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Littérature

Une touche de bleu : un shojo novateur

Bienvenue pour ce nouveau rendez-vous hebdomadaire dans lequel nous parlerons manga !

Aujourd’hui, nous nous pencherons sur un superbe manga, Une touche de bleu par Nozomi Suzuki, paru aux éditions Glénat ! Il m’a été recommandé par un vendeur passionné dans une librairie spécialisée en manga et littérature japonaise à Paris, Le Renard Doré.

Attirée par le plot et ayant besoin de douceur en ce moment, c’est tout naturellement que je me suis tournée vers cette pépite de ce début d’année… Et j’ai bien fait car je me suis régalée, et voici pourquoi :

Synopsis :

L’histoire suit le quotidien d’une jeune fille, Ruriko Aoyama, qui vit avec un naevus d’Ota depuis sa naissance, qui prend la forme une tache bleue sur son visage, à la hauteur de son œil droit. Alors qu’elle entre en classe de première, son professeur principal qui enseigne pour la première fois, monsieur Kanda, la dévisage étrangement. Habituée aux regards confus de son entourage, elle n’y prête pas attention jusqu’à-ce qu’elle découvre le carnet de son professeur dans lequel il a noté méticuleusement les caractéristiques physiques reconnaissables de ses élèves. Sauf que lorsque son nom apparait dans la liste, il n’y a rien d’écrit. Après avoir confronté monsieur Kanda à ce sujet, il lui avoue souffrir de prosopagnosie, une maladie qui l’empêche d’individualiser les visages. La tache de Ruriko apparait alors comme un repère dans cet univers où tout le monde se ressemble….

Impressions :

Avant d’avoir lu ce manga, je ne connaissais pas ce trouble dont souffre monsieur Kanda et étant incapable de le visualiser dans mon esprit, je trouve que sa restitution est merveilleusement bien faite dans le manga. Les transitions de points de vue (de Ruriko à Kanda notamment) sont très bien ficelées, de sorte à ne pas perdre le lecteur ; là où elles pourraient rendre le récit flou, elles le fluidifient et le rendent d’autant plus lisible. Elles permettent ainsi de sublimer la narration en rendant compte d’un point de vue tantôt omniscient, tantôt interne. L’autrice accompagne son lecteur en douceur pour le mettre à la place d’un personnage complexe et difficile à comprendre. Ça m’a plu !

Ce manga se démarque notamment par le fait qu’il aborde une thématique assez rarement exploitée et plutôt taboue dans la société japonaise qui est celle de la déscolarisation. Et effectivement, alors que l’on a plus souvent tendance à être confronté à de la littérature qui diabolise la déscolarisation ou qui l’associe forcément à une expérience péjorative et douloureuse, Une touche de bleu est un réel bol d’air frais. Elle me semble être ici une vraie pause salvatrice dans le parcours scolaire des enfants concernés, un vrai moment de bien-être exempt de toute contrariété. D’ailleurs, le chapitre qui lui est consacré s’intitule « un lieu où on se sent chez soi ». Je trouve ça particulièrement agréable à lire, d’autant plus que la manière dont le sujet est traité lui confère au final, une dimension très saine par rapport aux préjugés que l’on peut avoir sur la déscolarisation.

En somme, j’ai beaucoup apprécié ce manga, qui rend compte de manière très juste la difficulté de grandir dans un environnement où l’on souffre de sa différence à la fois d’un point de vue d’adolescent mais également de jeune adulte. Mettre en parallèle ces deux ressentis est très pertinent et en tant que jeune lectrice de vingt-et-un ans, j’apprécie tout particulièrement la démarche.

Conclusion :

Laissez-vous tenter par la tendresse de ce manga que j’ai personnellement énormément aimé. La lecture est salvatrice en ces temps confus et confinés et j’ai réussi à trouver en ce manga le sentiment que j’espère ressentir pendant la lecture de chaque bouquin que j’achète en ce moment : l’impression d’un doux rêve sans Covid-19 !

La sortie du Tome 2 est prévue très prochainement, le 17 mars plus précisément !

Merci encore au vendeur super gentil de la librairie,

Belle lecture,

Lise