Catégories
Actualités culturelles

La Fillette au braisier de Georges de La Tour atteint un record

La Fillette au braisier de Georges de La Tour atteint un record aux enchères.

Le 8 décembre 2020, la maison allemande Lempertz à Cologne vendait La Fillette au braisier de Georges de La Tour, peinte dans les années 1646-1648. Le tableau a été acquis pour 4,3 millions d’euros par un acheteur anonyme, un prix record pour l’artiste dont on conserve à peine cinquante toiles. Comment peut-on l’expliquer ?

Pour comprendre, il faut se pencher un peu plus sur l’artiste. Georges de La Tour (1593-1652) est un maitre de la peinture française du XVIIe siècle. Il tombe dans l’oubli et l’histoire de l’art lui accorde peu d’importance jusqu’à sa redécouverte lors de l’exposition « Les Peintres de la réalité » en 1934, suivie en 1972 d’une exposition rétrospective au musée de l’Orangerie à Paris, « Le Songe de Saint Joseph ». Le peintre originaire de Lorraine possède un style propre notamment emprunt à des influences caravagesques. Il est connu pour ses scènes diurnes réalisées entre 1635 et 1638 et ses scènes nocturnes éclairées à la bougie réalisées entre 1640 et 1650.

Capture écran de la vidéo publiée par Lempertz Auctioneers le 6 novembre 2020

Sur un fond sombre se détache une fillette de profil qui souffle sur un brasier. Cet intérieur plongé dans l’ombre dépouillé de tout indice permet au spectateur de focaliser toute son attention sur la fillette. Il s’agit d’une scène nocturne, caractéristique de la période tardive du peintre, où le brasier est la seule source de lumière. Celui-ci éclaire le profil de la fillette ainsi que son cou, le haut de sa robe et sa main droite. Cette manière est retrouvée dans beaucoup de toiles de l’artiste ce qui a pour effet de le qualifier de maitre du clair-obscur, baigné dans les influences du Caravage. Cette influence italienne est incontestable, pourtant le mystère plane toujours sur un éventuel voyage de l’artiste au pays du Caravage.

Les oeuvres de Georges de La Tour sont rares. On ne connait aujourd’hui que 48 tableaux du maître. Celui-ci est d’autant plus important qu’il est signé par l’artiste. En France, on conserve quelques tableaux du peintre, notamment aux musées du Louvre (Le tricheur à l’as de carreau) ou de Rennes (Le Nouveau-Né), ainsi qu’à Nantes et Epinal. Le précédent record obtenu lors de la vente d’un tableau de l’artiste était en 2008 chez Sotheby’s avec la vente du Saint-Jacques le Majeur pour 3,6 millions de dollars (environ 3 millions d’euros), aujourd’hui au Metropolitan Museum de New York.

La fillette au braisier se trouve maintenant dans les bras de cet acheteur anonyme, mais quand est-il du public ? Il ne reste plus qu’a souhaiter que cet ancien tableau de la collection privée de l’homme d’affaires allemand Hinrich Bischoff (1936-2006) continue d’apparaître lors d’expositions temporaires, comme ce fut le cas en 2006 au musée du Prado lors d’une rétrospective Georges de La Tour.