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Vinted, outil de fast-fashion ?

Ces dernières années, l’essor du marché de la seconde main ne se fait plus attendre. En réponse à la fast-fashion et à ses diverses problématiques éthiques et environnementales, nombreux sont ceux qui optent pour un comportement plus responsable en se tournant vers les vêtements de seconde main. Un prix plus attractif, un geste responsable, la seconde main est-elle une solution pérenne ? Quelles sont ses limites ? Voyons cela avec Vinted, entreprise lituanienne de vente en ligne de seconde main, fondée en 2012.

L’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde après celle du pétrole et les impacts socio-environnementaux sont désastreux. Entre utilisation de produits chimiques dangereux, émissions de gaz à effet de serre et délocalisations, elle creuse les inégalités économiques dans le monde.

Selon l’IFM, le marché du neuf à perdu, entre 2007 et 2018, 15% de sa valeur. En tête du marché de la seconde main, nous retrouvons Vinted. 2,2 transactions sont effectuées par seconde en France. Un chiffre tout de même important pour une consommation devant être responsable. En effet, Vinted pose de nombreux problèmes. Ayant participé massivement à la démocratisation de la seconde main en Europe, l’application devient aujourd’hui un outil de la fast-fashion. Certains vendeurs s’improvisent alors «professionnels» de l’achat-revente de produits de fast-fashion achetés à peine quelques semaines, voir quelques jours avant et qui comportent encore l’étiquette. Le rythme frénétique et addictif des collections hebdomadaires des magasins de fast-fashion se retrouve alors en ligne, et est accentué par les bas prix et la rapidité d’acquisition de ces achats. La surconsommation se déporte alors jusque sur le marché de la seconde main prônant pourtant un geste éthique et écologique.

Autre problème : la provenance. À présent, Vinted permet à ses utilisateurs d’acheter des articles dans de nombreux pays tels que l’Espagne, l’Italie ou encore les Pays-Bas. Cependant, aucun filtre de recherche ne permet de localiser les articles si l’on souhaite acheter uniquement en France.

Avoir meilleure conscience en achetant sur Vinted plutôt que du neuf en magasin, oui, mais consommer tout autant que la fast-fashion est une très mauvaise utilisation de l’application, malheureusement effectuée par de nombreux consommateurs. Car oui, acheter de la fast-fashion sur Vinted pour se dédouaner de son addiction à la fast-fashion «neuve» n’est pas un geste responsable ! On voit alors plus d’articles de fast-fashion que d’articles vintages. En effet, on peut retrouver sur les réseaux sociaux des hauls (vidéos dans lesquelles les utilisateurs des réseaux sociaux présentent leurs derniers achats) des consommateurs présentant des dizaines de commandes Vinted, ce qui est aussi un problème.

Le plus grave, c’est que la plateforme réalise des campagnes mettant en avant un schéma compulsif de consommation comparable à celui de la fast-fashion. Pour cela, elle encourage les utilisateurs en réalisant des campagnes de publicité, en offrants les frais de ports à certains moments… On peut donc penser que la majorité des utilisateurs ne sont pas vraiment engagés sur le plan éthique ou écologique, et ne sont peut-être même pas au courant de tous les autres enjeux pour lesquels ils pourraient consommer de la seconde main, si ce n’est celui du prix. S’ils en avaient connaissance, leur consommation en serait peut-être impactée.

La meilleure alternative ? La consommation parfaite n’existe pas. Mais il existe aussi de nombreuses marques responsables sur le marché du neuf, ou des médias éco-responsables en lignes tels que Thegoodgoods et Le Kaba.

Capture d’écran issue du site Thegoodgoods
Capture d’écran issue du site Le Kaba

Consommer mieux passe aussi par une éducation personnelle au sujet de toutes ces problématiques. Il faut donc faire son cheminement afin de déterminer ce que l’on pense être le plus juste. Consommer mieux, c’est répondre à ses valeurs, et c’est avant tout un état d’esprit, une culture.

Alyssa Cartaut