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Présidentielles 2022 : L’union des Gauches, un vieux fantasme ? La réponse de la société civile

Alors que la campagne présidentielle est déjà lancée et que l’on compte chaque jour un peu plus de candidats de gauche comme de droite à la course pour l’Élysée, une plateforme aux idées sociales, démocratiques et écologiques formée par un collectif de jeunes citoyens issus de la société civile propose une autre alternative pour désigner un candidat commun à la gauche :« La primaire populaire ».

À l’origine de cette initiative on retrouve des déçus des sempiternelles divisions de la gauche. Initiée par le « Bloc des justices » – bloc visant à proposer une société radicalement juste et égalitaire, entre les humains, et vis-à-vis de l’environnement – la structure incubatrice de cette primaire populaire fut la rencontre entre de jeunes militants et de jeunes entrepreneurs, une rencontre qui a abordé des sujets majeurs comme le climat, la justice, le social, la démocratie… La structure nommée « 2022 ou Jamais » fut chargée de l’organisation de cette primaire. Celle-ci, dirigée par six salariés, a réussi à lever plus de 300 000 euros pour son organisation. Parmi les fondateurs de la Primaire Populaire, on retrouve Mathilde Imer, une des principales têtes de gondole de la Convention citoyenne pour le climat de 2019. Désormais, elle est l’actuelle porte-parole de cette plateforme aux côtés de Samuel Grzybowski, fondateur du mouvement interconvitionnel de jeunes, Coexister – mouvement permettant à des jeunes de 15 à 35 ans de créer du lien social et de promouvoir un mieux vivre ensemble – dont il fut président pendant 12 ans. Afin d’avoir plus de poids, 178 élus de gauche et écologiques ont donné leur soutien à cette primaire populaire. Le projet est également soutenu par plusieurs intellectuels, des économistes ainsi que par des personnalités du monde du cinéma comme Juliette Binoche, Cyril Dion, Charles Berling.

Lors des dernières élections régionales et municipales qui se sont tenues le 20 et 27 juin 2021, un constat alarmant a refait son apparition à la suite de l’ouverture des scrutins, le taux d’abstention massif. À 11 mois du premier tour de l’élection présidentielle, l’abstention n’a jamais été aussi importante, seulement une minorité d’électeurs s’étant déplacée, 34,5% au second tour des régionales. Pire encore, chez les moins de 24 ans, seulement 23% d’entre eux sont allés aux urnes. Le fossé entre les jeunes générations et le monde politique semble s’élargir de plus en plus. Face à cela, des citoyens du collectif « Rencontre des justices » – groupe regroupant des activistes pour des lutte écologiques, sociales, antiracistes, féministes– souhaitent proposer une alternative concrète pour les jeunes, dans laquelle ils pourraient se retrouver et renouer avec la politique.

Leur objectif est simple ; présenter un candidat rassembleur et crédible à l’élection présidentielle en capacité de gagner afin de devenir véritable troisième voix entre « un bloc identitaire » et un « bloc néolibéral ». Samuel Grzybowksi explique qu’il s’agit d’éviter un nouveau duel Le Pen-Macron au second tour des présidentielles pour 2022.

Alors que le PS semble réfractaire à une potentielle primaire citoyenne dû au traumatisme de 2017 et l’échec cuisant de Benoit Hamon à la présidentielle (seulement 6% des suffrages au premier tour), pour le reste du PS le mot « primaire » est désormais synonyme de « division ». D’autres candidats tels que Xavier Bertrand à droite ou encore Arnaud Montebourg à gauche souhaitent mener leur barque tout seul et refusent d’entendre parler d’une primaire avec les autres candidats de leur camp politique respectif.

Concernant les partis finalistes de la dernière élection présidentielle, le choix est simple : on prend les mêmes et on recommence, Marine Le Pen ayant été désignée candidate lors d’une élection en interne du parti début juillet et Emanuel Macron se représentera pour mandater un second quinquennat. Le concept même des primaires semble avoir pris du plomb dans l’aile ces derniers temps.

Pour les fondateurs de la Primaire Populaire, la gauche ne peut pas gagner si elle part divisée, partir avec un candidat commun est l’unique solution pour leur éviter un désastre politique. Ainsi le 11 juillet dernier a débuté la première phase de la Primaire Populaire en ligne, dite la phase de parrainage, qui servira à désigner un potentiel candidat « rassembleur des gauches ». Les électeurs auront jusqu’au 11 Octobre prochain pour exprimer leurs souhaits et décider quels candidats auront leur soutien. De cette manière, pendant trois mois les votants pourront faire deux choses en se connectant sur la plateforme « 2022 ou Jamais ». Premièrement, ils seront amenés à soutenir leur candidat favori déjà en lisse en le parrainant, c’est-à-dire en votant pour lui.

Deuxièmement, si aucun nom proposé ne leur convient, ils auront la possibilité de glisser celui du candidat qu’ils souhaiteraient voir concourir à la présidentielle 2022, qu’il ou elle provienne, ou non, du monde politique. Une fois les trois mois de parrainage terminés, les cinq femmes ainsi que les cinq hommes ayant reçu le plus de parrainages par les internautes pourront, s’ils le souhaitent, se présenter officiellement comme candidat à la Primaire Populaire qui se tiendra en novembre 2021. Celui ou celle qui sortira victorieux de cette primaire se verra alors propulser dans la course à la présidence. Les candidats qui se présenteront confirmeront ainsi l’engouement dont ils font part et de fait devront adhérer à des valeurs écologiques, sociales et de justice ainsi qu’au socle commun des « 10 mesures de rupture ».

Les créateurs de La Primaire Populaire assurent que tous les candidats désignés devront respecter le socle d’idées commun. Le socle commun a été rédigé par plus de dix partis politiques, allant de La France Insoumise (LFI), à Europe écologie les Verts (EELV), en passant par Le Parti Socialiste (PS) et le Parti communiste (PC)… Néanmoins, malgré la rédaction du programme approuvé par l’ensemble de ces partis, aucun d’entre eux n’a adhéré au principe d’une primaire. Parmi ces « 10 mesures de rupture », nettement marquées à gauche, on peut trouver le plafonnement des marges de la grande distribution, un revenu de solidarité dès 18 ans, une hausse du Smic, une diminution du temps de travail, une restauration de l’ISF, l’Assemblée nationale élue à la proportionnelle… Sur le site de la Primaire populaire, il est dit que ces propositions sont inspirées des de mouvements sociaux de ces dernières années.

À l’heure actuelle, la participation au projet semble en-deçà des attentes, seulement 70 000 votants ont participé à l’étape des parrainages, ce processus est donc encore très loin d’atteindre les 300 000 participants, seuil qui selon eux, permettrait d’initier une dynamique populaire et qui dépasserait par conséquent, les 220 000 adhérents de Jean-Luc Mélenchon et de LFI devenant ainsi le principal prétendant pour l’Élysée du côté de la gauche. Ce seuil des 300 000 votants obligerait ainsi les réfractaires à une primaire commune de la gauche comme Jean-Luc Mélenchon ou Anne Hidalgo à y participer, au risque de se retrouver à contre-courant.

Pour le moment, Christiane Taubira, ancienne garde des sceaux et François Ruffin, réalisateur et député LFI sont les candidats potentiels ayant reçu le plus de parrainages. À noter que ni l’un ni l’autre n’a partagé son envie publiquement de participer à l’élection de 2022.

Autre fait intéressant que met en avant cette Primaire Populaire est le peu de votes donnés aux principales figures de la gauche s’étant déjà désignées comme candidat tels que Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Yannick Jadot ou encore Arnaud Montebourg. Si cette primaire a bel et bien lieu et que le seuil des 300 000 votants est atteint, elle se tiendrait en novembre après que tous les partis de gauche aient désigné leur candidat respectif et mélangerait le gagnant de l’étape des parrainages avec ces derniers, lors de cette ultime primaire afin de n’avoir qu’un unique candidat pour toute la gauche et éviter un potentiel deuxième naufrage.

Rendez-vous en novembre pour voir si la Primaire Populaire aura bien lieux et si les réfractaires de gauche auront changé d’avis. Si vous souhaitez y participer, c’est par ici.