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SOUVENIRS D’ART

Une année s’achève, c’est l’occasion pour moi de revenir sur mes expériences artistiques favorites et de vous les partager. Cet article est non exhaustif et ne traite pas uniquement des expositions parisiennes. C’est un fragment de moments d’émotions artistiques et de découvertes, grandes et petites.

La villa Noailles et la Design Parade, Var

Photographie de la Cellule de correspondances de Clément Pélisson par M.Lavé @arthrouglens

Non, ce n’est pas un événement parisien, mais ne partez pas tout de suite.

C’est une ville dans le sud, il y a la mer, les palmiers, mes soleils et une fois par an, la Design Parade. Cette année marquait la sixième édition du Festival international d’Architecture d’intérieur. Une partie se déroule à la Villa Noailles, internationalement connue pour son festival de mode, de photographie et accessoires. L’autre partie se déroule à l’Ancien évêché. C’était l’occasion, mon Reflex en main, de réaliser un petit reportage photographique (disponible sur @arthroughlens – section juillet).

J’ai apprécié l’originalité de L’Oursinade de Marthe Simon et le baroque imaginaire et délicat de la toilette aux coquillages de Paul Bonlarron, lauréat du Prix du Mobilier National. Nous pouvions également y retrouver la très inattendue SARDINE SARDINE (de tente) réalisée par Madeleine Oltra et Angelo De Taisne.

La Cellule de correspondances de Clément Pélisson m’a émue. Il présente une pièce multidisciplinaire, entre cellule de correspondance et cadre monacal, il évoque grandeur nature à la fois les boîtes surréalistes et les boîtes de nonnes. Il s’inspire de l’ouvrage Lettres Portugaises paru en 1669 et écrite par Mariana Alcoforado, religieuse au couvent de Beja au Portugal.  Amoureuse d’un officier français, le marquis de Chamilly, elle est trahie par ce dernier et lui écrit cinq lettres d’un lyrisme saisissant, matérialisé par cette pièce.

Giovanni Boldini, les plaisirs et les jours, au Petit Palais

J’ai eu l’opportunité de la voir en avant-première, grâce à une amie que j’ai eu la chance d’accompagner. C’était un voyage à la Belle Époque, Paris, la Haute, c’était délicat et décadent. J’étais envoûtée par ces marquises élégantes, par ces grands formats aux coups de pinceaux vifs, par ces parures divines, c’était Paris ressuscité. C’était un fragment de Jean des Esseintes, la déliquescence empreinte de nostalgie, l’effervescence mondaine en plus.

L’Art contemporain au Palazzo Strozzi

Un article est déjà disponible sur « Donatello, il Rinascimento », exposition qui restera éternellement dans ma mémoire par les cimaises incroyables que j’ai pu y voir.

Au même moment, Nous pouvions voir l’exposition « Let’s go digital ! » qui s’ouvrait sur l’installation de Refik Anadol Machine Hallucinations – Renaissance Dreams. Un écran de neuf mètres de haut, créé spécialement pour la cour du Palazzo Strozzi, projette une image hypnotique créée par une intelligence artificielle qui compile des milliers de peintures de la Renaissance afin de créer des formes dynamiques aux couleurs vives. Ce projet atteste de l’ambition d’Andrea Galansino, arrivé à la tête du Palazzo Strozzi en 2015, de faire rentrer l’art contemporain dans ce temple sacré de la Renaissance. Un dialogue se produit entre l’art contemporain et celui de la Renaissance, c’est à partir de lui qu’on crée et c’est au sein de son architecture que l’on expose. Le succès de cette installation témoigne de l’intérêt croissant, non plus pour le savoir que contiennent les musées, mais pour l’expérience qu’il offre. Cette expérience est une passerelle qui invite les visiteurs à s’intéresser à l’histoire et au savoir.

Photographie de l’installation de Refik Anadol Machine Hallucinations – Renaissance Dreams dans la cour du Palazzo Strozzi
par M.Lavé @arthroughlens

Shocking ! Les Mondes Surréalistes d’Elsa Schiaparelli

Photographie de Robes Schiaparelli par M.Lavé

J’apprécie souvent les expositions du Musée des Arts Décoratifs. La scénographie est soignée, les cartels sont accessibles, l’étude est souvent pluridisciplinaire amenant une forme de transversalité dans la recherche. L’exposition de « Shocking ! Les Mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli » ne faisait pas exception ! La mise en regard des réalisations de Schiaparelli avec celles de Man Ray, Salvador Dali, Jean Cocteau, Meret Oppenheim ou encore Elsa Triolet nous permet de saisir le dialogue entre art et mode. La créatrice nous semble alors contemporaine, expérimentant avec les formes, les motifs, les matières et brouillant la hiérarchie des arts à une époque où elle est encore présente.

Le Jean-Léon Gérôme du musée des Beaux-Arts de Nantes

Tête de femme coiffée de cornes de bélier, dite La Bacchante, 1853, Musée des Beaux-Arts de Nantes

Lorsque nous nous sommes penchés, avec des amis, sur les collections du musée des Beaux-Arts de Nantes, nous avons découvert un magnifique tondo réalisé par Gérôme.

Il représente une figure aux épaules dénudées et aux traits ambiguës qui pourrait nous rappeler les études physionomiques de Charles Le Brun. La figure ne fait référence à aucun passage biblique ou iconographie connu, pourtant elle rappelle les figures fantasmées de la Renaissance. L’œuvre m’évoque les grands maîtres et quelque chose de la pureté d’Ingres dans la volupté de la touche qui suggère la chair. L’expression appelle une forme de mélancolie et de délicatesse.

Visite particulière de l’Hôtel Turbot de la Fondation Custodia  

Après la visite des expositions sur les dessins français du XIXe siècle et Léon Bonvin (1834-1866), j’ai pu assister – sur réservation – à la présentation de l’Hôtel Turbot. Il contient la Collection Frits Lugt et est complété d’acquisitions faites par la Fondation. Des chercheurs y travaillent et y conservent les collections alors que le directeur habite au dernier étage.

Dans la cage d’escalier, des petits formats de pleins airs viennent former des ensembles mobiles. Les collections ne sont pas seulement faites de peintures des Provinces Unies : elles contiennent aussi des antiquités, du mobilier, des œuvres françaises, de la porcelaine chinoise, des bas-reliefs danois, des dessins, des gravures et plus encore. L’ensemble est pensé comme une œuvre vivante qui rappelle les intérieurs de Vermeer, faits de beaux objets simples et délicats en apparence mais tous profondément pensés dans leur espace. La restauration du bâtiment, l’ouverture des collections aux chercheurs, les paysages dans la cage d’escalier, la politique d’exposition et de publication sont tant de choses pour lesquels nous pouvons remercier Ger Luijten, malheureusement décédé ce lundi 19 décembre. C’était un directeur exceptionnel, une perte immense pour l’histoire de l’art et pour ses proches.

Voilà pour ma rétrospective 2022 qui je l’espère vous aura plu et vous aura évoqué de bons souvenirs. Il est temps de vous souhaiter, de la part de toute l’équipe Tote Bag, une excellente année!

3 réponses sur « SOUVENIRS D’ART »

Une merveilleuse rétrospective. Vous pouvez être fière de votre travail. 😊

Je tiens à te féliciter pour l’article que tu as écrit. Tu as su partager tes expériences artistiques de manière passionnée et détaillée, et j’ai vraiment apprécié la lecture de ton article. Tu as une façon unique de présenter tes expériences et je suis sûr que cela a été une inspiration pour beaucoup de gens.

Je suis fière de toi et de ta passion pour l’art. Tu as une vraie talent pour le partager avec les autres et je suis sûr que tu vas continuer à nous surprendre avec tes écrits et tes découvertes. Continue de suivre ta passion et de partager tes connaissances avec nous.

L’art se partage et ces quelques souvenirs emprunt de légèreté sont des délices.
Merci

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