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Assaut du Capitole : Trump de retour sous les feux des projecteurs

Jeudi 13 octobre, les 9 membres (7 démocrates et 2 républicains) de la Commission d’enquête chargée d’enquêter sur le rôle de Donald Trump dans l’assaut du Capitole ont décidé, à l’unanimité, de citer l’ancien président à comparaître devant eux.

Omniprésent dans les témoignages et les documents recueillis au cours de l’enquête parlementaire, Donald Trump n’avait encore jamais été appelé à s’exprimer directement devant le congrès sur son rôle lors du 6 janvier ; c’est désormais chose faite. Le président de la Commission, le démocrate Bennie Thompson, a justifié cette citation à comparaître en déclarant que Donald Trump était « la personne au centre de l’histoire de ce qui s’est passé le 6 janvier. Nous voulons donc l’entendre ». Cette annonce est intervenue à la fin de l’audience publique tenue par la Commission jeudi 13 octobre, qui pourrait aussi être la dernière. Car cette Commission, instituée en juillet 2021 par la Chambre des représentants à majorité Démocrate, pourrait être remise en question si les Républicains l’emportaient lors des Midterms. Ces élections législatives de mi-mandat, qui se tiendront le 8 novembre prochain, renouvelleront en effet l’ensemble de la Chambre des représentants ainsi qu’un tiers du Sénat. Or si leur résultat est encore très incertain, elles ont traditionnellement pour résultat de diminuer voire renverser la majorité présidentielle au Congrès. Cette citation à comparaître pourrait donc être le baroud d’honneur de la Commission d’enquête qui, en cas de résultats défavorables, devra publier son rapport définitif, et recommander ou non des inculpations au ministère de la Justice, avant le début de la prochaine mandature en janvier 2023. La question qui reste en suspens est la suivante : Donald Trump se pliera-t-il à cette convocation ?

Intentions floues

Une chose est sûre, si comparution il devait y avoir, elle se déroulerait après le 8 novembre. Mais les intentions de l’ancien président sont encore floues. Il pourrait en effet jouer l’obstruction, arguant de son immunité présidentielle pour contester sa convocation et s’engager dans une bataille judiciaire qui pourrait aller jusqu’à la Cour Suprême. Mais dans un premier temps, il s’est gardé de rejeter l’idée de comparaître. Il s’est contenté de déclarer sur son réseau social Truth Social, dans la foulée de l’annonce de la Commission, que cette citation à témoigner, jugée tardive, était la preuve que « la commission est un FIASCO total qui n’a servi qu’à diviser davantage notre pays ». « Son entourage laisse entendre qu’il serait prêt à venir témoigner, à condition que l’audition soit diffusée en direct à la télévision, analyse Nichole Bacharan, politologue spécialiste des États-Unis, l’idée pour l’ancien président serait d’orchestrer devant la commission un grand show télé en espérant que cela tourne à son avantage ».

Opportunité à double tranchant

Le moment est en effet crucial pour Donald Trump. Malgré l’accumulation de déboires judiciaires, à l’image des perquisitions réalisées en août par le FBI dans sa résidence de Mar-a-Lago portant sur des documents classifiés qu’il conserverait illégalement chez lui, sa popularité est à son plus haut chez ses supporters. Selon Simon Rosenberg, expert de l’opinion publique et ancien cadre démocrate, « La ligne MAGA [Make America Great Again, slogan de Donald Trump] a pris le pouvoir dans le parti, devenant plus dangereuse et virulente en deux ans ». La campagne des Midterms est par ailleurs l’occasion pour Donald Trump de sillonner depuis des mois le pays pour soutenir des candidats lors de meetings surchauffés. Le résultat de ces élections sera à cet égard un baromètre de l’emprise que l’ancien président conserve sur le parti Républicain, à deux ans des élections présidentielles. Dans ce contexte, la Commission d’enquête pourrait être une scène de premier choix pour dénoncer ce qu’il considère être « une chasse aux sorcières » à son égard, et marteler son argumentaire de la victoire volée en 2020. Cette opportunité pourrait cependant se révéler être à double tranchant tant les preuves récoltées par la Commission à son encontre semblent accablantes. Peut-être est-ce là la source de son hésitation actuelle.