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The Friends of Ringo Ishikawa – Fast and Furyô

Quand j’ai lancé The Friends of Ringo Ishikawa, 4 ans après sa sortie, je savais peu ou prou à quoi m’attendre. Une vidéo de la chaîne Merugezu, et une présentation du titre par Ken dans un Third Strike (podcast de la maison d’édition Third Editions) m’avaient préparé à un jeu atypique. Un mélange de beat ’em up et de simulation de vie sociale estudiantine en pixel art dans l’univers d’un gang de lycéens japonais des années 80, il y avait de quoi lever un sourcil tout en laissant ma curiosité faire le reste.

L’imagerie des gangs de rue japonais ne nous est pas inconnue, principalement via des mangas comme GTO ou Racailles Blues. Sans être expert en la matière, on visualise des adolescents autour de la vingtaine, portant tous le même uniforme, arborant un style capillaire que ne renieraient pas les Forbans, accroupis une clope au bec dans une posture appelée unko zuwari, séchant les cours pour s’adonner à leur passion première, la baston avec des gangs rivaux. Si l’on en reste à cette définition on est dans ce que l’on appelle le style furyô, si les protagonistes sont en plus des motards, la terminologie évolue en bosozoku, et si le gang est entièrement féminin il s’agit d’un sukeban (dont l’histoire est fortement liée à des mouvements féministes au Japon dans les années 80). Mais trève de sémantique, revenons au jeu.

Soirée chill en extérieur entre amis

Ringo, star du bahut

The Friends of Ringo Ishikawa épouse le style furyô dans un gameplay beat ’em up, et ce dès son introduction, où notre gang, rattaché à la couleur bleue des tenues de notre établissement, affronte une bande rivale exhibant sa couleur rouge. Coups de poing, coups de pied, parade, saisie de son adversaire, tous les classiques du genre sont présents.  

Quelques scènes d’exposition nous apprennent que Ringo, que nous incarnons, est un banchō, un chef de gang, entouré de ses amis Shiro, Masaru, Ken et Goro. Le jeu démarre alors que nous entamons notre dernière année de lycée. À force d’école buissonnière, nos notes ne sont pas fameuses et cette dernière ligne droite pourrait s’avérer déterminante pour notre avenir. C’est à nous, manette en main, de décider des actes et des priorités de Ringo.

Le jeu se découpe en journées, avec les heures qui défilent. Du lundi au vendredi nous pouvons aller en cours de 9h à 11h et de 12h à 14h pour tenter de sauver ce qui peut l’être, ou de sécher afin de profiter d’un maximum de temps avec nos potes tant que cela est encore possible. La ville est composée de différents magasins, un restaurant, un bar, des salles de sport, qui répondent à des horaires d’ouverture précis.

Certains membres de gangs rivaux nous attendent au coin d’une rue pour engager une escarmouche, ou nous pouvons démarrer nous même les hostilités en activant le mode «délinquant». The Friends of Ringo Ishikawa nous laisse libre de nos choix, y compris si l’on souhaite juste se poser dans les hautes herbes ou dans un parc, pour fumer clope sur clope, sans dire un mot, en regardant la luminosité s’abaisser progressivement, en profitant de l’excellente BO du jeu.

Passe ton bac d’abord

Le partie beat ’em up n’étant pas en reste, il nous est possible de gagner des HP en faisant des exercices, d’apprendre de nouvelles techniques aux cours de judo, karaté, boxe et kickboxing afin de ne pas trop mordre la poussière. Cela permet aussi de faire les poches de nos adversaires au sol, puisque sans argent il est difficile d’enchainer les parties de billard, d’acheter à manger pour ne pas rester affamé toute la journée, de se reprendre un paquet de clope, ou d’économiser pour s’offrir un combiné télé-magnétoscope afin de mater des films de kung-fu entre amis le soir venu. L’autre solution est de réviser assez pour débloquer une bourse d’étude, que l’on peut obtenir chaque lundi, en fonction de nos résultats aux partiels, auprès du proviseur du lycée. 

Distribution de bons poings

Cette liberté totale n’a pourtant aucun impact sur la seule et unique fin du jeu. Au fil des jours, certaines scènes scriptées font avancer les histoires de Ringo et des membres de son gang, sans que nos choix d’occupations journalières n’aient le moindre impact dessus. Et s’il s’agit d’un point que l’on pourrait regretter, il faut réaliser qu’il y a une logique dans cette démarche.

Au travers d’un gameplay moitié beat ’em up, moitié simulateur de journée d’adolescent, The Friends of Ringo Ishikawa est avant tout le récit d’une page qui se tourne, le chant du cygne d’un âge insouciant où la rébellion outrancière face à l’ordre établi et au conformisme n’implique pas de conséquences trop irrémédiables. Pour Ringo et ses amis, c’est une dernière année de lycée où tout est permis avant que la réalité et les obligations du monde « adulte » ne s’imposent.

Durant ces 40 jours dans le jeu, qui équivalent à une année scolaire, les caractères évoluent, les gens changent, les destins s’éloignent au fil des choix divergents, et la réalité rattrape certains plus vite que d’autres.

Et si on regardait Retour vers le futur pour la 5ème fois de la semaine ?

Il y a dans The Friends of Ringo Ishikawa un petit goût de ces vacances d’été, bercées dans une routine rassurante avec ses amis. Ce concentré de vie et d’émotions sur une courte période où s’enchaînent les fous rires, les germes d’une complicité qui paraît intemporelle, les trahisons, les réconciliations, les parties de foot sur gazon qui se poursuivent sur console, avant de se poser pour revoir le même film en VHS pour la troisième fois de la semaine.

The Friends of Ringo Ishikawa relate cette époque de vie en dilettante, ponctuée de conneries d’adolescents qui nous coûtent de sacrées réprimandes mais s’inscrivent dans nos souvenirs comme les empreintes d’une insouciance qu’on ne peut plus s’autoriser. 

Porté par une excellente bande son hip hop expérimentale qui s’accorde parfaitement à l’ambiance légère et parfois teintée de mélancolie, The Friends of Ringo Ishikawa est un petit bonbon nostalgique pour qui y projette ses souvenirs d’adolescences frivoles.

Mais c’est aussi l’histoire de Ringo face à l’inexorable fin d’un âge qui semblait à la fois éternel et sans lendemain. Pour ne pas être déçu, si vous devez tenter l’expérience faites le pour cet aspect plutôt que pour le côté beat ’em up, sympathique mais très sommaire par rapport à d’autres titres.

La bagarre !

Outre quelques bugs parfois agaçants mais jamais trop problématiques grâce à une sauvegarde automatique à chaque début de journée, The Friends of Ringo Ishikawa souffre d’une absence totale d’aide à la prise en main qui peut pousser à recommencer la partie, passé 2-3 heures de jeu, une fois que l’on a compris ses mécaniques. Afin de vous épargner cela, je vous propose, quelques conseils pour vous faciliter l’expérience :

  • Essayez de dormir 7h par nuit.
  • Votre classe est au 3ème étage, 3ème porte à droite.
  • Les cours commencent à 9h et 12h mais vous pouvez entrer jusqu’à 50 minutes de retard.
  • En cours, appuyez sur la touche A (sur Switch) pour prendre des notes, sinon vous ferez juste acte de présence sans rien apprendre. 
  • Idem pour les partiels qui ont lieu le samedi matin.
  • N’oubliez pas de réclamer votre bourse d’étude à votre proviseur, premier bureau au premier étage du lycée, tous les lundi.
  • Parlez aux autres élèves si vous arrivez avant le début des cours, y compris dans l’autre classe du 3ème étage.
  • Vos potes sont souvent sur le toit du lycée après les cours.
  • Faites les poches de vos adversaires quand ils sont KO, et les sacs peuvent se revendre dans un magasin à droite du lycée (ça rapporte pas mal).
  • Pour frapper quelqu’un qui n’engage pas le combat, mettez vous en mode délinquant (bouton R) et utilisez le bouton «coup de poing».
  • Les barres de tractions et les barres parallèles du parc vous font gagner des HP Pour cela, placez vous devant, faites saut (A+B) et appuyez sur A pour faire les exercices jusqu’à ce que Ringo n’ait plus la force de continuer.
  • Pour lire un livre, soit choisissez en un à la bibliothèque du lycée, 2ème porte au 1er étage, ou alors prenez en un dans l’étagère chez vous et posez vous dans un resto ou sur votre lit (côté bureau) puis appuyez sur L. Appuyez de nouveau pour cesser votre lecture.
  • N’hésitez pas à vous aider avec la carte du jeu jusqu’à ce que vous vous repériez par vous-même.
  • Parlez aux PNJ dès que possible, même si au début les dialogues vous semblent les mêmes.
  • N’oubliez pas de manger quand Ringo est affamé.
  • Le prof de kickboxing est un mécanicien bien planqué (voir la carte), pour débloquer son enseignement il faut lui parler trois jours de suite et le 3ème jour vous faire battre par le gang qui vous attend sous le pont, à l’écran avant le garage.
  • Si vous êtes perfectionniste et complétionniste vous allez inexorablement foirer votre première partie, c’est normal. Et si vous ne l’êtes pas, alors ne paniquez pas si vous découvrez une fonctionnalité du jeu avec 20 jours de retard, de toute façon la fin sera la même, alors profitez-en et faites ce que vous voulez.

The Friends of Ringo Ishikawa est jouable sur Switch, PC et Xbox

Valentin C