Minari (Lee Isaac Chung, 2021)
Le 23 juin sortait dans les salles françaises Minari, un film scénarisé et réalisé par le cinéaste Lee Isaac Chung. Minari est une véritable pépite qui a été révélée par le festival Sundance et qui s’est hissée jusqu’aux plus grandes cérémonies, en remportant le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère et l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Yuh-jung Youn, la première actrice sud-coréenne à remporter ce prix.
En partie autobiographique, Lee Isaac Chung raconte dans Minari l’arrivée d’une famille américano-coréenne dans une petite ville d’Arkansas. Installés en Californie depuis plusieurs années, Jacob et Monica Yi (Steven Yeun et Han Yeri) veulent un nouveau départ, ils misent tout sur l’achat d’une maison sur roues, perdue sur un immense terrain vague. En plus du déménagement et des incertitudes qui l’accompagnent, la grand-mère maternelle quitte la Corée du Sud pour venir s’installer avec la famille. Elle est un nouveau souffle, une dose de légèreté, un personnage tendre et joueur qui vient bousculer le calme de la famille Yi.
Qu’est-ce qui fait une famille ? Pour Lee Isaac Chung, c’est un lieu, cette nouvelle terre, et ses membres, aussi différents les uns des autres. Minari parle du fait que les liens familiaux ne soient pas innés, qu’une famille doive se construire. Les personnages s’apprivoisent, se testent et apprennent à s’aimer. Malgré les aléas d’un nouveau départ, l’instabilité économique qui en découle et les impondérables du travail de la terre, la famille Yi doit rester unie. Quand tout est incertain, installer une balançoire peut faire d’un endroit un chez-soi. Minari ne parle pas de l’émigration d’une famille de Corée aux Etats-Unis, mais d’une famille citadine dans une ville rurale. Leur rêve est de ne plus être employés mais de cultiver leur propre terre. Ce rêve est loin d’être extravagant, ils souhaitent vivre une vie américaine ordinaire, de prospérer, de subvenir à leurs besoins. Ils veulent vivre leur rêve américain. On peut considérer Minari comme un drame familial mais il est aussi drôle que touchant. Malgré la dureté des sujets abordés, l’émigration, le mélange des cultures, et les problèmes que la famille doit affronter, l’enfant et la grand-mère nous rappellent qu’on assiste au récit de la vie d’une famille commune, une famille qui rit, se dispute et s’aime plus que tout, malgré leurs incertitudes. On prend plaisir à voir évoluer la relation grand-mère – petits-fils qui est au centre de l’histoire. Dans des moments de pure harmonie, le réalisateur arrive à convoquer la beauté visuelle et sonore, en filmant cette terre vierge où tout reste à bâtir. La casting est plus que réussi ; Youn Yuh-jung n’est pas la seule à révéler son talent puisqu’ Alan Kim, âgé de huit ans, a remporté le Critics’ Choice Movie Award du meilleur espoir. Quant à Steven Yeun, il est toujours l’un des acteurs les plus prometteurs de sa génération. On a hâte de voir ce que Lee Isaac Chung nous réserve.