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Chaumont-sur-Loire : entre vieilles pierres, modernité et nature

Figure 1 Le château de Chaumont-sur-Loire © Salomé Legrand

Acheté par la Région Centre Val de Loire en 2007, le domaine régional de Chaumont-sur-Loire est connu aujourd’hui, certes pour son château, mais avant tout pour le Festival International des Jardins qui s’y tient tous les ans entre les mois d’avril et de novembre, sur le domaine de 21 hectares.

Le domaine est passé dans les mains d’illustres propriétaires comme Catherine de Médicis, Diane de Poitiers et plus récemment la famille de Broglie. Cette large période se retrouve dans l’aspect du château qui garde des éléments du XVe au XIXe siècle.

La particularité du château, de son parc et des différents corps de bâtiments réside dans les œuvres qui y sont visibles : c’est à l’intérieur que le contraste entre le mobilier d’époque et les installations contemporaines est le plus marquant, mais ces œuvres peuplent également les espaces extérieurs, les écuries et les bâtiments de la ferme. De plus, tous les ans une partie du jardin accueille de nouvelles créations végétales d’artistes de toutes les origines, réalisées selon un thème défini par le domaine. Celui de l’année 2021 s’intitule « biomimétisme au jardin » et invite les jardiniers à montrer comment la nature inspire les créations de l’Homme, de façon esthétique mais aussi pratique.


Figure 2 Les Phénomènes de Jean Dubuffet © Salomé Legrand

Depuis le début de la saison 2021, un grand ensemble de lithographies de Jean Dubuffet sont exposées dans deux salles du château : ces estampes appartiennent à la série des Phénomènes et reproduisent directement les textures d’éléments que l’artiste trouvait dans son environnement, comme des poussières ou des feuilles d’arbre. Les motifs créés sont abstraits et répétitifs et leur exposition dans un simple cadre de bois orne joliment les murs de pierre du château.


Figure 3 Oeuvre issue de L’arbre au corps de Fabien Mérelle © Salomé Legrand

Nombreuses également sont les œuvres contemporaines exposées dans les corps de bâtiment de la cour de la ferme, notamment une grande installation murale de El Anatsui. Au sous-sol, dans une cour dérobée qui porte le nom d’Agnès Varda, une galerie met en avant une dizaine d’œuvres de l’artiste Fabien Mérelle sous le nom de L’arbre au corps. Ces œuvres à l’encre noire et à l’aquarelle représentent pour beaucoup de la végétation, mais également l’artiste lui-même sur un imposant fond blanc ; Fabien Mérelle nous invite à imaginer le reste.

Figure 4 « Le jardin rayonné » © Salomé Legrand

Dans les jardins, une des installations qui rend compte le plus explicitement de l’inspiration de la nature est la parcelle intitulée « le jardin rayonné » : l’Atelier B&GR y fait un clin d’œil à l’abeille et ses compétences en organisation. Chaque forme rappelle les alvéoles d’une ruche et, chose étonnante, des bibliothèques sont présentes au milieu de la végétation.

Figure 5 « Le jardin camouflé » © Salomé Legrand

C’est ensuite le « jardin camouflage » qui a retenu mon attention : en arrivant dans le petit jardin clos, on aperçoit seulement de la végétation. En s’avançant et en habituant son œil, on découvre dans l’œuvre de Dominika Gabrielle une structure miroitante qui reflète son environnement. Elle s’inscrit dans le thème en puisant son inspiration chez des animaux comme le caméléon qui se fondent dans leur habitat. Au centre de la structure se cache une terrasse qui permet de se reposer et de contempler la verdure qui l’entoure.

En tant qu’étudiante en histoire de l’art qui a l’habitude de côtoyer les expositions, il est vrai que je trouve la démarche artistique contemporaine difficile à appréhender. Malgré cela le pari du château de mélanger les œuvres est réussi, le cadre historique magnifie les créations contemporaines qui marquent souvent le visiteur par leur taille. De plus, des cartels explicatifs bilingues sont placés de façon ostentatoire sans dénaturer les œuvres pour permettre une meilleure accessibilité à l’art, qu’accompagne par ailleurs d’un dépliant remis à l’entrée du domaine.

Figure 6 La cour de la ferme du domaine de Chaumont-sur-Loire © Salomé Legrand

Concernant les jardins, le côté contemporain est atténué par le fait qu’il s’agisse d’une parcelle végétale dans laquelle la création se fait à partir de matériaux naturels. Les végétaux utilisés impressionnent par leurs couleurs, leur taille ou par leur aspect peu commun. Chaque parcelle est également dotée d’un cartel explicatif à l’entrée qui explicite la thématique choisie par les créateurs.

Le domaine de Chaumont-sur-Loire allie intérieurs et extérieurs, différentes époques et divers média artistiques dans un cadre agréable au bord de la Loire. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges, le prix est raisonnable d’autant plus que l’on peut facilement passer la journée à explorer le parc dans lequel il est possible pique-niquer ! Si vous êtes de passage dans la Vallée de la Loire pour quelques jours, n’hésitez pas à visiter le domaine de Chaumont-sur-Loire, qui est par ailleurs accessible facilement en train.