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Le Weekly Manga : Welcome to the Ballroom par Tomo Takeuchi

Pour ce Weekly Manga je vous propose d’entrer dans l’univers gominé et dynamique des danseurs de salon ! 

Synopsis :

Tatara est un jeune collégien tout à fait banal qui vit une vie sans stimuli ni passions et pour lequel ce manque de tout et ce trop plein de rien deviennent usants. Un jour, alors qu’il se fait harceler par une bande de garçons plus âgée que lui, un mystérieux jeune homme lui vient en aide. Ce qu’il ne sait pas, c’est que son sauveur, Kaname, enseigne la danse de salon dans une école et l’y emmène sur un malentendu, persuadé que Tatara souhaitait s’y inscrire. Il y retrouvera là-bas sa camarade de classe Shizuku qu’il admire en secret et y rencontrera un autre garçon de son âge, Hyodo, dont le talent le bouleversera. Ca y est, il s’est trouvé une passion et c’est sur le plancher des studios de danse qu’il saura l’exprimer au mieux. 

Avis : 

Dans un monde dans lequel nous sommes définis socialement par nos centres d’intérêts et nos préférences, être un jeune homme sans rien de cela est très complexe mais pas un cas isolé. Tatara incarne bien cette jeunesse désemparée face aux exigences d’une société qui se veut ordonnée et structurée par des individus qui, de par leurs goûts, savent naturellement vers quoi s’orienter dans leur vie. Cependant Tatara n’est pas une exception, loin de là ; un jeune lecteur peut facilement s’identifier à ce personnage touchant et terriblement réaliste. 

Photographie du manga Welcome to the Ballroom, Tomo Takeuchi, éditions noevegrafx

Ainsi, lorsque Tatara se découvre enfin une passion, se mélangent un sentiment de soulagement et un désir presque agressif de se dépasser, une volonté artistique si forte qu’elle en devient obsessionnelle. Ces ressentis sont extrêmement bien retranscrits dans ce manga, à travers un personnage merveilleusement bien écrit. Car en dépit du fait qu’il se soit dévoilé en dansant, cette pratique est d’une exigence et d’une rigueur extrêmes, qui requièrent parfois d’accepter d’être poussé dans ses retranchements. 

Photographie du manga Welcome to the Ballroom, Tomo Takeuchi, éditions noevegrafx

Cette difficulté dans cette pratique se ressent à travers les personnages de Shizuku et de son partenaire de danse, Hyodo. Ce dernier est un danseur talentueux pour lequel la passion peut parfois être synonyme de souffrance. Elle nécessite souvent de faire des sacrifices et des compromis et la complexité de ce personnage si jeune mais sur lequel repose l’immense pression de tout l’espoir que l’on place en lui, met en lumière ces aspects assez sombres du sport, de la pratique artistique et de la compétition.

Par ailleurs, cette non-idéalisation continue également dans la représentation réaliste du quotidien des danseuses. L’exemple de Shizuku qui est déterminée à faire ses études à l’étranger pour perfectionner sa technique et se fait prendre de haut par ses professeurs en est un probant. Elle est tout de suite cataloguée comme étant une personne aux mœurs légères ce qui est par ailleurs choquant “de la part d’une fille aussi brillante” selon ces professeurs.

Pour conclure :

Enfin, même si cette histoire n’est pas toute rose, elle met principalement en avant la beauté de cette pratique qu’est la danse de salon mais surtout la patience, la rigueur et la passion des danseurs qui s’y adonnent. Graphiquement c’est un plaisir pour les yeux puisque l’écriture des personnages et la manière dont ils sont illustrés sont parfaitement complémentaires ; il n’y a pas de doute, ce manga n’est pas une simple lecture, c’est un dialogue entraînant et éloquent entre l’auteur, les personnages et le lecteur, sur ces passions qui font valser notre cœur.