Législatives aux Îles Fidji : toujours pas de Premier ministre au lendemain de la publication des résultats
Les résultats des élections législatives fidjiennes, publiés dimanche 18 décembre, n’ont pas permis de départager le Premier ministre sortant, Frank Bainimarama, et son rival Sitiveni Rabuka.
Égalité parfaite entre les deux candidats au poste de Premier ministre fidjien, le sortant Frank Bainimarama (68 ans) et l’ancien Premier ministre Sitiveni Rabuka (74 ans). Les résultats du scrutin, publiés dimanche par le Bureau électoral fidjien, accordent à chacun 26 sièges dans un parlement qui en compte 55. Les trois sièges restants sont attribués au parti social-démocrate qui devient ainsi un faiseur de rois. Mais son dirigeant, Viliame Gavoka, s’est brouillé avec les deux candidats, ce qui complique la perspective d’une alliance avec une des deux formations.
Plusieurs jours de tensions
Ces résultats interviennent après plusieurs jours de tensions au cours desquels le décompte des voix était si serré qu’aucun vainqueur ne pouvait être déclaré. De plus, des problèmes ont perturbé dans la nuit de mercredi – jour du scrutin – à jeudi l’affichage des premiers résultats, suscitant des accusations d’irrégularités. Si seul l’affichage du décompte était concerné par l’avarie, l’opposition menée par M. Rabuka a réclamé l’arrêt du décompte. L’ancien Premier ministre a notamment dénoncé des « anomalies » et un scrutin « entouré de secret ». Il en a même appelé à l’armée, dont le rôle est, selon la Constitution, de maintenir la stabilité de l’État, mais a essuyé un refus. Il a également été convoqué vendredi soir par la police, avec le secrétaire général de son parti Sakiasi Ditoka, pour être interrogé. Les observateurs internationaux, déployés pour le scrutin, n’ont pour leur part fait état d’aucune irrégularité. M. Bainimarama, quant à lui, a conservé le silence dans l’attente des résultats officiels.
Historique d’instabilité politique
L’absence de vainqueur désigné à ce jour est potentiellement critique pour un pays possédant un historique d’instabilité politique forte. Les Îles Fidji ont connu pas moins de quatre coups d’état ces 35 dernières années, et les deux prétendants au poste de Premier ministre, tous deux d’anciens chefs militaires, y ont été impliqués ; M. Bainimarama est arrivé au pouvoir il y a 16 ans par un coup d’état, tandis que son rival M. Rabuka a participé à deux putschs et est surnommé « Rambo ». L’enjeu des prochains jours, au-delà d’entériner la victoire finale de l’un ou l’autre des candidats, est donc d’éviter un retour à l’instabilité. En cela, les négociations qui devraient débuter cette semaine s’annoncent décisives.