Biélorussie : 11 ans de prison ferme pour Maria Kolesnikova, opposante au régime
Musicienne et femme politique biélorusse, membre du parti d’opposition au Président Loukachenko, elle avait résisté à une tentative d’expulsion de son pays. Elle vient d’écoper de onze ans de prison ferme.
Les faits
Maria Kolesnikova avait, avec son avocat Maxime Znak, travaillé pour la candidate à l’opposition Sveltana Tikhanovskaïa. Les autorités avaient tenté, en septembre 2020, de l’expulser de Biélorussie, tentative à laquelle elle avait étonnamment résisté, en passant par la fenêtre d’une voiture et déchirant son passeport.
Elle avait été incarcérée à la suite de cet acte de résistance, et le 6 septembre, elle a été condamnée à 11 ans de prison ferme pour « complot visant à s’emparer du pouvoir », « appels à des actions portant atteinte à la sécurité nationale » et « création d’une formation extrémiste ». Son avocat a lui écopé de 10 ans de prison ferme.
Un régime de plus en plus autoritaire
C’est qu’il ne fait pas bon être un.e opposant.e politique en Biélorussie. À l’instar de sa voisine et soutien la Russie, les opposant.e.s y sont aisément torturé.e.s, exilé.e.s, condamné.e.s injustement de peine d’emprisonnement.
Le 23 mai dernier, un événement inédit avait d’ailleurs eu lieu, puisque la Biélorussie avait prétexté une alerte à la bombe pour détourner un vol commercial à destination de Vilnius. Ce détournement n’avait en vérité pour seul but que d’arrêter Roman Protassevitch, blogueur et activiste opposant à Loukatchenko.
Le 19 février, deux journalistes travaillant pour une chaine d’opposition avaient elles aussi été condamnées à une peine d’emprisonnement, de deux ans, parce qu’elles avaient couvert le mouvement de protestation contre le Président.
La répression est la règle en Biélorussie. Elle s’intensifie même, dans le but de faire taire à terme, toute contestation au régime autoritaire et liberticide de Loukachenko. L’association biélorusse de défense des droits humains recense aujourd’hui 370 prisonniers politiques.
Une condamnation occidentale, le soutien de Poutine
Sans surprise, les réactions occidentales à cette peine diffèrent selon qu’elles viennent des pays de l’Union Européenne et des États-Unis, ou bien encore de la Russie.
Déjà depuis le détournement du vol de Ryanair, l’Union Européenne avait réfléchi à des sanctions contre Loukachenko. En septembre 2020, Berlin et Londres avaient par ailleurs exigé de savoir où se trouvait Maria Kolesnikova.
Les ONG de défense des droits humains se sont aussi exprimées face à l’arrestation et à la condamnation de Kolesnikova. Amnesty International a par exemple souligné le courage de l’opposante d’avoir refusé l’exil en soutien à ses ami.e.s détenu.e.s par le régime. Au contraire, Vladimir Poutine a plusieurs fois affiché son soutien à Loukachenko, utilisant lui aussi des méthodes similaires, comme par exemple avec l’opposant Alexei Navalny, victime d’une tentative d’empoisonnement puis condamné à une peine d’emprisonnement ferme. Poutine et Loukachenko doivent par ailleurs se rencontrer dans les jours qui viennent.
Sources :