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Cinéma

Relic, un premier film en demi-teinte

Synopsis : Lorsque Edna, la matriarche et veuve de la famille, disparaît, sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent dans leur maison familiale isolée pour la retrouver. Peu après le retour d’Edna, et alors que son comportement devient de plus en plus instable et troublant, les deux femmes commencent à sentir une présence insidieuse dans la maison. Edna refuse de dire où elle était, mais le sait-t-elle vraiment ?

Relic est un film qui nous expose à plusieurs thèmes principaux, la démence, la solitude, la vieillesse et la maladie. Natalie Erika James nous parle de quelque chose de très personnel car sa grand mère souffrait d’Alzheimer. Pour son premier long-métrage, elle n’a pas voulu prendre de risque et on le ressent. Elle nous montre qu’elle sait jouer de la caméra et applique les codes de l’horreur connus du grand public, ce qui nous donne souvent un goût de déjà-vu. Le film prend son temps, peut-être même un peu trop, l’histoire avance progressivement étape par étape et les émotions se font ressentir seulement après une bonne moitié du film. Celui-ci pose des questions sans réponses. Heureusement, la frayeur se joue sur de multiples ambiances pesantes au son crispant, je retiens particulièrement une scène gore qui m’a presque fait détourner les yeux de l’écran.

En résumé, la réalisation est parfaitement maîtrisée, mais la lenteur du début et la difficulté à mettre en place le scénario m’empêche de rester accroché. Si vous préférez les ambiances au jump scares ce film est fait pour vous, autrement, il ne vous marquera pas et sera vite oublié.

Sam (Emily Mortimer) et Kay (Bella Heathcote) piégées dans la maison familiale © Relic, Natalie Erika James, 2020

Partie avec spoilers :

Le film commence sur une baignoire qui se remplit peu à peu. Finissant par déborder, la caméra suit l’eau qui descend les marches et nous emmène au premier étage, on y voit Edna de dos complètement nue.

Un an plus tard, Kay la fille et Sam la petite fille arrivent à la propriété après avoir été informées par les voisins qu’ils n’avaient pas vu Edna depuis un bon moment. Rien de particulier dans la maison, on y voit plusieurs post- it accrochés un peu partout, utilisés comme pense-bête, ce qui nous indique que la grand-mère souffre certainement d’Alzheimer.
Kay décide donc de prévenir la police locale et de partir à sa recherche. Edna rentre finalement chez elle comme si de rien n’était, son état nous laisse penser qu’elle souffre de démence, elle dit ne pas savoir où elle est partie durant ces quelques jours, ou alors elle ne veut pas nous le dire.

Une infirmière vient vérifier l’état d’Edna et découvre une étrange tache de moisissure noire sur sa poitrine, nous disant qu’elle a dû se cogner quelque part. On retrouvera cette espèce de tache de moisissure plusieurs fois dans le film, présente sur des murs de la maison sur des objets, et même dans l’urine d’Edna qui est devenu incontinente avec l’âge. En ayant fait quelques recherches, j’ai appris que les moisissures de ce genre en grande quantité et sur le long terme peuvent avoir un effet nocif sur le corps, comme des irritations, des problèmes respiratoires, mais peuvent aussi attaquer vos neurones et provoquer des dépressions, des hallucination et même la mort. Kay s’inquiétant de plus en plus pour sa mère décide d’aller visiter une maison de retraite à Melbourne. Lorsqu’Edna l’apprend, sa démence prend de plus en plus d’ampleur. Kay en pleine nuit, réveillée par du bruit au rez-de-chaussée, descend voir ce qu’il se passe, elle y voit sa mère, seule dans le salon marmonnant des mots, quand elle essaie de se rapprocher d’elle pour lui parler on aperçoit une silhouette derrière Kay, puis Edna revient à elle comme si de rien n’était. La silhouette qu’on a aperçue ne sera jamais revue et aucune explication ne nous sera donnée. Après une bonne heure et pas mal de longueur, le film commence enfin à rentrer dans sa partie horrifique.

Peu de temps après qu’Edna soit partie prendre un bain, Kay monte à l’étage et aperçoit de l’eau s’échapper de la porte, elle essaie de rentrer mais en vain, la porte est close et Edna ne répond pas, Kay monte sur un meuble pour voir ce qu’il se passe, elle voit sa mère en train de se poignarder la poitrine à plusieurs reprises, prise de panique elle tente de forcer la porte, mais Edna sort brusquement et court dans la maison, lorsque Kay l’a rattrapée, elle voit sa mère avec le couteau planté dans sa joue, et réalise que ce n’est plus de la démence mais quelque chose de beaucoup plus profond. Sam pendant ce temps, découvre une autre moisissure dans une chambre à l’étage et décide de suivre ses traces, elle s’enfonce peu à peu dans un endroit de la maison qu’elle ne connaissait pas et lorsqu’elle décide de retourner sur ces pas, l’entrée par où elle est passée n’est plus là et se rend compte qu’elle est prise au piège dans une sorte de labyrinthe. Cette scène nous explique donc où Edna avait bien pu disparaître tout ce temps.

Edna (Robyn Nevin ) en proie à une moisissure grandissante © Relic, Natalie Erika James, 2020

Sam pris au piège dans le labyrinthe qui se resserre de plus en plus réussi à casser un mur et se retrouve avec Kay, elles sont toutes les deux effrayées par les événements. Poursuivis toute les deux par Edna, il se retrouvent coincés au fond d’un couloir avec pour seul issue un petit passage étroit, Sam passe en première et au moment ou Kay passe, la caméra filme de l’autre côté, et la, sans aucune surprise, notre héroïne se fait attrapé les pieds par Edna. Cette scène a déjà été vu dans des centaines de film, on l’a tous vu au moins une fois, et c’est je pense ce qui m’a fait le plus décrocher du film, cet amas de choses déjà vues. Pour la fin du film, Kay et Sam arrivent à sortir de la maison laissant Edna allongée par terre à moitié morte, mais une fois passée la porte Kay s’arrête et réalise qu’elle est encore une fois en train de laisser seule sa mère, elle fait demi-tour, ramasse sa mère et la monte dans sa chambre, l’ambiance redescend, tout redevient calme. Kay s’assoit près de sa mère et lui retire sa peau, pourrie par la moisissure (on nous offre une sacré scène bien gore). Une fois ôtée de toute sa peau, Kay s’allonge à côté de sa mère la regardant mourir, Sam qui les a rejoint s’allonge derrière eux et y voit une tache dans son dos, la même tache de moisissure qu’Edna avait sur la poitrine.

Le message final montre que Kay et Sam n’ont pas abandonné Edna. Je pense que le film a de nombreux aspects métaphorique. Mais malgré ça le manque de question sans réponse m’a laissé insatisfait sur la fin.

Mathys Chaplart