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Cinéma

Live By Night , le nouveau film de gangster de Ben Affleck

Ce mois de novembre nous a accueilli avec un confinement partie deux, et donc une fermeture des cinémas. On ne parlera donc pas d’un nouveau film mais d’une sortie streaming sur Netflix.

Boston, dans les années 20. Malgré la Prohibition, l’alcool coule à flots dans les bars clandestins tenus par la mafia et il suffit d’un peu d’ambition et d’audace pour se faire une place au soleil. Fils du chef de la police de Boston, Joe Coughlin a rejeté depuis longtemps l’éducation très stricte de son père pour mener une vie de criminel. Pourtant, même chez les voyous, il existe un code d’honneur que Joe n’hésite pas à bafouer.

Après avoir reçu l’oscar du meilleur film sur son dernier long-métrage (Argo), Affleck prend une certaine confiance en tant que réalisateur et ose prendre des risques. Il nous propose un film de gangster, genre qui a perdu en popularité au 21è siècle, qui pourtant arrive à nous captiver pendant deux heures. La reconstitution de Boston et Tampa dans les années 20 est clairement réussie et Robert Richardson ( directeur de la photo sur la moitié des films de Tarantino ) sait comment nous séduire avec ces images. Le seul défaut que l’on pourrait reprocher à ce film c’est d’être trop court. L’histoire est remplie de sujets et de personnages intéressants, 30 minutes de plus aurait été parfait pour approfondir toutes ces thématiques. Cependant, le film nous réserve plusieurs belles surprises, il ne renouvelle pas le genre du film de gangster certes, mais reste captivant avec des thèmes intéressants tels que le racisme, la rédemption et suivre ses propres choix malgré l’environnement qui nous entoure.

Le couple Joe/Emma ( Ben Affleck/Sienna Miller )  © Live By Night (2020), Ben Affleck

Partie avec spoilers 

La première chose intéressante de ce film est qu’il nous raconte l’histoire par narration à la première personne et avec une histoire aussi dense que celle ci c’était la meilleure chose à faire pour ne pas perdre son spectateur. Le film s’ouvre sur un montage photo de la première guerre mondiale, et nous explique donc comment Joe en est venu à devenir un malfaiteur: être soldat traumatise et change les gens (Thomas Shelby dans Peaky Blinders pourrait vous le confirmer).

S’en suit un braquage et la rencontre entre Joe et Emma, le tout en plan séquence, ce qui nous emporte immédiatement dans le film, la caméra tourne autour des personnages, on est littéralement en train de vivre le moment avec eux, un deuxième plan séquence aura lieu plus tard pour introduire Graciela (Zoe Saldana). Le plan séquence a toujours un impact plus puissant sur le spectateur, alors s’en servir pour introduire le thème de l’amour et de la passion est un choix astucieux. 

Ford modèle T utilisée pour le film,  © Live By Night (2020), Ben Affleck

Joe continue ses braquages un finira d’ailleurs en course poursuite.  Affleck avait déjà eu recours à cette mise en scène, parfaitement bien maîtrisée, dans The Town, sauf qu’ici le challenge est de taille. En effet, nous sommes dans les années 20 et les voitures les plus rapides sont loin de ce qu’on connaît actuellement alors pour rendre la scène intense, il ont dû repenser complètement la façon de filmer. L’effet est réussi: on ne voit pas une course poursuite/fusillade dans des Ford modèle T tous les jours ! 

Loretta Figgis (Elle Fanning) durant son discours,  © Live By Night (2020), Ben Affleck  

Après avoir été trahi par son premier amour, plus rien ne retient Joe à Boston, il accepte donc un job à Tampa en Floride. On y voit un net changement de teintes dans l’image, Boston avait cette ambiance froide très bleutée, au contraire de Tampa qui se montre beaucoup plus chaud aux couleurs orangées. Il y rencontre le chef Figgis (Chris Cooper) et par la même occasion sa fille Loretta (Elle Fanning). Elle Fanning est juste incroyable dans ce rôle, elle arrive parfaitement à nous transmettre les émotions du personnage: on aurait vraiment aimé la voir plus longtemps à l’écran. La rencontre entre Joe et Graciela permet d’aborder le sujet du racisme dû à  la couleur de peau de Graciela. Le Ku Klux Klan va même faire son apparition pour nous montrer que cette époque d’après-guerre est touchée par cette haine et cette violence. Lors de la séquence finale, Joe est dechiré par la mort de sa femme. Cependant, ce qui devait sans doute être la scène la plus touchante du film, ne parvient pas à nous émouvoir. On voit Joe agenouillé de dos près de sa femme, la caméra nous prive de visage, de larmes, d’émotion.

En définitive, Live By Night est un bon film, avec des superbes acteurs et une photo magnifique, film qui aurait été plus apprécié avec des thèmes plus approfondis, mais l’ambiance générale nous fait passer un excellent moment.