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Liker c’est polluer ? Impact du numérique, le point

Aujourd’hui, consulter notre smartphone est devenu un réflexe quotidien. Nous passons en moyenne 5 heures par jour devant nos écrans, de quoi rougir de honte. Au-delà des effets négatifs d’une telle dépendance, l’impact désastreux du numérique sur l’environnement n’est plus à démontrer. L’affaire est à régler urgemment si l’on veut pouvoir encore utiliser ces technologies dans une trentaine d’années.

Certitude ou chimère ?

La pollution numérique comprend toutes les formes de pollution engendrées par le secteur informatique. Parmi elles peuvent être mentionnées les émissions de gaz à effet de serre, la contamination chimique, la perte de biodiversité ainsi que les déchets électroniques. Cet impact est généralement ignoré des consommateurs car invisible : la pollution est importée, mais les dégâts sont démontrés.

Le numérique représente 4 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Ce chiffre ne cesse de gonfler, et par-dessus le marché, plus rapidement que dans les autres domaines.

Qu’est-ce qui pollue ?

Le plus impactant est la fabrication de nos appareils, comprenant l’extraction de matières premières et l’assemblage. Pour cela, il faut de l’eau et des énergies fossiles. Les matières premières utilisées sont le tantale congolais, le lithium bolivien, l’or australien ou encore les terres rares chinoises. Pour un téléviseur, c’est 2.5 tonnes de matières premières nécessaires et un total de 350 kg de CO2 émis ! Cela équivaut à l’impact carbone d’un vol de la France au Maroc !

On pointe souvent du doigt les Data Centers comme les plus gros pollueurs. En réalité, ces grosses infrastructures abritant un réseau d’ordinateurs et d’espaces de stockage de données ne sont pas les plus impactantes.

Comment ça se fait ?

Aujourd’hui, un.e français.e possède en moyenne 10 terminaux numériques, que ceux-ci soient personnels ou partagés au sein du foyer. Le smartphone et l’ordinateur portable sont les plus fréquemment utilisés mais l’on retrouve aussi la montre connectée, la tablette, le robot de cuisine et la console de jeux.  Ce nombre de cesse d’augmenter de manière désastreuse, allant jusque 15 chez certains adolescents ! Par ailleurs, plus l’équipement est gros, plus il est polluant et à l’évidence, la publicité quotidienne nous pousse à l’achat d’équipements imposants.

D’autres impacts sont à mentionner. En Amazonie brésilienne, les rivières Waimiri-Atroari, dont les peuples locaux dépendent pour leur activité quotidienne, sont excessivement polluées. En effet, la mine Pitinga, d’où sont extraites des quantités astronomiques d’étain, contribue à la contamination de l’eau ainsi que de la faune et de la flore. A ce drame environnemental s‘ajoute de nombreux drames humains. A Madagascar, des défenseurs de l’environnement demandent l’arrêt de l’extraction de tantale, dont l’incidence sur l’environnement n’est plus à prouver.

Ange ou démon ?

Le numérique, malgré ses conséquences négatives, est un outil formidable : lors de la crise sanitaire, nombre d’entre nous ont pu poursuivre leurs activités grâce au travail à distance. Les trajets en voiture ont été réduit drastiquement. Cela a permis une baisse des émissions de CO2. Sans ces appareils, nous ne pourrions pas pratiquer d’IRM et autres technologies innovantes dans le domaine de la médecine. La condition humaine s’est vue améliorée grâce à elle.

Malgré cela, notre consommation est particulièrement accrue. Tant est si bien qu’il ne reste que 30 ans de numérique devant nous ! De plus, cette ressource n’est pas renouvelable. Il faut immédiatement diminuer notre dépendance à ces nouvelles technologies !

Et le recyclage de nos appareils dans tout cela ?

Malheureusement, 70% de nos déchets d’équipement numérique échappent à ce circuit. Les appareils usagés et jetés sont exportés illégalement en Chine, en Inde ou en Afrique où ils sont entreposés dans des décharges à ciel ouvert. Comme à Agbogbloshie au Ghana où ils sont gérés par les bandes de mafia.

30% seulement sont récupérés, mais les usines se heurtent à un autre obstacle. En effet, le design empêche l’extraction des matières premières, les procédés chimiques étant trop onéreux pour séparer les composants. N’oublions pas que le recyclage reste un procédé industriel bien qu’il contribue à la réduction de nos impacts.

La sobriété numérique, ça vous parle ?

Si l’on veut que la génération de demain puisse jouir des externalités positives du numérique, nous devons agir rapidement. La clé est la réduction de son utilisation. Se suréquiper est inutile. Ainsi, on refusera certains appareils considérés comme superflus. En contrepartie, soyez inventif.ve, cherchez des alternatives à vos appareils.

Une autre issue est d’augmenter la durée d’utilisation. Un appareil présentant un disfonctionnement n’est pas forcément condamné. Les pièces défectueuses peuvent être remplacées. Faites fonctionner la garantie de vos appareils, la plupart peuvent être réparés gratuitement. On peut aussi apprendre à les remettre en état soi-même dans des Repaircafés. Ces lieux, où se rassemblent des personnes débutantes ou expertes en bricolage, mettent à disposition des outils et des plans de travail pour la réparation. C’est un lieu convivial ou règne une ambiance de partage et de transmission.

Ne craignez pas d’acheter des appareils d’occasion et reconditionnés ! Aujourd’hui de nombreux sites en ligne ou magasins proposent des produits déjà utilisés et remis à neuf ! En les achetant, vous donnez un coup de fouet à l’économie circulaire.

D’autres petites combines vous permettront d’agir pour refréner la pollution numérique. Rien de plus simple que d’éteindre la box internet. Lorsque tout le monde dort, celle-ci continue à ronronner, utilisant de l’électricité inutilement. La box mérite elle aussi son repos lorsque le foyer s’endort ! L’utilisation du Wifi est préférée à celle de la 4g. En effet, le wifi est un réseau déjà déployé ayant une portée plus faible et donc qui consomme 23% moins d’électricité. Dernier conseil, soyez lucides : dîtes non à toutes les sollicitations publicitaires : posséder les dernières technologies ne vous rendra certainement pas plus heureux, faîtes en l’expérience !

Marion Chauvin

Sources

Greenpeace. La pollution numérique, qu’est-ce que c’est ? Disponible sur Internet : https://www.greenpeace.fr/la-pollution-numerique/ [consulté le 29/04/2022]

Beauchamp A., Martin N. (22/09/2022) Pollution numérique : la face cachée du clic [Emission de radio]. France Culture, https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/pollution-numerique-la-face-cachee-du-clic

Bastien L., 01/05/2022. Définition Data Center : qu’est-ce qu’un centre de données ? Disponible sur Internet : https://www.lebigdata.fr/definition-data-center-centre-donnees/ [consulté le 02/05/2022]

Magnollay J., (27/09/2021) La pollution numérique [Emission de radio]. Ma RTS. https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/la-pollution-numerique-25765733.html