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Agir (écologie)

Le slow voyage, une autre philosophie de vie

Aujourd’hui, il n’est plus l’heure des grands discours. L’urgence climatique nous impose une action rapide, radicale et globale. Limiter notre empreinte écologique à tout prix. Réduire notre impact : au travail, à la maison, en vacances, nous consommons et gaspillons sans cesse, nous brûlons du kérosène à n’en plus finir et nous produisons des tonnes de déchets. Alors à tous les niveaux et dans tous les secteurs nous devons tenter de limiter notre bilan carbone. Et si je vous disais qu’agir et être plus sobre, ça a du bon ? Que non, l’écologie n’est pas punitive. A travers l’exemple du transport, voici quelques retours d’expérience qui, j’espère, vous feront prendre conscience qu’il existe mille et une manières de réduire ses émissions, à commencer par grandement limiter l’avion !

Pourquoi éviter de prendre l’avion ?

La question du réchauffement climatique est simple à notre niveau : nous devons impérativement limiter nos émission de gaz à effet de serre. Nous avons tous notre rôle à jouer pour éviter d’envoyer dans l’atmosphère des tonnes de carbone et tenter de rester sur une planète habitable. « Nous devons cesser de brûler des combustibles fossiles et changer les règles du système. » (rester-sur-terre.org) Outre les importantes émissions générées, le secteur aérien a d’autres  conséquences négatives : consommation de métaux, de terres rares, artificialisation de gigantesques surfaces, perturbation de la biodiversité, etc. 

Certes, les grandes entreprises, les politiques, les milliardaires, les lobbies qui nous gouvernent ont une responsabilité bien plus grande que nous, petits citoyens et habitants de la Terre. Mais lorsqu’on sait qu’un seul Aller-Retour Paris/New-York génère plus de carbone que ce que beaucoup de gens dans le monde produisent en une année …il est temps de se poser les bonnes questions, non ?

Source : LEE & AL 2021 et BonPote

Le site rester-sur-terre.org est une véritable mine d’informations sur l’impact du secteur aérien et sur le réchauffement climatique : « Pour chaque tonne de dioxide de carbone émise, trois mètres carrés de glace d’été disparaissent dans l’Arctique. Cela signifie qu’en prenant un vol transatlantique, un passager est responsable de la perte d’au moins six mètres carrés de glace. »

Il présente des chiffres et graphiques clés pour comprendre la situation et tenter d’y voir plus clair sur l’impact du secteur aérien. Si vous avez déjà décidé de grandement limiter vos trajets en avion et que vous tentez désespérément de faire comprendre à votre entourage le pourquoi du comment, je vous conseille aussi d’aller y faire un tour pour trouver les bons arguments face aux affirmations du style « mais de toute façon l’avion décollera avec ou sans moi ! »

L’article Pourquoi arrêter l’avion ne devrait plus être un débat du média indépendant Bon Pote regorge aussi de ressources et explications !

Loin de moi l’envie de vous culpabiliser, cet article va surtout tenter de vous montrer que d’autres choix sont possibles, que d’autres façons de voyager existent…

Retour d’expérience : France-Finlande en bus, ferry et train

Avec deux amis, j’ai choisi pour cet été de partir à mon stage…en bus et en train. Seul hic, le stage en question se trouve en Finlande ! Et pas à Helsinki, non, non, plutôt perdu au fin fond de la forêt de Carélie du Nord, une région à l’Est de la Finlande, accolée à la frontière Russe. Qu’à cela ne tienne, nos convictions chevillées au corps et avec un brin de naïveté, nous décidons de tenter le coup sans prendre l’avion. Le retour se fera en Pass Interrail mais pour l’aller nous souhaitons passer par Prague, capitale dans laquelle j’effectue mon Erasmus. Après plusieurs recherches des trajets possibles, nous choisissons l’itinéraire le plus direct possible : ce sera plus de 28h de bus, un ferry et encore du train pour arriver sur le lieu du stage !

Bon, il faut tout de même vérifier que nous ne sommes pas totalement à côté de la plaque : quelle est l’emprunte carbone d’un trajet en bus par rapport à l’avion ? Le site de l’ADEME présente un simulateur très facile à utiliser et nous rassure rapidement. Certes, le bus est bien plus polluant que le train qui reste le moyen de transport le moins impactant, mais l’avion bat le record avec la voiture lorsque prise individuellement.

Source : site de l’ADEME

Que dire du trajet…Nous ne regrettons absolument pas notre décision ! La route fut longue certes, mais quel plaisir de voir défiler devant nous les kilomètres, de compter les frontières franchies, d’admirer à travers la vitre un lever de soleil, perdus quelque part en Lituanie… Se raccorder au temps qui passe, comprendre et ressentir que nous partons loin. Certes le voyage est fatiguant, mais en cours de route nous découvrons d’autres villes, nous nous arrêtons en chemin, nous observons d’autres paysages que nous n’aurions pas eu l’occasion d’admirer autrement. Par ce voyage, ce choix qui nous appartient, nous allons à l’encontre du dictat d’une société qui nous impose la vitesse, qui refuse de prendre le temps. A l’arrivée, nous sommes fières du trajet accompli ! L’avion est si simple, en un claquement de doigts nous voilà de l’autre côté d’un continent…

« Ce trajet sans avion m’a permis de prendre le temps de vivre des instants simples mais tellement uniques. Je peux citer le coucher de soleil depuis le bus en Pologne, la faune sauvage aperçue dans des champs en Allemagne ou encore un concert en Estonie lors d’un festival traditionnel. Maintenant que je sais que c’est pour ces moments de Vie que je souhaite voyager. » Mathilde

D’autres témoignages : quand voyager autrement rime avec découvertes 

Au-delà de cette expérience, j’ai souhaité recueillir pour cet article quelques témoignages d’amis qui ont vécu l’aventure du voyage sans avion : en train, en vélo, à côté de chez soi ou en Europe, … les idées ne manquent pas ! Et lorsque ralentir permet de découvrir et de s’ouvrir aux autres, qu’attendons-nous pour sauter le pas ?

  • Parcourir l’Europe en train 

Au cours de son année de césure, Léa R. a vécu l’expérience du Pass Interrail : parcourir l’Europe en train et découvrir de nombreux pays sans alourdir son bilan carbone !

« Le train résonne pour moi comme un voyage écologique et social. Prendre le train est un moyen de s’engager dans la lutte contre le changement climatique.

Que ce soit pour faire le tour de l’Europe ou Nantes-Toulouse, c’est le moyen de transport le plus compétitif pour réduire nos émissions de carbone. En plus d’être un trajet moins fatiguant que d’être derrière un volant, c’est un voyage agréable et écolo (… que demande le peuple ?)

Le train est également un moyen de faire des rencontres. J’ai pu l’expérimenter lors de mon tour d’Europe avec le pass Interrail.

Engager des conversations sur les spécialités culinaires hongroises avec des locaux ou aborder le sujet du conflit Ukraine-Russie avec des ukrainiens ou des russes sont des échanges que l’on garde en mémoire et qui nous cultivent, nous construisent.

Prendre le temps d’observer les voyageurs, d’avoir la curiosité de discuter avec eux ou de se faire interpeller par l’un d’entre eux entre deux pages de Fuck America … que d’expériences que je pourrais vous conter.

C’est une occasion de prendre le temps de voyager, de contempler notre nature, de lire et de faire des choses qu’on ne prend pas le temps de faire durant notre quotidien effréné. C’est ça le voyage en train. Une belle leçon de vie qui nous réapprend à prendre le temps pour faire des choses simples. »

  • Voyager autrement… en vélo

Alexandre.L a quant à lui expérimenter une façon de voyager à la fois sportive et insolite, à la force des jambes et de la tête : le vélo. Sans aucun doute le meilleur moyen de ne pas polluer ! 

« La dernière fois que j’ai pris l’avion pour voyager, je me suis rendu à Madère, en famille. Aéroports bondés, insultes des passagers au guichet qui voient leur avion retardé, des gens qui courent dans le hall en criant sur leurs enfants, bref une super ambiance de vacances quoi. Chill. Nous montons donc dans l’avion, puis deux heures et 5 tonnes de kérozène plus tard nous posons le pied sur l’île. A peine le temps de regarder par le hublot et de lire trois pages de mon bouquin que nous sommes déjà arrivés. Nous débarquons, nous les aventuriers des temps modernes après avoir affronté moultes péripéties. Le spectacle est saisissant, dépaysant, nous arrivons dans un nouveau monde.. ou pas. Après une dizaine de jours à explorer l’île, je comprends que finalement ce n’est peut-être pas seulement la destination qui compte, mais aussi le chemin, en particulier lorsque nous voyageons pour le loisir.. 

Quelques années plus tard, j’ai donc expérimenté le voyage à vélo et j’ai découvert par la même occasion un moyen plus intense de voyager. Chaque jour, si tu le souhaites, tu peux partir vers un nouvel endroit, t’arrêter quand tu veux, te retrouver seul ou voyager avec tes amis, dans la plus grande liberté et sans rien avoir à débourser. Voyager à vélo c’est aussi remplir son voyage de découverte, de lieux insolites absents des radars des agences de voyage, prendre le temps de s’y arrêter, de visiter, puis repartir vers d’autres horizons. Voyager à vélo ou même à pied, c’est aussi faire de belles rencontres, demander son chemin, demander à l’autre d’où il vient, ce qu’il prévoit de faire, échanger sur la beauté de l’itinéraire et ses difficultés. C’est une manière de partager très rare dans notre société où les intéractions sociales se limitent en général à demander “Tu fais quoi dans la vie?”. Voyager autrement, c’est finalement retrouver un certain goût de l’aventure et se forger des souvenirs mémorables avec ces rencontres où plus rien ne compte que de passer un moment fraternel entre vagabonds. »

Photo prise par Natacha Racinais
  • Prise de conscience et passage à l’action

Mathilde.A nous raconte son déclic et comment elle a décidé d’arrêter l’avion alors qu’elle pensait cela infaisable !

« En 2020, je venais de réserver un vol aller-retour pour le Canada mais peu de temps après, les frontières ont fermé en lien avec la crise sanitaire. J’ai donc troqué ces 2 semaines en Amérique du Nord contre des vacances en Bretagne. Pour être honnête, au début ça me faisait beaucoup moins rêver. Et pourtant, j’ai tellement adoré, c’était vraiment un super voyage et une belle prise de conscience. 

En réalité , le covid venait juste de m’inviter à garder les pieds sur Terre et apprécier la beauté des paysages français. 

J’ai compris que finalement, cette course effrénée aux voyages à l’autre bout du monde était un besoin créé par notre société de (sur)consommation. J’ai compris qu’il y avait tant à découvrir en France et qu’il était temps de ralentir la cadence. J’ai compris que je voulais me déplacer moins et mieux , opter pour une mobilité durable. J’ai aussi compris qu’arrêter l’avion était un acte militant.

Ainsi, j’ai retenu 3 principales idées à garder en tête avant de partir : 

  • S’émanciper des injonctions sociales concernant la surconsommation du voyage 
  • Découvrir près de chez soi ou partir loin en prenant le temps grâce aux mobilités douces 
  • Et surtout vivre l’instant présent. »

J’angoissais de ne plus m’extasier lors de grands voyages et j’ai fini par découvrir le ruisseau qui coule derrière la maison 

Marie Petit, Colibri et après ?

Natacha Racinais

Sources

Site web Rester-sur-terre, en ligne. Disponible sur : rester-sur-terre.org

Rester-sur-terre, article Quel est l’impact climatique du transport aérien ? En ligne. Disponible sur : https://rester-sur-terre.org/sinformer/#impact

Bon Pote, Pourquoi arrêter de prendre l’avion ne devrait plus être un débat, juillet 202, en ligne. Disponible sur : https://bonpote.com/pourquoi-arreter-lavion-ne-devrait-plus-etre-un-debat/

Simulateur de l’ADEME, Calculer les émissions carbone de vos trajets, en ligne. Disponible sur : https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/bureau/deplacements/calculer-emissions-carbone-trajets