un grave aveuglément. Actuellement, nous nous dirigeons vers un réchauffement de +2,4°C, ce qui signifie des zones complètement inhabitables, des pays entiers ravagés par les dérèglements climatiques, des instabilités politiques fortes, des pénuries en tout genre qui n’épargneront aucun coin du monde, … Les conséquences sont déjà là, visibles et palpables, et pas seulement cantonnées aux Pays du Sud ! Les agriculteurs français constatent désormais chaque années des sécheresses de plus en plus fréquentes, des intempéries de plus en plus violentes et des saisons décalées. Les zones côtières commencent à s’inquiéter, comme c’est le cas pour Les Sables d’Olonne : les risques élevés de montées des eaux entrainent de nécessaires subventions en vue d’adapter le plus vite possible ces espaces vulnérables.

L’aboutissement de cette COP est clair : nous ne pouvons pas compter sur les gouvernements pour des mesures radicales. Les actions doivent venir de la société civile. C’est à nous de changer notre regard, à nous d’imaginer un autre système, plus sobre, plus durable. Comme le rappelle le dernier rapport du GIEC, chaque degré compte ! Et même si la situation semble pessimiste, il est toujours temps de changer la donne pour les générations futures.

C’est à nous de dire STOP à cette société de l’ultra consumérisme mortifère qui détruit toutes les ressources et nous place en dehors des limites planétaires. Alors, sans attendre nos politiques, nous devons tous prendre part à la solution ! De toute façon, avons-nous le choix ? Et comme l’a si bien résumé Greta Thunberg, figure emblématique du mouvement militant :

Le vrai travail continue en dehors de ces salles. Et nous n’abandonnerons jamais, jamais

Sources

Huffpost, 13/11/2021 , Cop26: Greta Thunberg a fait le meilleur résumé du Pacte de Glasgow, en ligne

Le Monde, 14/11/2021, A l’issue de la COP26, le réchauffement climatique toujours loin d’être contenu à 1,5 °C, en ligne

Ouest France , 14/11/2021, « Je suis sincèrement désolé » : les larmes de déception du patron de la Cop26 en dévoilant l’accord, en ligne

Natacha Racinais