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Cinéma

Avant Matrix, il y avait Ghost in the Shell

Avant un remake en prise de vues réelles en 2017 avec Scarlett Johansson, Ghost in the Shell était déjà connu des adeptes de science-fiction. En effet, c’est en 1995 que Mamoru Oshii adapte le célèbre manga en film d’animation, et suit la lignée engagée par Blade Runner en proposant une dystopie biomécanique où la révolution informatique mène les humains (et les cyber-humains) à leur perte. En 2029, un individu surnommé le Master Puppet menace l’ordre établi et semble être doté d’une arme destructrice redoutable. Motoko, une cyborg, et son coéquipier, ont pour mission de stopper cette menace. 

Motoko et Batou, les deux cyborgs chargés de la mission © Ghost in the shell (1995), Mamoru Oshii

Ghost in the Shell est un film fondateur de la science-fiction qu’on pourrait considérer comme « post internet ». Que ce soit en 1989 à la sortie du premier manga, ou à la sortie du film, la peur que suscite l’outil informatique semble être la même. Peut-être même qu’aujourd’hui, en notant le très grand succès de séries comme Westworld, les humanoïdes effraient toujours autant. Le film de Mamoru Oshii est également une source d’inspiration indéniable de Matrix des sœurs Wachowski : du générique reprenant les formules de code informatique aux humains reliés à des machines par la nuque.

 Un film inspirant certes, mais aussi inspiré. De Blade Runner, d’une part dans la création d’un décor lugubre et sale et dans la dangerosité de la création d’humanoïdes et de l’autre, de l’œuvre fascinante de Fritz Lang Metropolis, qui mettait déjà en scène en 1927 la dérive de la modernité technique. En effet, les cinéastes ont depuis longtemps utilisé le médium cinématographique pour transfigurer à l’écran la dangerosité de la course à la technologie, mais la science-fiction décuple cette peur grandissante. Mais le film n’est pas qu’une reprise de thèmes, il innove surtout. On remarque de véritables recherches esthétiques comme la mise en scène de l’eau et du ruissellement qui reflète la nostalgie du personnage de Motoko, qui malgré ses modifications corporelles ne semble pas trouver la paix dans ce Tokyo stylisé et dystopique. Il y a une multiplication des passages de portes, de seuils, dans cette ville fragmentée par des sections où tout semble être vertical. 

Ghost in the Shell est un vrai chef d’œuvre de science fiction, Mamoru Oshii s’inscrit auprès des grands noms de l’animation japonaise comme Satoshi Kon (Perfect Blue) ou Katsuhiro Otomo (Akira).