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Rapport du GIEC : Un troisième volet axé « solutions »

Lundi 04 avril 2022, le GIEC a livré le troisième et dernier volet de son grand rapport. Tourné cette fois-ci davantage sur les solutions face au changement climatique… Après déjà deux chapitres aux conclusions glaçantes, il est maintenant plus que temps d’agir et de mettre en place des actions drastiques d’adaptation et de diminution de nos émissions de GES !

Un guide pour faire face au changement climatique

Ce dernier volet représente un enjeu crucial : il s’agit ni plus ni moins d’un guide réunissant les dernières recherches scientifiques pour traiter la question fondamentale du « ok, maintenant qu’on sait, que fait-on ? ». Si vous n’êtes pas encore convaincu de l’urgence de la situation, je vous incite à lire sur le champ le résumé du rapport sorti en mars (voir aussi notre article dédié à ce volet) ! Depuis, l’Antarctique a battu de nouveaux records de températures (+40 °C par rapport aux moyennes annuelles) et l’Amazonie est en passe de se transformer en steppes (le mois de janvier 2022 a été le plus chaud pour l’Amazonie colombienne sur cette dernière décennie)… Bref, il n’est plus question de tourner autour du pot, il est aujourd’hui question d’actions, et d’actions radicales pour espérer enrayer un processus qui nous dépasse tous.

La première partie de ce rapport sorti lundi évoque notamment les tendances actuelles en termes d’émission de GES et ce n’est toujours pas glorieux…

« Les émissions anthropiques totales nettes de GES ont continué d’augmenter au cours de la période 2010-2019, tout comme les émissions nettes cumulées depuis 1850. »

Mais ce volet en particulier est également un véritable catalogue de solutions possibles pour lutter contre le changement climatique, s’adapter aux situations dramatiques qui nous attendent et tenter de freiner le phénomène par tous les moyens possibles. On y parle technologies, économie, responsabilité des pays riches, trajectoires d’atténuation, gestion des déchets, transports, …  Voici un bref aperçu de quelques point clés, le plus important étant bien sûr de se pencher dans la lecture du résumé à l’attention des décideurs, de 64 pages !

Petit rappel : C’est quoi le GIEC ?

Le GIEC, c’est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, fondé en en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Comme son nom l’indique, c’est un regroupement de scientifiques internationaux qui planchent sur la réalisation d’un rapport divisé en trois partis tous les 6 ans. Ce rapport constitue la compilation la plus actuelle de nos connaissances sur le changement climatique. Il est relu et approuvé par 192 pays (d’où un rendu final parfois édulcoré).

Les solutions déclinées par grands secteurs

Pour tenter d’évoquer de la façon la plus exhaustive possible les voies pour freiner le réchauffement climatique, les scientifiques ont décliné ici les solutions par grands secteurs : transport, énergie, bâtiments, industrie, agriculture, …

En ville par exemple, la question de la gestion des déchets est aussi sur la table. Les zones urbaines sont en effet pointées du doigt : une part croissante des émissions de gaz à effet de serre peut leur être attribuée. Une « transition systématique des infrastructures et de la forme urbaine par des voies de développement à faible émission » pourrait permettre de grandement limiter les émissions dans ces zones. Dans la partie C.6.2 du rapport, les experts évoquent les actions concrètes à mettre en place dans les villes : réaffectation ou modernisation efficaces du parc immobilier, soutien aux transports non motorisés (marche, VELO !!, ….) et aux transports publics, regroupement des emplois et des logements, utilisation de matériaux de construction biosourcés, implémentation d’arbres/d’espaces verts/de points d’eau pour absorber davantage de carbone, etc.

Diverses processus permettent de retirer le carbone de l’atmosphère, dont des technologies dite de capture et de séquestration. Le rapport souligne néanmoins que le « boisement, reboisement, l’amélioration de la gestion forestière, l’agroforesterie et le piégeage du carbone dans le sol sont actuellement les seules méthodes de réduction des émissions de gaz à effet de serre largement pratiquées. »

Les pays riches pointés du doigt

Les 10% les plus riches émettent 19 fois plus que les 40% les plus pauvres. Il y a un gros problème de qui est responsable de quoi

François Delorme,  économiste et enseignant à l’Université de Sherbrooke

La responsabilité des pays riches dans la crise écologique que nous traversons n’est plus à démontrer. Les chiffres et nos émissions l’expriment très bien.

« Les personnes ayant un statut socio-économique élevé contribuent de manière disproportionnée aux émissions et ont le plus grand potentiel de réduction des émissions, par exemple en tant que citoyens. » (partie C10)

En route vers la sobriété !

Pour réduire nos émissions, des solutions au niveau de la demande existent : il s’agit de tendre avant tout vers plus de sobriété, limiter notre consommation d’énergie et donc de changer radicalement nos comportements… « L’atténuation du côté de la demande englobe les changements dans l’utilisation des infrastructures, l’adoption des technologies d’utilisation finale, et les changements socioculturels et comportementaux. Les mesures axées sur la demande et les nouveaux modes de fourniture de services aux utilisateurs finaux peuvent réduire les émissions mondiales de GES dans les secteurs d’utilisation finale de 40 à 70 % d’ici à 2050. » (partie C10 du rapport)

Pour la première fois, les experts du GIEC soulignent la nécessité d’un véritable changement de société pour réduire notre consommation vorace d’énergie. Nous devons transformer nos modes de vie grâce à trois type d’actions : éviter (de prendre l’avion par exemple), changer (notre consommation alimentaire entre autres), améliorer (notamment notre efficacité énergétique au quotidien).

Un nouvel appel à réagir tant qu’il en est encore temps

Pour approfondir le sujet, le mieux reste évidemment de se plonger dans la lecture de ce rapport aux conclusions plus que vitales pour notre futur ! Il s’agit ni plus ni moins du dernier appel de la communauté scientifique internationale pour un monde viable…(On rappelle que ce type de rapport sort tous les 6 ans, nous ne pourrons pas attendre jusque là pour inverser la tendance).

Un autre point important martelé par les scientifiques : nous devons à tout prix stopper toute construction dans les énergies fossiles : la consommation de charbon doit radicalement diminuer (de 76% !!) d’ici 2030 et disparaitre avant 2050 ! Cela ne se fera qu’à travers des actions concrètes et brutales de nos politiques et une véritable coopération internationale.

Panorama, Industrie, Usine, Cheminée

Ce troisième volet souligne néanmoins encore une fois que des solutions réelles existent, et qu’il ne manque que la volonté politique pour les implémenter à grande échelle… La demande a aussi un rôle à jouer et donc, tout un chacun, nous devons prendre part à cet immense défis qui nous fait face.

Nous implorons les citoyens d’écouter les scientifiques, de lire le rapport du GIEC, de prendre le message à cœur et de faire partie des personnes qui vont provoquer le changement. Autrement, on n’y arrivera jamais. 

Julia Steinberger, autrice principale du 6e rapport du GIEC.

Natacha Racinais

Sources

IPCC, Le résumé à l’attention des décideurs, Climate change 2022, Mitigation of climate change, 04/04/2022. En ligne, disponible sur : https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_SummaryForPolicymakers.pdf

Bon Pote, Nouveau rapport du GIEC : agir coûtera moins cher que le Business as Usual, 04/05/2022. En ligne, disponible sur https://bonpote.com/nouveau-rapport-du-giec-agir-coutera-moins-cher-que-le-business-as-usual/

Reporterre, Comment faire face au changement climatique? Le Giec va livrer ses solutions, 02/04/2022. En ligne, disponible sur https://reporterre.net/Comment-faire-face-au-changement-climatique-Le-Giec-va-livrer-ses-solutions