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Le Festival Normandie Impressionniste

Le festival Normandie Impressionniste a été créé dans le but de réunir les deux Normandie. Il sert encore plus aujourd’hui à valoriser les collections muséales normandes. Retour sur l’édition 2020.

En 2010 a eu lieu le premier festival Normandie Impressionniste créé à l’initiative de Laurent Fabius et de Jacques-Sylvain Klein pour réunir culturellement les deux régions de Haute et de Basse Normandie. Ce rendez-vous a lieu tous les 3 à 4 ans (2010, 2013, 2016, 2020 et la prochaine édition se déroulera en 2024) pour une durée de 5 mois environ. Toutefois, après chaque festival grand format, une édition intermédiaire est élaborée : elle permet de valoriser le travail de fond des musées, des structures culturelles, des collections permanentes, des ressources artistiques et créatives de Normandie. L’une d’entre elle s’est tenue en 2018 et l’autre du 26 au 28 août 2022, intitulée « Les Nuits Normandie Impressionniste », cette édition a célébré les 150 ans du tableau Impression, soleil levant de Claude Monet. Généralement, le festival démarre à la fin du mois d’avril et se termine en septembre, et attire entre 1 et 2 millions personnes de provenance régionale, nationale et internationale.

Pourquoi un festival impressionniste ?

La grande singularité de ce festival est qu’il occupe une région entière : c’est unique dans le paysage culturel français. Normandie Impressionniste a pour objectifs de concevoir, d’organiser et de susciter l’émergence d’un ensemble d’événements artistiques et culturels à vocation nationale et internationale dédiés à l’Impressionnisme. Il a également pour vocation de renouveler notre regard sur les peintres impressionnistes. La programmation diversifiée s’engage à mettre en valeur l’Impressionnisme dans ses liens avec la Normandie, en recherchant de larges publics par des actions ciblées. Il a pour but de redynamiser cette région et de rendre hommage au mouvement artistique en le mettant en lien avec l’art contemporain.

La genèse du projet

L’association Normandie Impressionniste s’est constituée le 17 février 2009 et a dès lors porté la première édition du Festival Normandie Impressionniste en 2010. Grâce à la mobilisation de plus d’une centaine de collectivités locales, cette première édition a été un grand succès culturel, populaire, touristique et médiatique. Le 20 juin 2011, l’Assemblée générale de l’Association Normandie Impressionniste s’est prononcée sur la transformation de l’Association en Groupement d’intérêt public (GIP). Le GIP Normandie Impressionniste est composé de deux collèges de membres : celui des membres fondateurs et celui des membres adhérents. Ses neuf membres fondateurs sont la Région Normandie, la Métropole Rouen Normandie, le Département de l’Eure, le Département de Seine-Maritime, la Ville de Rouen, la Ville de Caen, la Ville du Havre, Le Havre Seine Métropole et la Communauté urbaine Caen la Mer.

Afin que ce projet puisse rayonner sur l’ensemble du territoire normand et amplifier la dynamique participative du festival, l’Association Normandie Impressionniste a lancé, au printemps 2009, un appel à projet dans toute la région : institutions, collectivités locales, associations ou même initiatives privées ont répondu à cette demande. Ainsi, parmi les très nombreuses propositions reçues, plus de 150 projets issus de l’ensemble du territoire ont été retenus. D’une étonnante richesse et modernité, ces projets témoignent de la vitalité et du dynamisme des deux régions. Cet appel à projet est renouvelé à chaque édition.

Une mise en valeur de l’histoire du territoire normand

Capture d’écran, MONET Claude, Les Falaises à Etretat, 1885, huile sur toile, Clark Art Institute, Massachusetts, Etats-Unis

Le festival Normandie Impressionniste s’ancre dans une histoire bien particulière du territoire, puisque l’on retrouve, soit comme sujet, soit en arrière-plan, le paysage normand dans beaucoup de toiles de ce courant du XIXe siècle. Pour Alfred Sisley, Claude Monet, Camille Pissarro mais également d’autres peintres impressionnistes européens, la Normandie a été une terre d’inspiration contribuant ainsi à la notoriété de la région à l’international. En effet, on retrouve ces toiles dans les musées du monde entier.

Le but de cet événement est donc de faire venir des œuvres, qui ont été peintes sur le territoire, pour montrer les liens entre le paysage et ce groupement d’artistes mais aussi de faire venir des visiteurs sur les lieux représentés dans les toiles. Le festival célèbre et fait revivre cette époque passée tout en témoignant d’un présent riche de création en exposant des œuvres d’art contemporaines. Madame Selma Toprak Présidente du GIP Normandie Impressionniste revient sur cette histoire particulière du territoire normand :

« Quels sont les atouts de la Normandie pour un tel festival : C’est d’avoir cette histoire, ce trésor, que sont cet héritage impressionniste et toutes ces toiles que l’on retrouve dans le monde entier, et qui font que la Normandie fait vraiment partie de l’imaginaire collectif de beaucoup d’habitants de la planète. Autre atout, ce sont ces paysages, cette lumière, qui n’ont finalement pas tant changé depuis la fin du XIXème. Il y a donc ce côté intemporel et en même temps, une vraie dynamique autour de la création, portée par un maillage de lieux culturels, d’artistes, de centres d’art, de musées, de centres chorégraphiques, de théâtres, d’orchestres… Ces liens sont très importants et les différents centres sont bien répartis sur le territoire, à la fois dans les villes mais aussi en milieu rural. Cet alliage d’une histoire et d’un présent, très riches, est une vraie force : il y a tous les ingrédients pour perpétuer cette création, et créer aujourd’hui, ce qui sera peut-être le patrimoine de demain ! »1

1Interview de Madame Selma Toprak Présidente du GIP Normandie Impressionniste publié le 06/02/2020 sur le site internet choisirlanormandie.fr

Un espace et un parcours d’exposition modifiés

En effet, le festival est réparti dans toute la Normandie dans plusieurs lieux culturels et villes normandes : musée des Beaux-Arts de Caen et de Rouen, musée Eugène Boudin de Honfleur, à Dieppe, musée de Cherbourg, musée Malraux du Havre, musée des Impressionnistes à Giverny mais aussi galeries, abbayes, centres d’art, théâtres, cinémas… Par conséquent, l’espace et le parcours de l’exposition traditionnels se retrouvent complémentent transformés : les frontières de l’exposition classique sont par conséquent déplacées. Les conservateurs des musées normands (musées des Beaux-Arts Rouen, Caen, Le Havre, Dieppe, Honfleur…) ont joué le jeu en organisant des expositions temporaires impressionnistes qui sont les manifestations phares de l’événement. Le festival invite les visiteurs à explorer toute la Normandie. Ils sont amenés à se déplacer dans toute la région pour apprécier de manière générale l’ensemble des expositions proposées par le festival instaurant ainsi de nouvelles pratiques de la mobilité. Ainsi, le parcours d’exposition ne se centre plus sur un même et unique lieu mais sur un ensemble de bâtiments culturels normands.

Un discours varié sur l’art du XIXe siècle

Capture d’écran, Vue de l’exposition « François Depeaux, l’homme aux 600 tableaux » au musée des Beaux-Arts de Rouen.

Le festival offre un discours riche et varié par ailleurs renforcé par un thème unique à chaque édition (sauf celle de 2010). Les quatre principales institutions (comprenant musées des Beaux-Arts de Rouen et de Caen, le Musée d’art moderne André Malraux MuMa au Have et le musée Eugène Boudin de Honfleur), étapes indissociables du festival, se regroupent pour communiquer ensemble sur leurs expositions phares.

Cette collaboration de musées est menée par une belle générosité (prêts d’œuvres entre les musées locaux et internationaux) et un travail scientifique complice (accès aux archives). Complémentaires et différentes, ces principales expositions proposent aux festivaliers de suivre un véritable parcours sur le territoire normand. Ainsi, différents thèmes ont été mis à l’honneur c’est le cas de L’Eau en 2013, du Portrait en 2016 et de La couleur au jour le jour en 2020.

Un dialogue entre art contemporain et Impressionnisme

L’idée majeure de cet événement est de montrer que si la Normandie a été une terre d’inspiration pour les artistes impressionnistes, elle est aujourd’hui, encore, un lieu d’innovation et notamment de création artistique très important. Ouvert à toutes les formes artistiques, la programmation contemporaine est riche et variée : elle propose à la fois de l’art contemporain mais aussi de la danse, du cinéma, du théâtre, de la photographie, des conférences, du cirque, de l’art numérique, des projets participatifs qui impliquent les habitants et les visiteurs. L’objectif est de prouver que Impressionnisme et art contemporain dialoguent dans tous ces rendez-vous artistiques : le but du festival est de montrer les influences de l’art du XIXe dans celui du XXIe siècle.

Leurs liens communs évoqués sont par exemple le sens du collectif qui était très important pour les impressionnistes : ainsi les projets de danses participatives et de ginguettes vont dans cet esprit (par exemple à la Frac Normandie Caen en 2022 : « La Guinguette cinéphile » proposait une expérience proche des premières projections des frères Lumière, au temps où l’Impressionnisme naissait). La notion du plein air est aussi expérimentée dans les deux disciplines : en effet des projets contemporains ont lieu dans la nature ou dans l’espace public (« Hissez les drapeaux » est une installation de 12 drapeaux de Charlotte Vitaioli qui crée des œuvres visuelles s’inspirant des thématiques chères aux impressionnistes : la lumière, le soleil couchant, le paysage…). Cette programmation pluridisciplinaire montre que la Normandie est encore une terre de création.

Le futur du festival

La prochaine édition aura lieu en 2024 : cette 5e édition viendra célébrer les 150 ans de la première exposition impressionniste qui s’est déroulée au studio de Nadar, à Paris, en 1874. Rendez-vous en Normandie !