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Littérature

Phantom Seer : une compréhension parfaite des codes du manga ?

Phantom Seer, Tôgo Gotô, Kento Matsuura, éditions Kazé, 2022

Le Weekly Manga : Phantom Seer par Tôgo Goto et Kento Matsuura.

Si vous deviez choisir entre une vie normale et la vie mouvementée d’un médium surpuissant capable de maîtriser un démon qui peut immobiliser sa victime en marchant simplement sur son ombre, qu’en serait-il ? Le nouveau manga Phantom Seer scénario par Tôgo Gotô et dessiné par Kento Matsuura vous propose de pénétrer l’univers effrayant des phantoms et des médiums qui les exorcisent !

Synopsis : 

Des phénomènes étranges se produisent autour de Riku, jeune lycéenne au coeur sur la main dont la bienveillance est plus un mode de vie qu’un trait de personnalité. Ses journées sont rythmées par son désir d’aider les personnes qui l’entourent. Mais bizarrement, de nombreux accidents semblent se produire en sa présence et pour une raison qui lui échappe, elle parvient toujours à les sentir arriver en avance et à se sauver in extremis d’une mort probable. 

Alors qu’elle vient de sauver une fois de plus une de ses amies qui se tenait à proximité d’un accident mortel, elle rencontre Iori, un garçon de sa classe peu loquace et totalement désintéressé d’autrui. Ce dernier lui apprend qu’il est médium et qu’elle est en réalité en proie à un phantom, esprit malveillant l’ayant prise pour cible. Afin de la sauver elle ainsi que son entourage, ils entreprennent de l’exorciser mais pourtant, les phantoms semblent réapparaître à chaque fois autour de Riku… Serait-elle un aimant à phantoms

Impressions : 

Malgré l’intrigue très classique et très similaire à de grands succès actuels du shonen comme Jujutsu Kaisen, Blue Exorcist ou encore plus récemment Ayakashi Triangle, Phantom Seer parvient tout de même à se démarquer et à être une série dont on se languit de lire le deuxième tome !

Effectivement, comme dans le tout récent Ayakashi Triangle, nous nous retrouvons avec une protagoniste féminine à laquelle sont « aimantés » les Phantoms. Véritable pilier dans l’intrigue de par cet étrange pouvoir, Riku embarque avec elle dans cette aventure risquée un personnage masculin étonnamment peu enthousiaste au sujet de ses pouvoirs. Contrairement à un Yuji très enjoué (Jujutsu Kaisen) ou à un Rin déterminé (Blue Exorcist), Iori n’en a que faire des Phantoms qui polluent la vie des humains et subit son don de médiumnité plus qu’il n’en profite. Loin d’être la figure altruiste du personnage principal habituel, s’il pouvait se débarrasser de ses capacités hors norme et devenir un ado banal, il le ferait sans hésiter. 

La dualité des personnalités de ces deux personnages principaux permet de prévoir un superbe potentiel character development ; la jeune fille charitable aux ambitions humanistes naïves apprend auprès de son ami plus terre à terre à agir de manière plus réfléchie tandis que le jeune garçon reclus et désintéressé apprend à s’ouvrir et à apprécier aider son prochain. En somme, un topos auquel les amateurs de manga sont habitués mais dont le potentiel est énorme. 

Gojo Satoru dans Jujustu Kaisen, Gege Akutami, éditions Ki-oon, 2020
Yayoi dans Phantom Seer, Tôgo Gotô, Kento Matsuura, éditions Kazé, 2022

Par ailleurs, on rencontre également des personnages secondaires aux caractéristiques qui nous sont familières notamment chez Yayoi, la grande soeur d’Iori. Le lecteur ne sera alors pas surpris de retrouver en elle la figure du sensei emblématique qui accompagne les personnages de shonen en plein apprentissage. Il nous revient alors une impression de similitude avec Jujutsu Kaisen (Yayoi semble être l’âme soeur aux yeux bandés qui manque à la vie affective de Gojo Satoru) mais il est important de souligner qu’il s’agit ici d’un personnage féminin aux pouvoirs hors normes et à la puissance inégalée… 

Contrairement à l’humour de Gege Akutami basé principalement sur l’immaturité attendrissante de ses personnages, Tôgo Gotô le scénariste de Phantom Seer se focalise plus sur la sensibilité et la force intérieure de ses personnages, tout en ne négligeant absolument pas l’aspect humoristique de certaines situations.

Pour conclure : 

Ce premier volume très prometteur laisse un goût aigre doux lorsque l’on apprend que la série a été arrêtée injustement après seulement 4 tomes au Japon. Avec une telle intrigue et un world building comme le sien, Phantom Seer aurait pourtant pu cartonner sur la durée. 

Laissez-vous donc tenter par ce premier volume d’une série en quatre tomes des éditions Kazé qui, de par sa très juste reprise de codes narratifs populaires du manga, saura vous séduire autant que nous à la rédaction. 

Lise Semeria