COMMUNITY : Retour sur une sitcom trop négligée ?
Histoire et casting :
Community est une sitcom américaine (2009-2015) créée par Dan Harmon et diffusée par NBC jusqu’en 2014 puis par Yahoo Screens pour l’ultime saison en 2015.
L’épisode pilote nous présente Jeffrey Winger, un avocat charismatique et doué pour la manipulation licencié par son cabinet à cause d’un diplôme non-officiel, il est donc contraint de devoir le repasser à l’université publique de Greendale. Dès son premier jour, il fait la connaissance de Britta une autre étudiante qu’il s’empresse d’aller aborder en lui faisant croire à un faux groupe de révision en espagnol dans l’espoir de se rapprocher d’elle. A sa grande surprise, grâce à l’intervention d’un autre étudiant du nom de Abed, le groupe se créé bel et bien malgré lui et les Sept de Greendale sont réunis pour la première fois : on découvre Jeffrey, Britta, Abed, Troy, Annie, Shirley et Pierce.
Nos personnages tous en quête d’eux-mêmes, ainsi que d’un diplôme universitaire, sont réunis grâce au destin dans une université qui organise des tournois de paintballs chaotiques détruisant quasi- entièrement le campus, des soirées dansantes pour des fêtes fictives sorties de l’imagination débordante et dévastatrice du doyen, érige une statue à l’effigie de Luis Guzman pour se vanter de son passage en tant qu’étudiant, enseigne des cours sur « ce qui peut être frit ou pas » et bien d’autres choses encore plus farfelues…
Joel McHale (Jeffrey), Gillian Jacobs (Britta), Danny Pudi (Abed), Alison Brie (Annie), Donald Glover (Troy), Yvette Nicole-Brown (Shirley) et Chevy Chase (Pierce) pour incarner les 7 de Greendale suivis par Jim Rash dans le rôle du doyen Craig Pelton, un homme aussi flou dans sa vie personnelle que professionnelle qui cherche à donner à son université une bonne image par tous les moyens les plus grotesques et inimaginables possible, ainsi que Ken Jeong dans le rôle de Ben Chang alias Señor Chang, le professeur d’espagnol mentalement dérangé et accro à l’autorité qui génère à lui seul un bon nombre de séquences cultes de la série.
Greendale Community College ou le purgatoire
Pendant les six saisons où nous suivons les Sept de Greendale on découvre ce que c’est d’être : un avocat égocentrique ramené à la réalité d’une vie sans luxe, une pseudo-anarchiste incapable de s’aimer et en quête d’identité, un jeune homme autiste qui trouve le moyen de s’ouvrir au monde grâce la télévision, une petite madame parfaite qui ne supporte pas l’échec ou la médaille d’argent, une mère au foyer en pleine rupture familiale, un ancien roi du lycée déchu et en plein renouveau, et un vieil homme raciste et homophobe incapable de trouver l’amour.
Aux premiers abords, on penserait que rien ne rassemble ces personnages tant ils sont différents entre eux, que rien ne semble aller pour le mieux dans une université qu’on accuse d’avoir donné un diplôme à un chien, et pourtant une citation de Dan Harmon lui-même donne tout son sens à sa série :
«The woods are magical, but the people are real. The relationships to each other have to be real.»*
«Les bois sont magiques, mais les gens sont réels. Les relations entre eux doivent être réelles.»
Si les péripéties de nos héros semblent inimaginables, leurs sentiments et les relations qu’ils entretiennent sont elles bien réelles. Telle est la philosophie de Harmon que l’on peut retrouver dans ses autres projets : « Rick et Morty » et « HarmonQuest ».
Pendant les six années que nos personnages passeront à Greendale, ils grandiront autant en tant que groupe qu’individuellement. Même si leurs chemins personnels n’ont rien à voir avec ceux de leurs amis, ils poursuivront pourtant tous une même route dans cet endroit que Harmon lui-même qualifie de purgatoire : un endroit où on ne veut pas être mais où on a besoin d’être pour savoir qui l’on est. Aucun des étudiants de Greendale n’est fier d’y étudier, c’est la raison pour laquelle le doyen s’efforce de la rendre crédible. On pourrait croire que c’est sa plus grande faiblesse, mais c’est en réalité tout l’inverse : à Greendale ceux qui se pensent meilleurs que les autres sont les premiers à dérailler. C’est le constat que Jeffrey, passant du luxe d’un avocat à celui d’un étudiant presque quarantenaire sans revenu, ne cessera d’observer pendant six saisons ainsi que le reste de ses amis.
La magie de Community :
Ce qui rend Community si agréable à regarder en plus de ses qualités d’écriture et de dialogue, de l’interprétation géniale des acteurs de personnages si caractérisés, d’une bande-son absorbante et si vivante, c’est son habilité à si bien raconter la vie avec rien. Certes, c’est une qualité que toutes les sitcoms se doivent d’avoir à cause de la production même de ce type de série, mais la série excelle pour avoir créé une intrigue totalement démente et pourtant au fond si enfantine et sincère.
Harmon et les scénaristes n’ont jamais eu peur d’aller jusqu’au bout d’une intrigue insensée, d’évoquer des sujets sensibles pour les plus jeunes et les plus vieux avec ingéniosité et clarté, de briser le 4e mur et d’utiliser brillamment le méta-humour…
La série multiplie constamment les références à la pop-culture en allant de simples allusions à des séries ou films jusqu’à des épisodes entiers construits en référence à une autre œuvre : un épisode est tourné comme la série « New-York Police Judiciaire », un autre comme un film de zombie, celui d’après comme un remake de « Star Wars »… Tout le monde peut y trouver son compte tant les références sont multiples et variées.
Tensions avec NBC et anecdotes :
Avant le début de la quatrième saison, NBC licencie Harmon et la produiront eux-mêmes sans sa direction. Encore aujourd’hui, les fans « hardcores » de la série sont très remontés contre la chaîne pour cette décision. Heureusement, il sera rappelé immédiatement après pour les deux dernières saisons et nous livrera une fin digne de ce qu’il avait su transmettre précédemment.
La série a toujours été en dessous des audiences que la chaîne espérait pour une sitcom après l’explosion de « Friends », pourtant elle luttera tant bien que mal pour continuer sa diffusion, la qualité était au rendez- vous mais le succès n’était pas celui espéré… L’épisode pilote de la série fut diffusé un soir juste après un épisode de la sitcom star de l’époque « The Office ». Comme les spectateurs n’ont pas changé de chaîne après la fin de leur série préférée, Community a bénéficié d’un bon démarrage en terme d’audience, cependant dès le deuxième épisode elle chuta brutalement et les statistiques ne remontèrent jamais au-delà des espérances de la chaîne.
Une des raisons qui poussera la chaîne à licencier Harmon a été les multiples querelles entre lui et Chevy Chase (Pierce) pendant la production de la série. D’après lui Chase ressemblait, bien ironiquement, beaucoup trop à son personnage : un vieil homme arrogant et fier ne pouvant pas supporter de ne plus pouvoir être sur le devant de la scène.
Un casting gravé dans la roche :
Le générique à l’ambiance chaleureuse mais aux paroles très moroses est interprété par le groupe The 88. A la réalisation on note notamment la présence des frères Joe & Anthony Russo connus pour leur travail dans le MCU (Marvel Cinematic Universe) avec les films Avengers et Captain America, mais aussi sur une autre sitcom au ton décalé trop peu reconnue : Arrested Development (disponible sur Netflix). Les deux frères sont présents sur la plupart des épisodes les plus cultes de la série ou importants à l’intrigue.
Du côté des scénaristes en plus de Dan Harmon on peut saluer Chris McKenna (American Dad, Spider-Man : Homecoming, Ant-Man et la Guêpe…), Megan Ganz (Modern Family, It’s Always Sunny in Philadelphia…), Karey Dornetto (South Park, Arrested Development…) et beaucoup d’autres issus du même registre d’écriture : celui du comique (sitcom et série animée).
Pour accompagner chacun des battements de la vie de nos étudiants, on salue la performance de Ludwig Göransson (oscarisé en 2019 avec « Black Panther ») pour la bande-son de la série qui passe par tous les genres tout en gardant une essence très chaleureuse et vivante.
La connexion entre Marvel et Community semble être une simple coïncidence pourtant même du côté des acteurs on peut retrouver plusieurs cameos : Danny Pudi joue un agent du S.H.I.E.L.D ouvrant la porte à Captain America et son escouade dans « Captain America : The Winter Soldier », Donald Glover joue Aaron Davis dans « Spider-Man : Homecoming » , Jim Rash joue un membre du staff de Tony Stark dans « Avengers : Civil War »…
La série accueillera par ailleurs son nombre de guests stars : Jack Black, Giancarlo Esposito, Nick Kroll, Brie Larson, John Goodman, Levar Burton, Betty White, Nathan Fillion… Tous ces acteurs sont réunis dans un seul et même but : faire de Community une sitcom novatrice mais qui répond aux attentes des producteurs. Se détachant d’un tournage dans un même décor comme dans les sitcoms traditionnelles, la série plante son drapeau au Los Angeles City College pour tourner dans toute l’université (ou presque) pendant les six saisons. Plusieurs épisodes se déroulent même dans d’autres locations que l’école.
La série est disponible sur Netflix depuis le 01/04/20 en France ainsi que sur Prime Video. En espérant que les abonnés aux plateformes et que les fans de séries du monde entier pourront profiter des bienfaits de l’histoire des étudiants du Greendale Community College.
Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Community