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“It’s in the trees, it’s coming !” Hounds of Love: le récit du chef d’œuvre de Kate Bush

Hounds of Love, l’album phare de Kate Bush, est parvenu à créer l’exploit : concilier la commercialité et le succès avec les excentricités de son auteure qui rendent son œuvre unique. Sorti le 20 septembre 1985, l’album qui va fêter ses 36 ans a eu depuis un héritage important. Idolâtré par ses contemporains comme Tori Amos, Fiona Apple et bien d’autres, Bush livre plusieurs de ses chansons les plus connues comme « Running Up That Hill (A Deal With God) », « Hounds of Love » ou encore « Cloudbusting ». 

Après trois albums, Kate Bush produit enfin son premier album toute seule. The Dreaming sort en 1982 mais déçoit commercialement. Enregistré pendant 2 ans dans différents studios de Londres comme Abbey Road Studios, l’album est plus expérimental que ses prédécesseurs. Profitant de sa liberté créative, elle utilise différentes techniques de productions et mélange plusieurs styles musicaux alors qu’elle adopte le synthétiseur Fairlight CMI et l’utilise allègrement. De tout ça sort un album qui, malgré la déception des critiques, parvient au numéro 3 des charts britannique et influence de nombreux artistes comme Björk. Bush déclare d’ailleurs : « Qu’un disque non commercial entre directement à la troisième place des charts me semble ironique. »

Malgré tout, Bush se met à travailler sur son cinquième album et pour l’occasion, se fait construire un studio à proximité de sa maison afin d’y passer autant de temps que nécessaire sans entraîner les coûts que nécessitaient la location des studios pour The Dreaming. Tranquille et entourée par la verdure, cela inspire Bush et contribue à donner une certaine élémentarité à son œuvre (« The Big Sky », « Hello Earth », « Under Ice », …).

Toujours armée de son synthétiseur Fairlight CMI, Bush écrit tous les arrangements et les chansons de l’album qu’elle enregistre avec ses musiciens habituels, comme son frère, le multi-instrumentaliste Paddy Bush, qui joue entre autres de la balalaika sur « Running Up That Hill » ou du didgeridoo sur « The Big Sky ». A cela viennent s’ajouter des sons improbables comme des fréquences radio dans « And Dream Of Sheep » ou des sons de baleines dans « Waking The Witch ».

L’album devient un grand succès artistique et commercial. Il se place en tête des charts au Royaume-Uni, où il bat le classique Like A Virgin de Madonna, et dans le top 10 dans toute l’Europe. Trois des singles de l’album parviennent aussi dans le top 20 au Royaume-Uni avec notamment « Running Up That Hill » qui obtient la troisième place du classement et devient un de ses plus grands succès.

La chanson est une ode à une meilleur compréhension entre les sexes qui se matérialise à travers cet « accord avec Dieu » d’échange des places. Cela devait d’ailleurs être le titre de la chanson mais la maison de disque avait peur d’offenser les pays plus religieux. Fidèle à sa vision, Bush a insisté pour que le sous-titre reste. Première des chansons écrites pour l’album, elle insiste aussi pour que le titre soit le premier single à sortir, représentant le mieux l’album à son avis. Ce pari est réussi avec le succès que connaîtra la chanson qui influencera beaucoup d’artistes et sera reprise par Placebo en 2003. Cette chanson sera aussi une des rares à être jouée en public lors du Secret Policeman’s Third Ball en 1987 accompagné de David Gilmour à la guitare. Concentrée sur l’enregistrement, Bush ne fait pas de tournée depuis 1980 et n’en fera pas avant 2016.

Le concept de l’album intrigue tout de même. Après une Face A (Hounds of Love) remplie de chansons à succès, la Face B (The Ninth Wave) présente une suite musicale racontant l’histoire d’une femme perdue en mer et traverse plusieurs genres ; de la science-fiction à l’horreur en passant par le folklore. Ce qui ressort de ces deux faces sont deux thèmes différents. Bush déclarera : « Pour moi ce sont vraiment deux pièces séparées. La face A, ce sont 5 morceaux individuels, qui sont peut-être d’une certaine façon liés par le thème de l’amour, mais plutôt individuels de mon point de vue. La face B est une sorte de concept, 7 titres qui sont liés les uns aux autres ».

Comme le reste de l’œuvre de Bush, les inspirations littéraires parsèment l’album. « Cloudbusting » est inspirée d’un roman de Peter Reich, le titre The Ninth Wave provient d’un poème du mythe arthurien tandis qu’un extrait de film peut être entendu au début de « Hounds of Love ». Découvrez donc les inspirations de Bush plus en détail avec l’article d’Elisa Mayor à sortir samedi !