Psychose: la maîtrise hitchcockienne dans toute sa splendeur
Marion Crane crie alors qu’elle est assassinée en prenant sa douche : il s’agit d’une des images les plus mythiques du cinéma, mais aussi d’une grande manipulation signée Alfred Hitchcock.
En effet, la réussite de Psychose repose d’abord sur ce procédé scénaristique, menant de fausse piste en fausse piste. Après avoir suivi la fuite de Marion pendant le premier tiers du film, la mort de la tête d’affiche (le personnage est interprété par Janet Leigh) apparaît particulièrement inattendue, ce qui participe à l’horreur de la séquence.
Mais ce n’est pas tout : le montage rapide, la succession de gros plans et la musique stridente, comme si même les violons criaient, produisent un choc soulignant la violence du crime.
Toutefois, Hitchcock ne se contente pas de créer la surprise, puisque le film est loin de pouvoir se résumer à son plot-twist final : il parvient à déployer une ambiance sinistre par tous les moyens de la mise en scène. Sans parler de sa relation avec sa mère, la passion pour la taxidermie de Norman Bates et le décor mystérieux dans lequel il vit rendent rapidement effrayante la présence de ce personnage qui se révèle être un tueur psychotique.
Dès lors, chaque mouvement, chaque sourire, chaque changement de position de Norman devient terriblement inquiétant grâce au jeu d’acteur d’Anthony Perkins. La scénographie du motel, surplombé par la maison gothique d’où on aperçoit l’ombre de la mère de Norman, contribue grandement à l’atmosphère mystérieuse. Ce qui renforce l’ingéniosité de cette trouvaille, c’est qu’elle permet aussi de traduire visuellement l’emprise que Mme Bates a sur lui.
Par ailleurs, le contraste du noir et blanc qui se renforce à mesure que l’esprit dérangé de Norman se dévoile, sert l’efficacité de la montée en tension. De même, les angles de prises de vues apparaissent de plus en plus incongrus et angoissants, en particulier lors des scènes de meurtre majoritairement filmées en plongées et contre-plongées.
C’est cette précision du geste, que ce soit dans la direction des acteurs, de la caméra ou encore de la lumière, qui fait toute la différence : Hitchcock a compris que le diable se met en scène dans les détails.
Marion Pourrier