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The Burrell Collection – Glasgow

En juin dernier, j’ai eu l’occasion de visiter la Burrell Collection à Glasgow. Située au sud de la ville, au cœur du grand Pollok Country Park, cette collection d’art regroupe les œuvres collectionnées par la famille Écossaise des Burrell. Avec un inventaire de plus de 9000 objets, cette collection monumentale représente près de 6000 ans d’histoire, et illustre l’amour d’une famille pour l’art et la beauté. 

L’histoire de la Burrell Collection 

Les origines de l’impressionnante Burrell Collection sont liées la passion débordante qu’avait Sir William Burrell (1861–1958) pour l’art. Ce dernier travaillait au côté de ses parents, dans le domaine de la construction navale, l’industrie la plus fructueuse de Glasgow au XIXème siècle. À 15 ans, il achète sa première peinture avec son argent de poche. Le succès des investissements de sa famille lui ont permis de développer son goût pour l’art en collectionnant progressivement des objets uniques. Il travaille aux côtés de sa femme Constance Lady Burrell, passionnée d’art et connaisseuse exigeante des objets antiques. Durant leurs carrières de collectionneurs, les Burrell prêtaient régulièrement leurs œuvres à d’autres musées et galeries d’art. La générosité de William fut reconnue nationalement par la couronne. Il fut adoubé par le roi George V en 1927 pour avoir défendu le projet de rendre l’art et la culture accessibles à tous. Dans la continuité de cette volonté philanthrope, Sir William Burrell et sa femme Constance donnent en 1944 l’entièreté de leur collection d’art à la ville de Glasgow. Ce don permet aujourd’hui au public de visiter la Burrell Collection gratuitement. Il n’a cependant pas été si simple de trouver un lieu pour accueillir les plusieurs milliers d’objets qui constituent cette collection. Sir William Burrell avait un projet bien précis pour ce futur musée, et souhaitait que ce dernier se situe assez loin du centre de Glasgow pour bénéficier du calme et de la grandeur que sa collection méritait. À la fin des années soixante, le domaine de Pollok est donné à la ville de Glasgow et devient le premier choix pour établir le musée des Burrell. Fief de la famille des Stirling Maxwell, également connue pour son ancrage historique au sein de la vie artistique de Glasgow, ce domaine enrichit son histoire en accueillant la collection des Burrell. Le parc de 146 hectares correspond au désir de Sir William Burrell d’entourer ses œuvres de toute la grandeur que la nature peut leur apporter. Le musée ouvre en 1983 et son succès immédiat (plus d’un million de visiteurs la première année) lui doit la récompense du UK Museum of the Year en 1985

Les rénovations récentes 

La Burrell Collection a récemment réouvert ses portes au public après plusieurs années de travaux. Les rénovations débutent en 2016, et ont pour but de moderniser et agrandir les espaces du musée. Avec un budget conséquent (68.25 millions de pounds) et 6 ans de travaux, la Burrell Collection s’est fabuleusement transformée et peut désormais présenter davantage d’œuvres précédemment conservées dans les réserves du musée. De grandes poutres en bois rappellent le parc naturel qui entoure le musée. Les baies vitrées, qui s’étendent aux murs et aux plafonds, laissent rentrer la lumière naturelle, mettant alors en valeurs les œuvres de la collection (#1). Ces travaux ont également rendu possible la modernisation de la muséographie de la Burrell Collection. L’ajout de grands écrans interactifs tactiles crée un intermédiaire moderne et dynamique entre les visiteurs et les œuvres d’art. De nombreux musées utilisent déjà ces objets multimédias d’interaction, mais la taille humaine des écrans rend l’expérience encore plus immersive (#2).

La collection

A travers plus de 9000 artefacts, la Burrell Collection dévoile la sensibilité des collectionneurs. Constance Lady Burrell avait une affection particulière pour les artefacts asiatiques. On trouve d’ailleurs dans ce musée, la plus grande collection d’œuvres chinoises du Royaume-Uni. On peut découvrir des vases et de la vaisselle (#3) tout comme des statues de guerre, datant de la dynastie des Tang (#4).

Sir William Burrell appréciait davantage les artistes du XIXème siècle. On retrouve de nombreuses peintures d’Edgar Degas, comme La Répétition et Danseuses en tutus rouges (#5 & #6). Le musée met également en avant ses précieux exemplaires de sculptures en bronze d’après les modelages de Rodin, comme Le Penseur (#7).

De nombreux vitraux datant de la fin de la période gothique sont exposés dans cette collection. J’ai beaucoup apprécié le choix muséographique de placer ces vitraux en transparence avec l’extérieur. Le résultat est très émouvant : les couleurs vives des vitraux se superposent au vert intense de la nature du parc. Cette mise en place redonne vie aux scènes bibliques de la fin du moyen-âge, en les ancrant au sein d’une nature intemporelle. (#8 & #9).

La collection des Burrell est aussi fascinante qu’éclectique. Certaines salles sont thématiques : une est dédiée aux arts de l’artisanat, une autre aux tapisseries du Moyen-Orient. D’autres espaces regroupent des objets de toutes les destinations, toutes périodes historiques confondues. Cette statue de bouddha (#10), originellement donnée par une famille chinoise pour orner un temple au XVème siècle, se retrouve dans la même pièce que L’Âge d’airain, une sculpture de Rodin datant de 1875 (#11). Ce choix muséographique peut sembler déroutant pour les visiteurs. Cela donne l’impression que des objets choisis de manière aléatoire ont été dispersés sans réflexion… Je pense cependant que ces œuvres sont considérés comme les ‘highlights’ de la collection, (c’est-à-dire les chefs-d’œuvre). Cette grande pièce, illuminée naturellement grâce aux baies vitrées, bénéficie également d’une vue sur le parc, ce qui pourrait expliquer pourquoi tant d’œuvres importantes y sont placées (#12). Cette direction muséographique permet également aux objets de paraître plus accessibles, plus humains. Les visiteurs peuvent tourner autour et les observer librement, sans l’intermédiaire classique de la vitrine.

#13 – Vase de Warwick, c. 100-200 et restauré en 1775, marbre. © Marion Gallet

L’œuvre qui m’a le plus marquée est le Vase de Warwick (#13). Ce vase monumental sculpté dans le marbre mesure près de 3 mètres de haut et 2 mètres de large. Il fut découvert en Italie lors des Grands Tours, et se trouvait sous les ruines du domaine de l’Empereur Romain Hadrien (117-138). Le vase est orné de motifs liés au dieu Bacchus, qui mélangent parfaitement la délicatesse et la décadence de ce mythe Grec.

Si vous avez la chance de visiter l’Écosse, et de passer par Glasgow, je vous recommande vivement de faire un tour à la Burrell Collection. Idéalement, il faudrait y passer plusieurs heures, ou y retourner à plusieurs reprises, tant la collection regorge de trésors à découvrir !  

Sources :