Le Louvre-Lens : une simple décentralisation des collections nationales ?

Inauguré en décembre 2012, le Louvre-Lens est le premier établissement de présentation des collections du Louvre en dehors du bassin parisien. Son objectif premier est d’ouvrir à tous l’accès aux collections nationales : ainsi depuis son ouverture plus de 3000 œuvres des collections du Louvre ont été présentées à Lens. En effet, ce musée a la volonté de décentraliser les grands lieux culturels parisiens.

Situé dans cette ville de 30 000 habitants, connue également pour son fameux stade de foot, il vous faudra prendre un train de Lille et compter 25 minutes à pied de la gare pour vous y rendre. Caché au milieu des arbres, le bâtiment contemporain tout de verre se dresse dans cet environnement paisible. 

Pourquoi choisir la ville de Lens ?

Le Louvre Lens incarne une forme d’engagement du ministère de la Culture en région. Ce site n’a pas été choisi au hasard : il est symboliquement installé en plein bassin minier, sur le site de l’ancienne fosse de charbon n°9 des mines de Lens. De ce fait, ce musée décentralisé représente une nouveauté pour le bassin minier et il s’engage pour un renouvellement économique et social du territoire grâce à la culture. L’objectif est de donner un nouvel élan au nord de la France qui a connu une période de crise après l’arrêt de l’exploitation intensive des mines à la fin du XXe siècle.

La muséographie : une nouvelle manière d’appréhender les œuvres d’art.

En tant qu’étudiante à l’École du Louvre il est important de se questionner sur la muséographie d’un musée, la mise en valeur des œuvres d’art, l’appréhension de ces dernières face aux spectateurs, la clareté des informations… Le Louvre Lens s’oppose au Louvre de Paris par sa muséologie qui se fait en suivant la temporalité et non par départements distinguant toutes les cultures et les civilisations. Une frise chronologique vous suit tout au long de votre visite de la Galerie du temps qui représente le cœur du musée : c’est la seule galerie du Louvre Lens qui possède également un espace dédié aux expositions temporaires.

Cette approche transversale permet d’aborder des chefs-d’œuvre du IVe millénaire avant notre ère jusqu’au milieu du XIXe siècle. La Galerie propose un parcours complet à travers l’histoire de l’art et de l’humanité : son cheminement permet d’apprécier les collections du Louvre de manière inédite et originale. La Galerie du temps (qui porte d’ailleurs bien son nom !) expose plus de 200 œuvres phares du musée du Louvre.

En effet, la muséographie surprend par sa simplicité et sa sobriété : les œuvres présentées dans leurs boîtes de verre donnent l’impression de flotter ; le temps semble s’être figé. Les visiteurs errent entre les divers aires géographiques et civilisations dans le silence. Les sarcophages d’Égypte côtoient les kouros de la Grèce antique qui cohabitent avec les céramiques islamiques. Cette disposition révèle toutes les influences et les apports des différentes cultures entre elles : les techniques, les matériaux, les formes… Ces éléments sont sensiblement repris offrant un rendu unique, ce que ne propose pas le Louvre de Paris. En effet celui-ci est composé de huit départements tels que ceux d’Orient, de Grèce, d’Islam ou d’Égypte…

Le fait de confronter l’art du monde entier à partir de l’Antiquité jusqu’aux temps modernes est vertigineux : le visiteur passe de 3 500 avant J.-C au XVIIIe siècle en moins de 2h ! Le parti pris de cette exposition a pu se faire grâce à la quantité moins importante d’œuvres d’art par rapport à celles du Louvre de Paris.

Une réflexion muséographique sur les musées de demain ?

Le Louvre Lens offre une véritable réflexion sur la muséologie en générale. Le Louvre Abu Dhabi a opté pour cette même solution d’accrochage : il offre des connexions entre des civilisations et des cultures qui semblent pourtant éloignées dans le temps et l’espace. Est-ce désormais le mode d’approche privilégié pour les musées de demain ? Pourtant les plus grands musées du monde comme le MoMa de New York, l’Ermitage de Saint Pétersbourg ou bien le Prado à Madrid, restent quant à eux positionnés sur une muséographie chrono-thématique.

Par conséquent, le Louvre Lens n’a pas seulement comme statut d’être une extension du musée du Louvre de Paris : ses objectifs sont multiples et sont d’ordre culturel, politique, social, économique et éducatif. Il participe à la réflexion des musées de demain en rendant l’accès à la culture plus facile pour tous.