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Fin des rapatriements d’Afghanistan par la France ce jeudi 26 août

Le Premier Ministre Jean Castex a confirmé ce jour, jeudi 26 août, la fin des rapatriements d’Afghanistan vers la France, allant contre un mouvement de mobilisation demandant l’extension de ce délai, option déjà refusée par les Talibans.

Point sur la situation

Les Talibans, considérés comme un groupe armé violent, étaient au pouvoir en Afghanistan de 1996 à 2001, date à laquelle les Américains, sous la présidence de George W. Bush se sont impliqués dans les affaires du pays. Cela fit suite à l’attaque terroriste sur les Tours Jumelles (World Trade Center) à New York du 11 septembre 2001, revendiqué par le groupe terroriste Al Qaeda, abrité en Afghanistan par les Talibans, que les Américains ont décidé d’envoyer des troupes en renfort de l’armée afghane.

Le 29 février 2020 avaient été signés les accords de Doha, entre les États-Unis et les Talibans, pour organiser le retrait des troupes américaines du territoire afghan sans violence de la part des Talibans. Alors président, Donald Trump avait annoncé le retrait des troupes américaines du territoire afghan, ce qu’a mis en œuvre l’administration actuelle de Joe Biden. Ce retrait doit être effectif le 31 août prochain.

Carte du Moyen-Orient

Ainsi, depuis le 22 juin, les Talibans ont rapidement repris contrôle du territoire afghan, jusqu’à prendre la capital du pays, Kaboul, le 14 août.

Dès lors, des milliers de ressortissants afghans et de ressortissants étrangers présents en Afghanistan, ont tenté de fuir le pays, comme l’ont montré différentes vidéos prises à l’aéroport de Kaboul. Cependant, les vols commerciaux ont rapidement été fermés.

Ainsi, des « ponts aériens » ont été mis en place par les différents États, dont les États-Unis et la France, afin de rapatrier nationaux et afghans.

L’annonce étasunienne

Joe Biden a par la suite annoncé la fermeture de son pont aérien le 31 août. Or, ce sont les Américains qui contrôlent l’aéroport de Kaboul.

En conséquence, la France a annoncé rapidement que son opération de rapatriement devrait, par souci logistique, se terminer le 26 août. Notamment parce que le planning de l’opération « Apagan » qui organise un pont aérien entre Kaboul et Paris, via la base aérienne française 104 d’Al Dhafr qui se trouve à Abou Dhabi doit permettre « que les dernières évacuations puissent avoir lieu via Abou Dhabi jusqu’à Paris. » a annoncé Clément Beaune, secrétaire d’État aux affaires européennes.

Réussite de l’opération, ou fin trop hâtive ?

L’ensemble de l’agenda dépend donc des Américains. Joe Biden avait annoncé la possibilité de prolonger au delà du mois d’août le pont aérien, avant de se rétracter. Pour lui, cette date est de nature à permettre le rapatriement de tous les Américains présents sur le territoire afghan. C’est surtout que les Talibans ont répondu par la négative à cette demande de report, mettant en jeu l’un des enjeux cruciaux des accords de Doha : Suhail Shaheen, porte parole des Talibans, a déclaré que les Américains s’exposaient à des « conséquences » s’ils ne respectaient pas la date de départ prévue,  vue comme « une ligne rouge », a affirmé le porte-parole, ajoutant que si les Etats-Unis prolongeaient leur présence, « cela signifie qu’ils prolongent l’occupation, alors que ce n’est pas nécessaire ». Au total depuis le 14 août dernier, ce sont 58.700 personnes que les États-Unis ont permis d’évacuer.

Même question, même réponse pour les pays européens qui ont estimé que l’agenda ne leur permettrait pas de rapatrier tous leurs nationaux :  « Si les Etats-Unis ou le Royaume-Uni demandent davantage de temps pour poursuivre les évacuations, la réponse est non. Ou il y aura des conséquences », a rétorqué Shaheen. Cet ultimatum n’a pas été sans susciter des craintes en France comme chez nos voisins allemands et espagnols, par exemple. Pour Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères, le délai du 31 août est tout à fait insuffisant. En Espagne, la ministre de la Défense Margarita Robles a affirmé que ce délai était trop court, tout en avertissant que la violence des Taliban augmentait.

Si tout a été fait ces derniers jours et cette dernière semaine, par exemple en date du 25 août, les États-Unis ont évacué plus de 26.000 personnes d’Afghanistan, dont 4.400 citoyens américains, d’autres rares nationalités encore présentes, et plus de 21.000 Afghans, et les 57 autres pays ont réussi à transporter environs 9.000 personnes en une journée, dont 1.500 afghans à Paris, et une centaine d’expatriés français.

Pour autant, comme prévu, cet agenda n’a pas été, et ne sera pas de nature à évacuer tous ceux et toutes celles qui en ont besoin.

Le régime Taliban est en effet un régime d’oppression, qui nie et bafoue les droits humains, les droits des femmes, des LGBT, et de toutes celles et ceux qui s’opposent à l’absolutisme et à l’obscurantisme. C’est aussi un régime qui s’oppose à toute justice équitable et impartiale, qui pratique la peine de mort et les exécutions publiques, et impose plus généralement, une loi religieuse extrémiste et parfaitement littérale.

Dès lors, les personnes qui demandent à être évacuées sont très nombreuses, notamment chez les femmes, en particulier celles qui se sont opposées aux Talibans, ou occupent des fonctions interdites par leur doctrine. Ou encore des hommes et des femmes qui ont collaboré de différentes manières avec les occidentaux, ou finalement des universitaires, que menace le régime.

Ainsi, Amnesty International, association de défense des droits humains et politiques, a appelé à ne pas céder à l’ultimatum lancé par les Talibans, et à continuer le rapatriement tant des nationaux occidentaux, que des afghans. De la même manière, un collectif de chercheurs français spécialistes de l’Afghanistan a appelé ce jour par une tribune parue dans le journal « Le Monde », à prolonger les rapatriements et à « accorder des crédits supplémentaires aux programmes d’accueil des étudiants et des universitaires en exil ». Il est estimé qu’en vérité, parmi les demandes d’asile pour motif et de rapatriements, un chiffre dérisoire aurait été traité. Car rien, aujourd’hui, ne permet de garantir que ces personnes pourront rentrer en Europe après la fermeture du pont aérien, laissant craindre pour leur sécurité.

Pour aller plus loin :

Vidéo Youtube de HugoDécrypte sur la situation en Afghanistan