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Rapport du GIEC : des adaptations vitales à mettre en place

Avec un deuxième volet (deuxième partie du sixième rapport d’évaluation) publié lundi dernier, le GIEC sort un rapport focalisé cette fois-ci sur les impacts du réchauffement climatique, notre vulnérabilité et la façon de se préparer pour limiter les risques («l’adaptation»). Ce nouveau rapport est un appel à renforcer les ambitions climatiques, tant sur le volet atténuation que sur le volet adaptation. Avec des conséquences de plus en plus visibles et une accélération des évènements climatiques, savoir s’adapter semble bien représenter un enjeu plus que vital.

S’adapter, ça veut dire quoi exactement ?

D’après le rapport du GIEC, « l’adaptation, en réponse au changement climatique actuel, réduit les risques climatiques et la vulnérabilité, principalement via l’ajustement des systèmes existants. »

 «S’adapter, c’est un besoin vital. Et ce qui est très vital, c’est de faire de l’adaptation très ambitieuse», prévient Alexandre Magnan, un des auteurs du rapport. Toujours d’après ce rapport, nos efforts d’adaptation ont évolué dans le bon sens, et ce, dans tous les secteurs et régions. Il existe en revanche de grandes disparités et inégalités à travers le monde, au niveau des progrès faits en matière d’adaptation.

«L’adaptation et la réduction des émissions doivent aller main dans la main, elles doivent joindre leurs forces contre le changement climatique, pour un avenir durable», plaidait récemment Hans-Otto Pörtner, co-président du groupe du Giec ayant préparé ce rapport.

Ces mesures d’adaptation, qui passent par des politiques climatiques et des processus de planification, peuvent générer de multiples bénéfices supplémentaires tels que :

– l’amélioration de la productivité agricole,

– davantage d’innovation,

– de la santé et du bien-être,

– davantage de sécurité alimentaire,

– des moyens de subsistance, etc.

Attention au « solutionnisme » de court terme

Lac, Mer, Plage, Digue, Mer Baltique, L'Eau, Paradis

Dans son dernier rapport, le GIEC met toutefois en garde contre les mesures d’adaptation prises à court terme, qui pourraient finalement empêcher de vraies transformations. Les auteurs prennent l’exemple des digues qui réduisent efficacement les impacts sur les personnes et les biens à court terme. Mais celles-ci peuvent aussi mener à une exposition accrue au risque climatique si elles ne sont pas bien intégrées dans un plan de gestion à long terme. « Permettre au littoral de jouer son rôle de zone dynamique protège mieux l’intérieur des terres qu’une digue » note Wolfgang Cramer,  directeur de recherche à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale.

Dans notre société du « tout, tout de suite », il faut faire très attention aux solutions immédiates et non-réfléchies sur la durée…

La plupart des solutions d’adaptation couramment observées concernent souvent des petites échelles, restent restreintes, fragmentées… Et souvent basées sur de la planification et non une réelle implémentation sur les territoires.

Des solutions intégrées et multisectorielles  

Pour réduire les risques et notre vulnérabilité face au changement climatique, les experts du GIEC martèlent qu’il faut installer des solutions multisectorielles, multi-acteurs, pensées à grande échelle.  

Prenons l’exemple de l’amélioration de la stabilité des systèmes alimentaires. Une vraie politique d’adaptation reviendrait à établir diverses solutions : amélioration des cultivars, pratiques d’agroforesterie, diversification des exploitations et des paysages, agriculture urbaine, … Il ne s’agit pas d’une solution toute simple ou d’utiliser davantage de technologies ! Il s’agit de travailler davantage avec les écosystèmes, de créer plus de lien entre les filières, d’améliorer la biodiversité sur chaque territoire par de nouvelles pratiques… La diversité des solutions permet la résilience ! Et l’enjeu est de taille… En Europe, la perte des rendements agricoles fait partie des menaces principales liées à l’accélération des changements climatiques (hausses des températures, précipitations plus intenses, …) .

Source image : dicoagroecologie.fr. Crédit : Bilheran, Cartery, Givry, Vialla et Vieules, EI Purpan 2021.

Des solutions intégrées et multisectorielles qui s’attaquent aux inégalités sociales et qui différencient les réponses en fonction du risque climatique et de la situation locale renforceront la sécurité alimentaire et la nutrition.

Rapport du GIEC, 2022

La préservation de la biodiversité, enjeu tout aussi essentiel, est également évoqué dans le rapport. De nombreuses actions de restauration et de protection doivent être mises en place et s’adapter au contexte environnemental et social de chaque région. On parle par exemple de favoriser les corridors écologique, la connectivité entre les zones protégées, la taille des espaces naturels, de réduire les facteurs de stress qui ne sont pas dus au climat, etc.

« Multisectorielles » signifie que les solutions d’adaptation doivent être définies à toutes les échelles, de la plus locale à l’échelle nationale ! Tous les acteurs et secteurs doivent agir main dans la main, des partenariats doivent se faire entre les municipalités, les citoyens, les institutions, le gouvernement, etc.

Les limites à l’adaptation

Le GIEC alerte néanmoins sur les limites de ces adaptations. Certains écosystèmes sont par exemple à des niveaux de dégradation tels que les limites à l’adaptation pourraient être atteintes… De même, en cas d’une augmentation des températures globales au-delà de +1,5°C, notre champ se réduit et nos moyens d’adaptation vont devenir de plus en plus limités.

De nombreux systèmes naturels sont proches des limites dures de leur capacité d’adaptation naturelle et d’autres systèmes atteindront leurs limites avec l’augmentation du réchauffement climatique.

Rapport du GIEC, 2022

S’adapter ou subir (très fortement), c’est un peu la morale de ce nouveau rapport qui appelle les Etats à renforcer encore leurs ambitions d’ici la COP27 en Egypte, en novembre prochain.

Pour en savoir plus

Rapport du GIEC, « Changement climatique 2022 :  impacts, adaptation et vulnérabilité », 2022.

Résumé à l’intention des décideurs

Retrouvez notre dernier article qui synthétise les points importants du rapport sorti lundi dernier (synthèse des points importants).

Article du média Curieux, « Changement climatique : le GIEC réaffirme l’urgence à agir et propose des pistes d’action », Alexandrine Civard-Racinais (synthèse des points importants)

Article du média Bon Pote : 3,3 milliards d’êtres humains exposés au changement climatique : le nouveau rapport du GIEC est sans appel (synthèse détaillée des points importants)

Un prochain rapport sortira en avril prochain, focalisé spécifiquement sur ces adaptations… à suivre, donc !

Natacha Racinais