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Musique

GLOW, Alice Phoebe Lou

Après deux albums studio et un Live at Funkhaus, Alice Phoebe Lou revient avec Glow, un album dans le sillage de ce qu’avait amorcé Paper Castles – un subtil mélange entre un synthé plastique et des instruments organiques.

Parfois, l’algorithme YouTube fait bien les choses. Il y avait cette vidéo d’une fille sous un ciel orangé qui reprenait Walk on the Wild Side à la guitare sèche, ce fut ma première rencontre avec Alice Phoebe Lou. D’ordinaire, je fuis les covers et surtout ceux de Walk on the Wild Side, mais cette fois, c’était différent. Ce n’était pas dans une chambre mais en plein air, il y avait des gens qui l’écoutaient, elle était drôle et elle riait et puis cette voix… Quelque chose d’impensable s’était produit ce jour, lors d’une fin d’après-midi dans un parc de Berlin, une fille et sa guitare avaient métamorphosé un hymne, à tel point qu’à la fin du morceau je ne savais plus si cette reprise en était vraiment une. Souvent, l’algorithme YouTube fait bien les choses.

Glow est un album ensoleillé, chaleureux et estival, il apparaît comme une invitation à ne rien faire. C’est un éloge à la paresse qui provoque un coucher de soleil à l’infini pendant 45 minutes. Le morceau Mother’s Eyes est un envol, sa guitare aérienne ravive le souvenir d’une Amérique rurale que les disques de Pete Drake, de Santo & Johnny ont canonisé. Dans le même esprit, How to Get Out of Love est une balade sur une eau calme façon Elvis, une mélodie qui sort d’un vieux transistor et chante un poème à un Hawaï fantasmé.

Alice Phoebe Lou fréquente tous les genres, les styles et trouve un équilibre dans l’hybridation. Cependant, Glow manque de reliefs et les morceaux qui le composent ne prennent leur sens qu’au sein d’un tout. Les titres s’enchaînent et tombent rapidement dans une fresque ornementale dont ne ressort qu’un plaisir éphémère. Malgré une indéniable maîtrise vocale et instrumentale, Alice Phoebe Lou avait un sens de l’harmonie et du lyrisme sur Orbit qui semble s’être allégé avec le temps. Ce troisième opus est atteint du syndrome paradoxal qui touche la musique indie et la rend à la fois personnelle et impersonnelle, faute à des sonorités codifiées qui brouillent la distinction entre les groupes et leurs morceaux et dont résulte l’impression d’écouter plusieurs versions d’une même chanson.

Toutefois marqué par une innocence dont seule Alice Phoebe Lou tient le secret, Glow est un album agréable. Il se termine aussi rapidement qu’il a commencé, il s’apprécie donc et se vit au présent, exactement comme un été sans fin.

T.

P.S: Alice Phoebe Lou sera en concert au Trianon le 28 septembre 2021