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Briefing à l’Américaine: Les divisions dans le parti démocrate

Bien que les démocrates  semblent avoir gagné les présidentielles, leur performance n’était pas aussi spectaculaire à la course au Sénat et à la Chambre des Représentants. Ils ont perdu 6 sièges à la Chambre (Parlement) et font face à une probable défaite au Sénat, qui était supposé tourner au bleu. Sans la menace d’une réélection de Trump, les démocrates modérés et radicaux se seraient autorisés à blâmer les factions au sein du parti pour les élections relativement médiocres qu’ils ont eues.

Les membres modérés ont reproché aux plus radicaux d’effrayer les circonscriptions en revendiquant leurs tendances démocrates-socialistes. Rappelant une rhétorique de l’ère du MacCarthysme, les Républicains ont exploité cela pour rallier les populations rurales et les communautés immigrantes des anciens pays communistes en comparant les démocrates aux Castro ou Khrouchtchev du monde contemporain.

Les progressistes pointent du doigt que parmi les sièges qui ont été perdus au sein de la Chambre durant les élections de 2020, la plupart ont été perdus par les modérés. Les progressistes s’en sont par ailleurs bien mieux sortis que les modérés, après avoir passé le test de la démocratie. Naturellement, les factions les plus à gauche affirment que cette élection prouve que le parti Démocrate a besoin de se réinventer. 

Avec un Président élu Démocrate, les désaccords entre ces deux factions du parti Démocrate et les conséquences de ces tensions joueront un rôle central dans le futur de la politique américaine pour les quatre prochaines années. 

English version below

Présentation des factions : les différences idéologiques et politiques :

La faction modérée du parti Démocrate est le mieux représentée par des membres tels que Nancy Pelosi ou Joe Biden. Ils sont considérés comme étant les figures “orthodoxes” du parti comme ils en sont les membres les plus âgés et incarnent une certaine continuité politique depuis Bill Clinton. Les membres de cette faction se considèrent comme étant des pragmatiques, en partie pour se mettre en opposition avec – ce qu’ils considèrent être – les idéalistes plus à gauche, mais également parce qu’ils croient que le moyen le plus efficace d’induire le changement en Amérique est de se focaliser sur le maintien au pouvoir du parti. Le principe central de cette réflexion est assez simple : c’est seulement en conservant le pouvoir que les Démocrates pourront promulguer leur politique.

Ils affirment également qu’afin de rester au pouvoir, le parti doit prôner une politique plus centriste puisque c’est ce qui attire les républicains modérés, qu’ils considèrent comme étant les électeurs clés afin de gagner les élections. En conséquence, ils critiquent le côté le plus à gauche du parti qui promouvrait une politique trop à gauche, compromettant à terme leurs capacités à prendre des décisions politiques en faveur d’une idée abstraite “de pureté idéologique”.

Capture d’écran de la chaîne youtube PBS Newshour

Cependant, des membres tels que le Sénateur Bernie Sanders ou la “Squad” (“l’Equipe”) (un groupe d’élues au Congrès américain composé d’Ilhan Omar, Rashida Tlaib, Ayanna Presley et Alexandria Ocasio- Cortez), représentent le côté progressiste du parti. Les soi-disant“progressistes” croient qu’au contraire, la clé pour garder le pouvoir est de rester fidèle aux véritables valeurs Démocrates en attaquant la racine du problème. Autrement dit, ils croient que pour gagner les élections, les Démocrates doivent promulguer une politique qui change radicalement les systèmes qui ont mené à la montée d’une rhétorique aux aspects fascistes au sein du pays. Cela veut donc essentiellement dire qu’il faudrait promulguer des politiques qui se focalisent sur l’élimination de structures qu’ils considèrent comme étant systémiquement racistes en les remplaçant par des institutions qui assurent la création d’un État providence comme nous le vivons ici en France. Ces mesures ne sont pas limitées à une simple augmentation du salaire minimum, qui permettrait un affranchissement économique des classes pauvres et moyennes de l’Amérique centrale, à la suppression de la dette étudiante ou à “defunding(“définancer”) la police. 

Les désaccords politiques majeurs : 

Cette dernière mesure constitue l’un des désaccords majeurs au sein du parti Démocrate datant des manifestations liées au mouvement “Black Lives Matter” l’été dernier. En dépit du fait que tout le parti semble être d’accord que le racisme systémique était un réel problème qui affectait uniquement les minorités ethniques, les mesures pour le résoudre étaient tout à fait différentes. Des membres tels qu’Alexandria Ocasio-Cortez préconisent de réinvestir les fonds accordés à la police dans d’autres programmes tels que la réadaptation des toxicomanes ou encore dans les soins liés aux troubles psychologiques, en étant convaincus que ces efforts pourraient simultanément faire baisser les violences policières et le taux de crime dans le pays. Joe Biden a fait la promesse qu’il ne prendrait pas ces mesures-là mais qu’il opterait plutôt en faveur d’une augmentation des régulations des caméras fixes au sein de la police en renforçant les corps de police locaux afin qu’ils « reflètent la diversité” de ces communautés.

Capture d’écran chaîne youtube du Washington Post

L’autre grande question est le système de santé. Tandis que les progressistes ont poussé pour un programme appelé “Medicare for all” (la santé pour tous), qui est essentiellement un modèle calqué sur le système de santé en France, les modérés ont choisi d’inclure un réaménagement du Obamacare, ce qui permettrait aux américains de garder leur assurance privée. Dans le plan des modérés, ceux qui optent pour l’Obamacare auront toujours à payer de leur propre poche (même si ce sera moins qu’avant) leurs visites chez le docteur ou leurs opérations. 

Qu’est-ce qui nous attend pour le futur ?

Même si les modérés ont la majorité du pouvoir au sein du parti, le nombre des sympathisants progressistes a augmenté de manière significative depuis 2016. La membre du Congrès Alexandria Ocasio- Cortez a déjà fait part de sa volonté de faire avancer son programme et faire pression au sein du parti afin de faire entendre des idées et une politique plus progressistes. Cependant, la Présidente de la Chambre Nancy Pelosi a dévoilé publiquement sa réticence envers la politique des progressistes. 

Les tensions pourraient se manifester encore plus violemment qu’avant. Est-ce réellement impossible d’imaginer une division au sein du parti ? En dépit du fait que les partis secondaires ne parviennent pas à avoir de réelle influence sur le système politique américain très bipartite, il y a tout de même un précédent de division de parti majeure suivie de l’émergence d’un troisième parti aux Etats-Unis. L’autre possibilité est que le parti change drastiquement sa tribune, ce qui est aussi arrivé dans le passé, sous l’administration de Franklin D. Roosevelt. 

Les Démocrates sont témoins d’un combat interne “pour l’âme du parti”, dont l’issue pourrait laisser une trace plus indélébile sur le pays qu’une rivalité partisane.


English version

Although the Democrats seem to have won the Presidency, their performance wasn’t as spectacular in the House and Senate races. Democrats lost a net of 6 seats in the house (parlement) and are facing a very probable defeat in the Senate, which was expected to turn blue. Without the threat of Trump’s re-election, moderate and radical Democrats have allowed themselves to start blaming factions within the party for the rather mediocre elections they have had. 

Members of the moderate side have blamed the more radical Democrats of scaring constituencies by their self- proclaimed Democratic-Socialist tendencies. Reminiscent of a McCarthy era rhetoric, Republicans used this point to rally rural populations and immigrant communities from ex-communist countries by comparing Democrats to the Castros or the Khrushchevs of the World. 

Progressives point to the house races that were lost during the 2020 elections, most of those were lost by moderates. Progressives actually fared far better than moderates when put to the test of democracy. Naturally, the more leftist faction argues that this election proves that the Democratic party needs to reinvent itself. 

With an upcoming Democratic President, the disagreements between these two parts of the Democratic party and the consequences of those tensions will play a central part in shaping American politics during the next four years.

Meet the Factions: The ideological and political differences

The moderate faction of the Democratic party is best represented by characters like Nancy Pelosi or Joe Biden. They are considered the “orthodox” figures of the party as they are generally the most senior members of the party and embody a certain continuity of policy since Bill Clinton. Members of this faction consider themselves as pragmatists, partly to put themselves in opposition to– what they consider– the more leftist idealists but also because they believe that the most effective way to enact change in America is to focus on maintaining the party in power. The core tenant is pretty simple, only by maintaining power can Democrats enact policy.

They also assert that in order to stay in power, the party must advocate for more centrist policies, because those are the measures that attract moderate republicans which they believe are the key constituency to win elections. Consequently, they criticize the more leftist side of the party for pushing a further-left agenda that ultimately compromises their ability to make political decisions for an abstract idea of “ideological purity”.

Capture d’écran de la chaîne youtube PBS Newshour

On the other hand, members such as Senator Bernie Sanders or the “Squad”( A group of congresswomen composed by Ilhan Omar, Rashida Tlaib, Ayanna Presley and Alexandria Ocasio- Cortez) represent the progressive side of the party. The so called “progressives” believe that on the contrary, the key to holding power is to stay true to Democratic values by attacking issues at their root. In other words, that to win elections, Democrats must enact policies that radically change the systems which led to the rise of fascist-like rhetoric within the country. This essentially means to enact plans that concentrate on eliminating structures that they consider systemically racist and replacing them with institutions that ensure the creation of a welfare state as we understand it here in France. These measures include, but are not limited to raising the minimum wage, which would allow from the economic enfranchisement of lower and middle classes of middle america, eliminating student debt or defunding the police. 

The Core Policy disagreements

This last measure constitutes one of the core disagreements within the Democratic party, dating back to the Black Lives Matter protests in summer. Although all of the party seems to agree that systemic racism was a real issue that solely affected communities of colour, the measures to deal with it were vastly different. Members like Alexandria Ocasio-Cortez advocate for diverting funds from police departments to other programs such as drug-rehabilitation or mental health programs believing these efforts would simultaneously lower police brutality and crime rates in the country. Joe Biden ran on the promise that he would not do such a thing opting rather to increase regulations on body cameras for police and to strengthen local police bodies that would “reflect the diversity” of those communities. 

Capture d’écran chaîne youtube du Washington Post

The other big issue is healthcare. While the progressives have pushed for a program called “medicare for all”, essentially an American remodeling of the French healthcare system, moderates have chosen to include a moderate revamping of Obamacare which would allow Americans to maintain their private insurance. In the moderate’s plan, those who opt in to Obamacare will still have to pay out of their own pockets (even though less than before) for things like doctor visits or surgeries. 

What does the Future Hold?

Although the moderates hold most of the power inside the party, the progressives have seen a drastic surge in numbers and in supporters since 2016. Congressperson Alexandria Ocasio- Cortez has already voiced her will to push her agenda and to pressure the party to more progressive ideas and policies. On the other hand Speaker of the House Nancy Pelosi has raised her qualms with the progressives publicly

The tensions could manifest themselves more violently than before. Is it outside of the realm of the possible to imagine a split in the party? Although 3rd parties generally fail to have any real influence in the very bi-partisan American political scene, there is a precedent for major party split and the surging of a third party in the United States. The other possibility is that the party changes its platform drastically, which has also happened before, under the FDR administration. 
The Democrats are witnessing an internal “fight for the soul of the party”, the outcome of which might leave a more permanent mark on the country than partisan rivalry.


Sources

https://www.politico.com/news/magazine/2020/11/12/what-planet-is-aoc-on-436258

https://www.brookings.edu/blog/fixgov/2020/06/19/what-does-defund-the-police-mean-and-does-it-have-merit/

https://www.bbc.com/news/election-us-2020-53997196

https://joebiden.com/healthcare/#

https://www.healthline.com/health/what-medicare-for-all-would-look-like-in-america#15

https://www.nytimes.com/2020/11/07/us/politics/aoc-biden-progressives.html