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Les candidat.e.s et leur programme LGBTQI+

À 23 jours du premier tour des élections présidentielles de 2022, petit récapitulatif des programmes des candidat.es, sous le prisme de la politique LGBTQI+, histoire d’y voir plus clair.

Par souci de synthèse et de clarté, les candidat.e.s seront distingué.es selon que leur politique est favorable aux LGBTQI+, qu’elle est silencieuse ou mitigée, ou encore qu’iels, portent une politique ouvertement hostile aux droits des LGBQI+.

Les candidat.es aux politiques favorables aux LGBTQI+ : Roussel, Poutou, Mélenchon, Jadot et Hidalgo

C’est sans surprise les candidat.e.s de gauche qui se hissent en défenseu.r.se.s des droits LGBTQI+ : Fabien Roussel, Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo.

Le candidat du Parti communiste veut « garantir l’égalité des droits et des personnes LGBTQI+ », dans une perspective d’émancipation et d’égalité. Son programme contient un certain nombre de mesures qui vont dans le sens des droits LGBTQI+. Par exemple, il prône la gratuité du changement d’état civil, la modification des formulaires administratifs pour les rendre inclusifs, l’accès effectif à l’adoption et à la PMA pour tou.te.s, une véritable prévention et éducation en matière LGBT, qu’il s’agisse des LGBTQIphobies ou encore de l’éducation au VIH et aux IST.

Son programme propose également de mettre fin aux mutilations des personnes intersexes, lesquelles se verront reconnaitre l’intersexualité à la naissance. Le parcours de transition des personnes transgenres sera intégralement remboursé. Le seul « point noir » demeure une extrême discrétion dans les médias sur ces questions.

Quant à lui, le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) veut garantir les mêmes droits pour tout le monde (ciblage de la PMA, la filiation, la fin des stérilisations forcées, la facilitation du changement d’état civil, l’arrêt des mutilations des personnes intersexes), mise en place de moyens financiers contre les LGBTphobies. Le NPA comprend par ailleurs une commission LGBTI, et a souvent lutté, par le passé, contre la transphobie, et contre l’extrême droite.

Même ambiance du côté de la France Insoumise. Le parti a l’habitude de défendre les questions de changement de nom, de genre, ou encore de défendre le mariage pour tou.te.s. Il défend plus globalement « l’égalité des droits pour les personnes ». Dans son programme, Jean-Luc Mélenchon défend le changement d‘état civil libre et gratuit devant un officier d’état civil. Il soutient également la mise en place d’un plan d’action, de formation et de sensibilisation sur les LGBT-phobies dans le sport.

Ce sont souvent les écologistes qui sont pourtant donnés « en tête » du classement en matière de politiques LGBTQI+, car Yanick Jadot avait déclaré être favorable à une GPA « éthique », proposition qu’il ne porte pourtant plus.

L’écologiste veut par ailleurs mettre en place un haut conseil à la lutte contre les discriminations, et inscrire « dans les priorités du gouvernement un plan national de lutte contre le racisme et les discriminations » et instaurera « des sanctions à l’encontre des entreprises qui pratiquent la discrimination à l’embauche ».

Il souhaite également reconnaître automatiquement la filiation des enfants nés de GPA à l’étranger, ouvrir la possibilité de la technique de la ROPA (méthode, pratiquée dans plusieurs pays en Europe qui permet qu’une femme du couple porte l’embryon fécondé avec l’ovocyte de sa compagne), élargir la PMA aux hommes transgenres dotés d’un utérus, ce qu’interdit la loi votée en 2021 . Permettre » le don d e spermatozoïdes amical ».

Le programme du candidat veut également permettre « un parcours de soin et un changement d’état civil sur simple demande de manière gratuite », et supprimer la liste des pays qualifiés de « sûrs » (la France considère que ces pays respectent les principes minimaux de liberté et d’État de droit, permettant de refuser systématiquement les demande d’asile qui en proviennent. Problème, certains d’entre eux pénalisent l’orientation sexuelle ou l’identité de genre).

Anne Hidalgo, la candidate du Parti socialiste, a elle aussi un programme très favorable aux droits et aux personnes LGTQI+. Elle propose de mettre en place des moyens supplémentaires dans l’accès à la santé notamment pour les personnes séropositives au VIH, une formation obligatoire du personne de l’éducation nationale à la lutte contre les discriminations et le harcèlement, et propose également d’intégrer la lutte contre les LGBTQI+ phobies dans l’enseignement scolaire.

Elle rappelle également la mobilisation de la France sur le plan international concernant la dépénalisation de l’homosexualité et affirme que la France continuera, sous son mandat, à porter cette « grande cause humaniste ». On rappellera par ailleurs que la candidate, que ce soit dans ses interventions publiques passées ou dans ses actions à la Mairie de Paris, a beaucoup fait pour les personnes LGBTQI+.

Les candidat.es silencieux.ses, favorisant le statu quo, ou aux programmes mitigés : Macron,
Lassalle et Arthaud

Le premier d’entre eux est le président sortant, Emmanuel Macron. Pendant sa campagne de 2017, Emmanuel Macron avait tenté de s’ériger en “défenseur des LGBT” pragmatique et progressiste, mais aussi comme une figure conciliatrice. Il explique alors dans un entretien à l’Obs que les opposants au mariage pour tous “ont été humiliés”, en défendant leurs positions. Cependant, c’est ce même “progressisme pragmatique” qui est cité comme la raison de son avis favorable à l’ouverture de la PMA pour toutes.

C’est également sous son quinquennat que la procréation médicalement assistée, ou PMA, pour toutes les femmes (cisgenres) est autorisée en France. Néanmoins, de nombreux points négatifs doivent être soulignés. D’abord, quand des députés LaREM (parti de la majorité présidentielle) étaient pour une ouverture aux personnes transgenres et avaient déposé un amendement en ce sens, le gouvernement d’Emmanuel Macron ne l’était pas. Cet amendement a finalement été rejeté.

Jean Lassalle, le candidat emblématique du mouvement Résistons !, a lui aussi un programme pour le moins mitigé. Il s’est toujours montré contre ce qu’il appelle « combat contre-nature », et à la GPA. Il a d’ailleurs voté contre le projet de loi bioéthique, de même qu’il a voté contre la loi portant mariage pour tous.tes. Aujourd’hui, le candidat déclare ne pas vouloir abroger de disposition sur le mariage pour tous.tes, n’exprime aucune opinion sur la GPA, mais déclare vouloir remettre en avant le projet d’ouverture de la PMA aux femmes lesbiennes. Il ne porte aucune proposition sur les discriminations LGBTphobes.

Surprise dans ce classement, Nathalie Arthaud n’apparait pas, même en étant de gauche, comme une candidate au programme favorable aux LGBTQI+. Le problème ? Ses positions ne sont pas, ou très peu connues. Les seules positions que l’on connait d’elle sont qu’elle s’est déjà déclarée opposée à la prostitution, et qu’elle s’est dite pour la mise en place de « véritables moyens financiers et humains dans l’hébergement et le suivi social des mineurs isolés et des jeunes exclus, notamment LGBT ». Plus globalement, elle apparaît comme une candidate anti-sexiste et féministe, mais son programme demeure axé uniquement autour du travail.

Les candidat.es aux politiques ouvertement hostiles aux LGBTQI+ : Pécresse, DupontAignan, Le Pen et Zemmour

Et c’est sans surprise que les candidat.es classé.es à droite de l’échiquier politique portent un programme et des positions ouvertement hostiles aux LGBTQI+.

À commencer par Valérie Pécresse, dont le seul et unique point positif est qu’elle semble timidement prôner l’auto-détermination. Son programme ne contient rien, somme toute, en faveur des droits LGBTQI+.

L’on sait par ailleurs qu’elle avait envisagé de dé-marier les couples homosexuels, au profit d’une simple union civile, et qu’elle ne « subventionnera pas la théorie du genre », ce qu’elle justifie ainsi : « Énormément de ces associations sont uniquement là pour faire du lobbying politique ».

Par le passé, elle avait notamment nommé une anti-mariage pour tou.te.s, Caroline Carmantrand, cofondatrice du mouvement antimariage pour tous « Les mères veilleuses », à la présidence de la commission Famille et Action sociale au conseil régional d’Ile-de-France.

Le candidat de Debout la France ! Nicolas Dupont-Aignan, n’est pas un meilleur élève du point de vue des politiques LGBTQI+. S’il s’était refusé à suivre un mouvement de maires ayant décroché des affiches pro-LGBTQI+ en 2016, il affiche une indifférence presque totale à l’égard des questions de droits LGBTQI+, qui « servent de contrefeux pour cacher les vrais problèmes : la perte de souveraineté vis-à-vis de Bruxelles, le chômage, la soumission aux marchés financiers… ».

Il s’est néanmoins prononcé contre l’adoption par les couples de même sexe (et conséquemment toute méthode de procréation pour les couples de même sexe ), et contre le mariage pour tou.te.s, au profit d’une « « alliance », conclue en Mairie et ouvrant à certains avantages supplémentaires par rapport au PACS (notamment fiscaux), comme la possibilité de toucher une réversion en cas de décès ».

Viennent ensuite les deux candidat.e.s d’extrême droite

Si elle a opéré un changement de discours en ce qui concerne le mariage entre personne de même sexe, auquel elle s’opposait en 2013 en déclarant vouloir l’abroger, et auquel elle a désormais affirmé qu’elle ne toucherait pas pendant au moins 3 ans, la candidate du Rassemblement National a un programme qui demeure résolument hostile aux droits LGBTQI+.

D’abord, elle souhaite renforcer l’interdiction de la gestation pour autrui, et refuser par ailleurs de reconnaître la filiation des enfants nés à l’étranger par GPA. Mesure pro LGBT ou argument politique, le seul argument en faveur des LGBT réside dans la question de la sécurité et son renforcement fasse à l’augmentation des agressions à caractère LGBTQI phobies.

Marine Le Pen a par ailleurs toujours été contre l’éducation en matière de sexualité, qu’elle qualifie de prosélytisme. Elle a également voté contre une résolution contre les discriminations des personnes LGBTQI+ au Parlement européen.

Enfin, Éric Zemmour a le programme et les positions largement les plus hostiles envers les LGBTQI+. Il fait de l’idéologie LGBT et du « lobby » LGBT un leitmotiv de sa politique, notamment en le dénonçant dans l’éducation. Il a pu par ailleurs comparer le mariage entre deux hommes à de l’inceste, ou encore le transgerisme à « une expérience nazie » (en 2021). Globalement, ses déclarations et propositions relatives aux LGBTQI+ témoignent tant d’une farouche hostilité que d’une obsession malsaine.