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Portraits d’artistes : Jack Garratt

« J’ai toujours dit que j’aimais créer de la musique dansante pour les gens qui aiment l’écouter assis, ou plutôt de la musique dansante pour les gens qui n’aiment pas sortir. » sont des paroles de l’artiste Jack Garratt, qui semblent résumer le concept qu’il explore dans son dernier album Love, Death and Dancing. Qui dit que pour aimer une musique qui bouge on doit forcement vouloir se trouver entouré de personnes transpirantes et à moitié conscientes ? Ce qui rend le travail de Garratt aussi attirant, c’est qu’il s’adresse à tout le monde, que l’on soit fêtard ou mélancolique, on y trouve son compte. Car les paroles touchantes sont tout autant travaillées que les instrumentales complexes.

Actif depuis 2005, l’artiste britannique mêle un style d’écriture appartenant à la tradition folk et à des techniques de production se rapprochant de la pop électronique. Le multi- instrumentiste intègre une vaste gamme d’instruments dont la batterie, la basse, la guitare, le synthé et la voix dans son travail, en utilisant diverses techniques de production trouvées dans la musique électronique dansante, comme le ‘sampling’.

Lors de sa tournée en 2020, il conceptualise une organisation complexe sur scène qui lui permet d’utiliser en direct la majorité du matériel de traitement audio trouvé au sein du studio lors de l’enregistrement de ses titres. Entouré de synthés, de batteries, de machines et de claviers midi, il peut facilement passer d’un instrument à l’autre. Le but de l’opération, dans ses propres mots, est de « représenter les chansons sur scène (…) pour donner, d’un point de vue de production musicale, une plus grande transparence entre le public et moi. (…) Je voulais que les gens puissent entendre les chansons et voir une représentation visuelle de ce que font les chansons, de ce que fait la production »*. Les voix en direct sont également soutenues par un synthé vocal, créant un ‘vocoder’ sur scène ressemblant à celle de Bon Iver utilisé en tournée. Par ‘vocoder’, on entend un dispositif électronique de traitement du signal sonore qui permet de fabriquer un son synthétique à partir de la voix du chanteur. Dans sa tournée l’année suivante, Jack Garratt utilise ce même concept mais avec l’ajout de deux autres musiciens, lui accordant plus de liberté sur scène.

« Better » : Coup de coeur de l’album « Love, Death and Dancing »

Dans ce titre tiré de son deuxième album Love, Death and Dancing Garratt accompagne le sujet sérieux de ses paroles d’une production dansante et électronique, un style se rapprochant d’autres artistes célèbres dont Stromae. Comme dans plusieurs titres de cet album, les paroles décrivent la difficulté que l’on peut avoir à comprendre et à gérer des épisodes dépressifs. Pourtant, à entendre la production complexe et mouvementée, on ne devinerait pas la gravité du thème. L’artiste alterne entre des passages intimes, focalisés sur la voix et les guitares seulement, et des passages intensifiés qui entourent l’auditeur d’une multitude de sonorités différentes et variées. De ce fait, Garratt joue sur le contraste entre ces différents espaces sonores riches en dynamisme et variation.

Alors, si vous aimez danser en plein milieu de la foule, ou bien en cachette dans le confort de votre salon, Jack Garratt saura vous faire bouger. Mais il saura aussi vous faire réfléchir, en apportant, à travers ses paroles, un regard sincère et personnel sur les émotions perturbantes et humaines que l’on peut tous ressentir.

* Point Blank Music School (2020). Jack Garratt: His Live Set-Up & How It Works.

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