Le Canada et l’Impressionnisme : Nouveaux Horizons
Exposition au Musée Fabre de Montpellier du 19 septembre 2020 au 3 janvier 2021
Cette exposition, conçue pour le Musée National des Beaux-Arts du Canada, continue sa tournée Européenne et pose ses valises au Musée Fabre à partir du 19 septembre 2020.
Au travers de plus de 35 artistes et 109 tableaux, pour la plupart méconnus du public européen, l’exposition nous fait découvrir l’appropriation de l’esthétique impressionniste par les artistes canadiens. Maurice Cullen, William Blair Bruce, James Wilson Morrice, Frances Jones ou Laura Muntz sont autant d’artistes dont le retentissement en Europe fut absent mais qui, parallèlement, ont joué un rôle clef dans la diffusion internationale de l’impressionnisme.
L’exposition met en lumière le travail de deux générations d’artistes qui, entre 1880 et 1920, se sont formés en France auprès des artistes dits impressionnistes, puisant auprès d’eux un nouveau langage esthétique. De retour dans leur pays natal après un séjour français plus ou moins long, ce langage pictural nouveau participe à la constitution d’une véritable école de peinture canadienne.
Si les impressionnistes français se rejoignent avant tout par leur démarche artistique et commerciale – à contre-courant de la peinture officielle et du Salon qui empêche les artistes modernes de s’imposer sur la scène artistique – les peintres canadiens s’intéressent surtout au nouveau langage pictural dont ils sont porteurs. C’est l’idée de l’instant, du transitoire et sa traduction en peinture qui retient l’attention de ces artistes. Plus que l’expérience optique, c’est l’expérience sensible qui est le moteur de cette esthétique. La libération de la touche dans un geste émotionnel et rapide, l’obsession pour les variations de la lumière, l’absence du dessin et la traduction des formes par la couleur sont autant de composantes qui marquent les jeunes artistes canadiens venus étudier à Paris.
Par ailleurs, ce sont les mêmes motifs qui sont repris par ces artistes, et dont l’exposition rend compte au travers d’un parcours thématique : l’univers féminin et l’intime, la vie urbaine, Paris et la modernité, les bords de mer ou encore les campagnes enneigées…
Mais si l’impressionnisme français se concentre principalement sur des paysages urbains, des scènes de nature en banlieue parisienne ou des bords de mer bourgeois, les Canadiens adaptent ce langage à leur terre natale. On découvre alors de véritables morceaux de natures enneigées ou printanières, dont le paysage et la lumière sont caractéristiques de l’Amérique du Nord. L’adaptation de l’esthétique française aux particularismes de l’environnement canadien fait l’originalité et la spécificité de cette école.
Cette œuvre est exemplaire de ce nouveau langage pictural introduit au Canada par des artistes tel que Maurice Cullen, qui séjourna en Europe en 1895. Considéré comme l’un des premiers paysages canadiens peints à la manière impressionniste, il reprend les composantes picturales établies par les artistes français dans leurs paysages : comme Renoir l’avait annoncé, « le blanc n’existe pas dans la nature ». Loin d’être seulement blanche, la neige se manifeste dans des couleurs bleutées, des tons de jaune et d’ocre qui traduisent le reflet de la lumière sur ce paysage hivernal.